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Quand Ayrault met les deux pieds dans le même sabot

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Tour de babelCulture

Avez-vous déjà essayé de mettre vos deux pieds dans la même chaussure ou le même sabot ? Pas facile de marcher comme ça… Jean-Marc Ayrault, Premier ministre français à défaut, pour certains, d’incarner la fonction, symbolise bien l’expression.

Fini, le rêve français, place à la rigueur. Enserré entre les promesses sociales d’Hollande et les réalités économiques de l’Europe, c’est dire que le Premier ministre français était embarrassé à l’occasion de son discours de politique générale le mercredi 4 juillet dernier. « L’époque ne se prête pas aux numéros de claquettes », selon les mots de Jean Marc Ayrault. Et pour cause, il a plutôt opté pour les sabots.

Mettez vos deux pieds dedans et … voyez par vous-même, c’est la gamelle assurée. Eh oui, ne pas pouvoir mettre un pied devant l’autre, ce n’est pas très pratique et la situation devient vite embarrassante, à moins d’être un très bon équilibriste ou de rester parfaitement immobile… Entre belle étoile sociale et ciment économique, quel choix difficile ! Le Premier ministre français a bien essayé, mais sa prestation en a laissée plus d’un sceptique.

L’expression anglaise « To have one’s hand tied » (« avoir les mains ligotées ») se rapproche de l’idiome français (« Etre pieds et poing liés »). Illustration ? Entre rigueur et croissance, la situation de J.M. Ayrault n’était pas très commode. Il faut dire qu’il se fixe des défis de taille : comment est-il possible d’annoncer l’austérité sans même employer le mot ? En italien on dirait « era tra l’incudine e il martello » tout comme en polonais « znaleźć się pomiędzy młotem a kowadłem » (« il était entre l’enclume et le marteau ») pour signifier que la personne est coincée entre deux alternatives. Cela s’applique parfaitement au Premier ministre dans le sens où il veut affirmer son rôle (l’enclume) mais en même temps rester fidèle au président Hollande (ici le marteau). On retrouve d’ailleurs la même idée en espagnol avec l’expression « estar entre la espada y la pared » (« être entre l’épée et le mur»). Alors Jean-Marc, héraut de l’immobilisme ?

Caricature : © Henning Studte