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Quand la politique donne des leçons

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Même si le terrorisme représente une réelle menace, elle ne peut servir d'excuse aux hommes politiques pour faire ce qu’ils veulent.

« L’amour et la guerre justifient tout. » Cette maxime semble s’appliquer aux politiques en ce qui concerne le terrorisme. Mais c’est pour parvenir à d’autres fins que les politiciens utilisent maintenant les actes terroristes et la peur qu’ils engendrent. Les Russes se protègent de toute interférence étrangère dans le conflit tchétchène en lui apposant la marque de « combat contre le terrorisme ». Le gouvernement Bush, lui aussi, a justifié les guerres en Irak en les remettant dans le contexte de la guerre contre le terrorisme. Cette guerre lui a même permis de faire passer le « Patriot Act » dans la mouvance qui a suivi le 11 septembre. Cette loi, si controversée comme les propositions anti-terroristes de l’UE, inclut des mesures qui ont peu de choses en commun avec la lutte contre le terrorisme. Statewatch, une organisation chargée de garantir les libertés civiles au sein de l’UE, avance que 27 des 57 propositions faites par l’UE juste après les attentats de Madrid ne traitent pas de la lutte contre le terrorisme mais qu’elles parlent des délits en général et de leur surveillance.

L’art de rebondir sur le terrorisme

Les choses sont pires au niveau national. Une loi qui a été récemment votée en Grande-Bretagne autorise la police à détenir un suspect en prison sans aucun jugement. Ceci n’est évidemment pas utile uniquement dans la lutte contre le terrorisme, mais semble aussi très pratique dès que le gouvernement veut retenir quelqu’un sans trop l’ébruiter. Le leader de l’opposition, Michael Howard, a déclaré que cela revenait à « utiliser la sécurité nationale pour marquer des points auprès de l’électorat ». Mais ceci ne reste pas cantonné au Royaume-Uni. Aux Pays-Bas, les politiciens ont commencé à utiliser le terme de « terrorisme de rue » pour gagner le soutien populaire à des mesures drastiques visant à limiter les vols et le vandalisme. Les hommes politiques ont compris que l’argument anti-terroriste a la vertu de balayer l’hésitation que les gens pourraient avoir face aux restrictions de leurs libertés civiles.

La faute à qui ?

Cependant, l’utilisation du terrorisme à des fins politiques présente de grands risques. La preuve en a été faite après les attaques de Madrid en mars dernier. Les attaques mortelles ont eu lieu seulement quelques jours avant les élections législatives en Espagne. Le gouvernement de le chef du gouvernement de l’époque, José Maria Aznar, avait accusé le groupe terroriste basque ETA. Par la suite, il est apparu que ce n’était pas l’ETA qui se cachait derrière ces attentats, mais bien un groupe d’extrémistes islamiques. Les efforts du gouvernement espagnol pour convaincre les gens du contraire ont été perçus comme une tentative de déformation de la vérité à des fins politiques. L’envoi impopulaire de troupes en Irak organisé par Aznar a constitué une raison suffisante pour pousser les extrémistes islamistes à perpétrer ces attaques. Ainsi, on a cru qu’Aznar avait délibérément stigmatisé l’ETA. L’indignation populaire engendrée par cette manipulation avérée a grandement contribué à la défaite d’Aznar lors des élections qui avaient lieu 3 jours plus tard. Les Espagnols n’étaient pas les seuls en colère. L’Espagne avait réussi à persuader les membres du Conseil de sécurité de l’Onu de voter la résolution 1530, qui déclarait que « le Conseil de Sécurité condamne les attaques à la bombe de Madrid en Espagne, perpétrées par les groupe terroriste ETA » et s’est trouvé gêné lorsque les preuves indiquaient le contraire. Les partenaires européens de l’Espagne étaient tout aussi en colère car le gouvernement espagnol les avaient mis dans une situation périlleuse en n’identifiant pas les vrais coupables. Comme l’a dit le Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan : « Je crois que nous avons tous une leçon a en tirer »

Observe et apprends

La leçon à tirer serait sûrement que le terrorisme est un sujet beaucoup trop sensible pour être utilisé à des fins politiques, que ce soit pour booster un programme politique ou pour éviter d’être tenu pour responsable de laisser entrer des attaques terroristes. D’aucuns ont avancé que ce serait une bonne idée de dépolitiser le problème du terrorisme autant que possible, par exemple en confiant la responsabilité de la lutte à des organisations supra-nationales comme l’ONU ou l’UE. Bien sûr, des observateurs indépendants contrôleraient ces organisation et les moyens engagés dans la lutte contre le terrorisme. Cette double approche empêcheraient les gouvernements d’utiliser la lutte contre le terrorisme comme couverture pour implanter des mesures qui visent beaucoup plus loin, et de déformer les faits pour protéger leur vie politique. A cet effet, l’UE a nommé le « tsar du terrorisme »en la personne du néerlandais Gijs de Vries. Mais ses responsabilités sont limitées. Si les Etats membres de l’UE devaient tirer des leçons des attentats de Madrid, ils seraient tentés d’élargir la responsabilité limitée de l’UE sur le problème du terrorisme. Quelqu’un comme De Vries devrait aussi vérifier les législations proposées par l’UE pour contrer le terrorisme. A la lumière de la controverse politique qu’a suscité ces attaques, il semble pourtant probable que de Vries subira les destin qui lui avait été prédit par le député européen belge Gérard Déprez, c’est à dire qu’il serait « plus un souffre-douleur qu’un roi souverain.»

Translated from Learning the political lesson