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Rachid Taha effacerait les frontières de l'Europe d'un coup de gomme (si elles n'avaient pas été tracées à l'encre).

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Le Puy de Babel

Rachid Taha était à Clermont-Ferrand vendredi dernier pour le festival Europavox. Il a fait son entrée. Est reparti. Son manager l'a pris par la main pour le hisser jusqu'au micro. Du Christ il semble bien n'avoir gardé que le sang. Il avait dit, il y a quelque semaine, que peut-être il partagerait la scène avec son "vieux pote" Gaëtan Roussel. Ensemble ils ont joué "Bonjour" mais l'ancien chanteur de Louise Attaque ne fût pas la seule surprise de la soirée.

 Rachid Taha a ouvert son concert en redisant son amour pour Alexandre Vialatte (qu'il a appelé Jacques sous l'emprise de sa bouteille de Volvic). Il lance un "Inch Allah !" , en référence aux chroniques que l'écrivain publiait dans le quotidien régional auvergnat et qu'il concluait chaque fois, sans lien aucun avec son sujet, par sa fameuse "Et c'est ainsi qu'Allah est grand."Le festival Europavox a été créé, en Auvergne, par François Missonnier, également créateur du festival parisien Rock en Seine. L'idée d'Europavox est d'inviter des groupes venus de toute l'Europe à se produire en Auvergne. S'il ne l'a pas rappelé durant son concert, Rachid Taha n'en est pas moins un fervent défenseur de l'idée d'Europe. Pour lui, "l'Europe c'est le monde. C'est une région du monde [qu'il] aime bien, où l'on trouve toutes les religions, toutes les tendances. On essaie d'y effacer les frontières. SI elles avaient été dessinées au crayon, elles seraient déjà effacées d'un coup de gomme. Mais elles ont été tracées à l'encre alors c'est plus difficile."Si inviter un musicien anglais, fondateur de The Clash est un acte européen, alors Rachid Taha l'est bel et bien. Après l'intervention de Gaëtan Roussel, Mick Jones a accompagné notre chanteur en toute complicité. Il a été jusqu'à prendre les devants et couper la parole de la tête d'affiche en interprétant un "Should I stay or should I go" qui a su montrer que le tube de The Clash était loin d'être has been.Rachid Taha, généreux, a partagé la scène de la Coopérative de mai sans prétention. Profondément respectueux du public clermontois, il raille celui de Bercy. Sur Ya Rayah, il aperçoit des garçons dans la fosse qui imitent le geste des violonistes. Il se marre. il adore et fait mettre tout le public en lumière pour que tout le monde "fasse le violon". Rachid Taha était venu défendre son dernier album "Bonjour". Il l'a fait en interprétant son tube avec Gaëtan Roussel mais il était là avant tout pour partager avec son public qu'il adore et qu'il tutoie.Pour Rachid Taha, ses concert sont "des oasis dans le désert". Celui-ci a étanché la soif de ceux qui l'attendaient. On aurait aimé que "son vieux pote" fasse de même mais sa voix nasillarde unique ne correspondrait plus au style trop propre dans lequel il vient de se lancer.

Céline Lemaire