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Présidence portugaise : entre espoirs et 'saudade'

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SociétéPolitique

Le 1er juillet prochain, le Portugal prendra la relève de l'Allemagne à la tête du Conseil de l'Union européenne. Coup d'oeil dans les coulisses de la ‘République portugaise’.

« Le Portugal n'est pas un petit pays ». Situé à l'extrême ouest du continent européen, le Portugal a profité de sa situation géographique entre Atlantique et Espagne pour gagner en richesse et en réputation, en particulier au XVe siècle, grâce à la découverte du ‘Nouveau Monde’ par ses navigateurs.

Malgré un ensoleillement exceptionnel qui permet au secteur des services – notamment le tourisme-, à l'agriculture et à la pêche en haute mer de prospérer, de nombreux ressortissants choisissent de quitter l'ouest de la péninsule ibérique pour l’Espagne, voire l'autre côté des Pyrénées.

Rester ou ne pas rester au Portugal ?

Le pays traverse actuellement une profonde crise économique à propos de laquelle se succèdent débats et analyses. Ces dernières années, le taux de chômage est rapidement passé à 8% de la population et de nombreuses entreprises ne parviennent pas à faire face à la pression de la concurrence. Le Portugal dépasse même la limite de 3% de déficit budgétaire fixée par Maastricht.

La croissance économique stagnante a d'ailleurs contraint de nombreux habitant à partir travailler à l'étranger. Le salaire moyen est particulièrement faible : le salaire minimum plafonne à 470 euros, alors que le coût de la vie ne cesse d'augmenter chaque année.

Les plus grands quotidiens et hebdomadaires, comme l'Ewpresso ou le Jornal de Notícias, soulignent également les défis sociaux que le pays doit relever : réforme des systèmes de santé et de retraite.

Pourtant, tout avait si bien commencé. L'entrée dans la Communauté européenne (CE) en 1986 avait été vue d'un très bon oeil par la population portuguaise. Le Portugal, comptant autrefois parmis les pays les plus pauvres de l'Union européenne, a rapidement rattrapé son retard, profitant d'une forte croissance. En tant que bénéficiaire net de l'Union, le pays a reçu 3,12 millards d'euros de moins que les nouveaux entrants.

L'élargissement à l'Est a ainsi été vécu avec défiance par l'autre pointe de l'Europe. La crainte d'une perte de rang au profit de ces nouveaux Etats membres, jugés plus attractifs avec leurs faibles coûts et une main-d'oeuvre qualifiée, était palpable. C'est pourquoi l'émigration de nombreux travailleurs qualifiés portugais n'a pu être freinée : aujourd'hui, plus de 2 millions de Portugais vivent à l'étranger.

Sortir de la crise

Nuno a quitté son pays depuis bientôt cinq ans pour travailler à Londres en tant que spécialiste en nouvelles informations et technologies. Selon lui, la détérioration de la situation économique serait due au fait qu' « après 40 ans de dictature d'Antonio de Oliveira Salazar et de Marcello Aetano, son successeur, le pays a laissé passer sa chance de se réformer en favorisant la transparence politique et l'établissement de conditions nécessaires à la réussite économique ».

De même, l'armée conserve une influence non négligeable sur les orientations politique, s’attirant les foudres de la jeunesse locale. Catia Castro, ingénieur dans la banlieue de Lisbonne, trouve notamment que « l'armée occupe une place beaucoup trop importante dans la vie quotidienne du pays ».

Trente trois ans après la ‘Révolution des Oeillets’, qui a permis au Portugal d'entrer dans une nouvelle ère, sans aucune effusion de sang, l'armée conserve une influence de choix sur l'Etat. D'après Catia Castro, « il est temps que l'histoire du pays soit écrite par sa population ».

Son ami Bruno ajoute que le problème du Portugal n'est pas simplement lié au poids de l'armée mais aussi que au fait que les intérêts économiques ne sont pas déterminés par le seul politique, conduisant à « un manque de transparence et à la corruption ». Cependant, les jeunes gardent espoir.

Le Premier ministre José Socrates, entré en fonctions en 2005, avait entamé d'importantes réformes économiques dès le début de son mandat et plaidé en faveur d'une Europe forte dans le cadre de la Stratégie de Lisbonne.

La vie à la portugaise

Les nouveaux défis auxquels le Portugal doit faire face ne lui fait pas perdre l'envie de s'amuser, comme le montre les célébrations organisées le jour de la Saint-Antonio, le saint patron de Lisbonne, pendant lequel jeunes et vieux remplissent les rues de la vieille ville, trois jours après la fête nationale officielle. Plusieurs semaines auparavant déjà, les ruelles étroites et les maisons se parent de guirlandes pour le grand jour, et tous les expatriés reviennent alors au Portugal.

C'est le temps de la ‘saudade’, dont le sens mélange les idées de mélancolie, nostalgie et sentiment d’appartenance et incarne unvéritable mode de vie au Portugal, décrivant parfois une nation toute entière, de Porto à Algarve.

Translated from Portugal: kleines Land - große Erwartungen