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Poulegate : coq en stock

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Tour de babelSociété

La semaine dernière en France, une session parlementaire a encore une fois cristallisé les débats autour du sexisme à l’Assemblée. Sauf que cette fois, l’hémicycle s’est pour un temps transformé en basse-cour dans laquelle les coqs députés chantent plus fort que jamais. Entre #poulegate et amour-propre, petit tour des expressions européennes qui ont la « cot ».  

Le #Poulegate. C’est par ce mot-dièse que, sur Twitter du moins, toute une ribambelle de citoyens et médias français ont commenté les évènements survenus à l’Assemblée nationale, la semaine dernière, lors d’une séance consacrée à l’augmentation de la durée de cotisation. Lorsque, mardi 8 octobre, Véronique Massonneau – une députée écolo – prend la parole, elle essuie de la part de la tribune UMP des « cot cot cot codec ». Consciente qu’il ne s’agit pas là du nom d’une directive, celle-ci répond : « oh ça suffit là…Mais qui c’est qui fait ça ? Arrêtez, quoi ! Je suis pas une poule hein, c’est bon ! ».

Depuis, on se prend le bec. Au sein de la classe politique française et au-delà, d’aucuns associent cet incident à du sexisme. Ce n’est pas la première fois. En juillet 2012, dans le même hémicycle, la ministre du Logement Cécile Duflot s’était faite siffler parce qu’elle portait une robe. Aujourd’hui, on dira donc volontiers que la vénérable Chambre s’est transformée en basse-cour où le coq tente tant bien que mal de régner en maître. Si « la révolte des poules » n’a aucun fondement sémantique, une expression française désigne avec exactitude le mâle qui jacasse. « Etre fier comme un coq » renvoie effectivement au roquet qui bombe le torse pour mieux affirmer son orgueil, sa vanité... et son humour à deux balles. 

Bien qu’il soit devenu le symbole contesté d’une certaine idée de la France, le coq fait largement partie du stock des tournures européennes. En Espagne, même combat, l’axe du mâle se traduit par « ponerse gallito ». En Pologne, le coq prend également l’espace mais il est petit : « być kogucikiem » (litt. « Etre un petit coq »). Les Allemands consacrent l’expression mais compriment la fierté du macho dans un espace confiné. Domestiqué, le coq chantera, mais dans une corbeille : « der hahn im Korb sein » (litt. « être un coq dans la corbeille »). Enfin, les Anglais tracent directement le lien entre l’expression et sa représentation physique. Ainsi, être fier comme un coq – « to be proud like a peacock » - fera allusion à la manière dont les mecs, les vrais, mettent en avant leurs belles longues plumes. Alors question : vous imaginez vous, l’Assemblée complètement emplumée ?

Bizarrement, il n’y a que les Italiens qui n’utilisent pas la basse-cour comme terrain de « je ». Dans la botte, la figure de la testostérone c’est le paon : « fare il pavone ». Semble-t-il une façon de dire à leurs voisins français qu’il vaut mieux séduire que médire.