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Projet de gazoduc : vers une Union énergétique ?

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Default profile picture Florian PLATEL

Pour la première fois, la Pologne et les pays Baltes ont signé un accord historique pour la construction d’un gazoduc afin de réduire l’importante dépendance d’énergie en provenance de Russie. Cet accord a été vécu comme une étape majeure vers l’Union Européenne de l'énergie proclamée par Juncker lors de sa prise de poste en tant que responsable de la Commission.

Le Président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a attesté l’adoption de cet important accord sur le GIPL (Gas Interconnector Poland – Lithuania / Interconnecteur de gaz Pologne – Lithuanie) entre les acteurs du marché en Lithuanie, Lettonie, Estonie et Pologne. "Aujourd’hui nous avons fait bien plus que de mettre un terme à l’isolement énergétique des pays Baltes. Nous avons fait franchir ensemble un cap à cette région. Aujourd’hui nous avons trouvé un accord sur une infrastructure européenne qui va nous rapprocher plutôt que nous éloigner." a déclaré Juncker. Madame le Premier Ministre polonais, Ewa Kopacz, de déclarer "Je n’exagère pas en disant que c’est un moment historique. La Pologne a accompli un objectif très important dans sa stratégie. Nous devenons indépendants en approvisionnement de gaz." Cependant, l’histoire ne semble pas être aussi belle qu’elle y paraît pour la Pologne. Selon South Front, le seul et unique fournisseur, à cause de l’implication du Qatar dans le contrat, le prix que la Pologne va payer est beaucoup plus élevé que ce qu’elle payait précédemment à la Russie. "Le prix proposé par le Qatar est 2 fois et demi plus élevé que ce nous offrait la Russie – respectivement 700 et 265 dollars pour mille mètres cube, d’après ce que nous dit Anna Kokoreva, analyste chez Alpari", a ainsi reporté South Front. Néanmoins, Moscou va tout de même voir sa sphère d’influence se réduire de manière significative dans les régions d’Europe de l’Est, étant donné que sa mauvaise manie d’utiliser son gaz naturel comme moyen de pression n’aura dorénavant plus trop de sens.

Selon le Financial Times, en pratique, les travaux d’infrastructure commenceront l’année prochaine et devraient se terminer en 2019. Les 534kms de pipeline GIPL s’étendront entre Rembelszczyzna, en Pologne, et Jauniunai, en Lituanie. La capacité annuelle du pipeline est estimé à 2.5 milliards de mètres cube, avec la possibilité de passer à 4 milliards. Son coût total est de 558 millions d’euros, il sera pris en charge par les Pays baltes et un investissement privé ainsi que par la Commission, sous l’égide de la CEF (Connecting Europe Facility, organisme servant à soutenir les travaux d’infrastructures et de réseaux à travers l’Europe dans les domaines du transport, des télécommunications et de l’énergie).

Sur le plan politique

L’un des défis cruciaux de l’Union Européenne au niveau de l’énergie est de réduire notre dépendance aux combustibles fossiles ainsi que l’émission de gaz à effet de serre. Cependant, des politiques nationales non coordonnées représentent un obstacle à l’intégration d’un vrai marché. Établie sous l’égide du Plan 2030 pour le Climat et l’Énergie, l’Union européenne de l’Énergie se base sur trois fondements principaux : la sécurité de l’approvisionnement, la durabilité et la compétitivité. L’Union importe 53% de l’énergie qu’elle consomme, ce qui provoque certaines inquiétudes en termes de sécurité d’approvisionnement. Suite à l’annexion de la Crimée par la Russie, l’Union européenne a imposé des sanctions à Moscou, mais ce dernier a cherché à intimider des petits pays d’Europe centrale en utilisant ses réserves de gaz comme moyen de pression. Au mois de Mai dernier, les dirigeants et représentants de l’Union européenne d’Énergie ont poursuivi leurs efforts à trouver d’autres fournisseurs, en visitant notamment de nouvelles régions ayant un potentiel d’approvisionnement, mais jusqu’à présent, aucun accord n’a été signé. En Septembre, le député européen Gianluca Buonanno a présenté une motion pour une solution sur l’accord trouvé entre l’Ukraine et la Russie sur l’approvisionnement en gaz. Dans un communiqué officiel, Buonanno exhorte l’UE à retirer les sanctions émises contre la Russie, les qualifiant même "d’erreur stratégique" au regard de la situation de quasi-monopole de la Russie sur les réserves d’énergie. Moscou, en retour, aurait à priori signé un accord avec le Pakistan : un gazoduc de 1100kms d’une capacité annuelle de 12.4 milliards de mètres cube, permettant de relier entre elles les usines de gaz naturel liquéfié (GNL) dans la ville de Karachi. "La construction d’un gazoduc Nord-Sud va amener la coopération économique entre nos deux pays vers un tout autre niveau" a déclaré le ministre russe de l’Énergie Aleksandr Novak. Par contre, de mauvaises nouvelles pour les consommateurs sont à prévoir, le FMI ayant annoncé une hausse des tarifs de gaz.

Le GNL est une des alternatives principales aux importations russes, et selon POLITICO, la plupart des importations européennes de GNL proviennent du Qatar, de l’Algérie et du Nigeria. Cependant, de nouvelles opportunités semblent se pointer à l’horizon, notamment suite à la découverte par la multinationale italienne ENI d’un gigantesque gisement de gaz au large des côtes égyptiennes, et qui semble être la plus grosse réserve jamais trouvée en Méditerranée.

Un avenir prometteur mais incertain

Encore sous le joug de l’Union soviétique jusqu’au début des années 90, les pays Baltes sont très vulnérables aux problèmes d’approvisionnement. Par conséquent, diversifier leurs sources en énergie est devenu un élément clé pour chacun des plans de sûreté nationale de ces pays. Grâce à la signature de l’accord, les leaders européens sont persuadés que le marché unique de l’énergie se rapproche à grands pas, espérant ainsi une plus grande efficacité et une meilleure production entraînant des prix abordables pour les consommateurs. Bien que certaines réactions sceptiques aient été émises au sujet de cette entreprise politique et économique, la construction de plusieurs gazoducs interconnectés entre la Pologne et les Pays baltes les libérera du poids de la Russie, même si nous ne pouvons pas vraiment prévoir quelles seront les conséquences de cet investissement à long terme sur ces pays.

Translated from Gas pipeline deal: Towards an Energy Union?