Participate Translate Blank profile picture
Image for Pédaler pour mieux voter : l’Irlande en campagne pour le traité de Lisbonne

Pédaler pour mieux voter : l’Irlande en campagne pour le traité de Lisbonne

Published on

Translation by:

Default profile picture Audrey 2R

PolitiqueStyle de vie

Ils étaient peu nombreux à s’être déplacés pour s’exprimer pour ou contre le traité de Lisbonne en juin 2008… et le « non » l’avait remporté. Cet automne, les Irlandais retournent voter. Des cyclistes fans de l’Europe lancent la campagne à grands coups de pédales.

« Cette fois-ci, ça va être différent », affirme Grace Cox, une militante irlandaise européiste, encore toute essoufflée. C’est elle, du haut de ses 23 ans, qui co-organise une traversée de l’Irlande à vélo de 700 kilomètres pour sensibiliser les Irlandais et les encourager à aller voter lors du prochain référendum sur le traité de Lisbonne, le 2 octobre prochain. Ce camp des « oui » est optimiste et courageux : de Dublin, les cyclistes se sont attaqués aux luxuriantes montagnes de Wicklow avant d’aller vers Carlow et Wateford dans le Sud du pays. Ils ont pédalé à travers les régions du Sud-Ouest de Cork et Limerick avant de remonter vers la côte Atlantique, et traverseront la région du Burren où se trouvent les falaises de Moher et plusieurs sites préhistoriques avant d’arriver dans la baie de Galway. De là, les cyclistes et leur monture passeront par Athone pour revenir à Dublin… Tout cela en sept jours, du samedi 29 août au 5 septembre 2009.

Participer pour mieux voter

(Grace Cox)Cet évènement est organisé main dans la main avec Eurocycle Tour, une association bruxelloise qui fait la promotion de l’Union européenne depuis 2008. En Irlande, on sent enfin monter l’enthousiasme pour ce scrutin : « Les médias ont largement couvert notre initiative, s’enthousiasme Grace, les murs sont pleins de tracts annonçant nos prochains évènements ! » Pour elle, aucun doute, c’est l’engagement des jeunes qui fait toute la différence : « Regarde-moi : je suis étudiante et militante. Mon collègue est aussi étudiant. C’est un énorme changement par rapport au référendum de l’an dernier. »

« Regarde-moi : je suis étudiante et militante. C’est un énorme changement par rapport au référendum de l’an dernier »

Les cyclistes en route sont d’horizons variés et viennent de toute l’Europe. Etudiants, salariés ou chômeurs, militants politiques ou passionnés de vélos… Certains ont déjà voyagé à travers la France, la Belgique, l’Espagne, l’Autriche et la République tchèque. Avec les cyclistes irlandais, ils sont 30 à former le noyau dur de cette nouvelle traversée. Cependant, tout le monde peut se joindre à eux à n’importe quelle étape du parcours, pour un weekend ou une matinée. Pour Grace, voir les Bruxellois débarquer a été un vrai plaisir : « Ils sont venus pour montrer que c’est quelque chose d’important pour eux, c’est un geste de solidarité. C’est vraiment positif. »

Cette course irlandaise s’est inspirée du premier Euro Cycle tour qui a eu lieu avant les Européennes de juin 2009 : 1600 kilomètres, entre Bruxelles et la Pologne, via les Pays-Bas et l’Allemagne. Les organisateurs souhaitaient mettre en valeur la solidarité à l’échelle européenne et encourager la participation. Et pour cause : le taux de participation aux élections parlementaires est passé de 61% en 1979 à 43 % en 2009. Et de grandes disparités existent entre les Etats-membres. Quand 90 % des citoyens belges votent aux élections européennes seulement 25 % des Polonais se déplacent aux urnes.

860 000 « non » en 2008

L’abstention en Irlande a été déterminante lors du référendum de 2008 sur le traité de Lisbonne : seulement 53 % des personnes inscrites sur les listes se sont alors déplacées dans l’isoloir. Soit une participation bien inférieure au 50 % requis pour valider un référendum dans la plupart des pays européens. Cela signifie aussi que les 860 000 Irlandais qui ont voté contre le traité ont, de manière disproportionnée, modifié le cours des choses pour près d’un demi-milliard d’Européens. Et c’est la cause d’une grande frustration pour beaucoup d’entre eux.

Grace croit dur comme fer que les gens se déplaceront cette fois-ci : « Les Irlandais se rendent compte que tout le monde est désormais concerné par le traité de Lisbonne et l’Europe dans notre pays. Les jeunes, notamment, le savent même si ce ne sont pas les seuls à s’impliquer. C’est très excitant. » Les sportifs qui participent actuellement à la traversée de l’Irlande à vélo rencontrent des élus et des leaders politiques dans chaque grande ville. Plusieurs personnalités publiques leur ont d’ailleurs déjà manifesté leur soutien. Le parti Irlande pour l’Europe, avec à sa tête l’ancien eurodéputé Pat Cox, a réussi à rallier plusieurs célébrités irlandaises, des politiciens, des stars du foot, des journalistes ou encore le prix Nobel Seamus Heany et le batteur de groupe U2. Le 26 août dernier, le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, s’est déclaré en faveur du « oui » : il a même annoncé qu’il allait participer à hauteur de 500 000 livres à la campagne pro-Lisbonne et proposer des billets d’avions moins chers pour l’occasion : « Tout cela est très bienvenue, conclue Grace, ravie, les gens pourront rentrer en Irlande pour voter ! »

Translated from Peddling for votes; cycle across Ireland for Lisbon treaty