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Pays de cocagne ou marché noir florissant ?

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La Suède a la réputation d’être l’élève modèle de l’Europe. Assistance sociale du berceau jusqu’à la tombe, galette suédoise pour tout le monde et toujours plus de libéralisme. Mythe ou réalité ?

Dans les décennies suivant la deuxième guerre mondiale, la Suède a vu éclore son économie sociale, qui s’est ensuite progressivement enracinée dans les mœurs du pays. Ses caractéristiques? Une forte croissance du produit intérieur brut (PIB) combinée avec le plein emploi, stabilité sociale notable et répartition égalitaire des revenus. Les racines de cet idéal socio-économique sont à rechercher dans deux objectifs traditionnellement chers à la Suède : la sécurité économique ainsi que la poursuite de l'égalité, incarnés dans l’effort de réduction des différences de revenu et la lutte contre la pauvreté.

Un modèle à exporter?

Un coup d’œil aux statistiques d’Eurostat confirme le caractère florissant de la situation économique suédoise actuelle: en 2004, le PIB par habitant, exprimé en terme de pouvoir d’achat, se situe 16% au dessus de la moyenne de l’Union des 25. En outre, depuis de nombreuses années, le PIB suédois croît plus fortement que celui de l’UE. Enfin, le taux de chômage se maintient aux alentours de 6,3%, avec une inflation avoisinant les 1,1%. Des chiffres officiels qui laissent peu de place au doute. La Suède fait figure de proue en matière économique. Des cohortes de délégations étrangères se rendent en pèlerinage dans les contrées scandinaves afin glaner des informations susceptibles de leur permettre d’imiter cet Etat Providence. Mais la Suède est-elle vraiment un modèle à suivre?

Tout ce qui brille n’est pas or

Si l’on observe plus attentivement l’Etat- providence suédois, on s’aperçoit rapidement que ce modèle a également engendré de nombreux effets secondaires indésirables. L’ampleur des prestations sociales va obligatoirement de pair avec un secteur public démesuré, des impôts considérables et une intervention étatique accrue. La Suède qui arrive en tête des pays de l’Union où les taxes sont les plus élevées. En 2003, les prélèvements obligatoires représentaient un total de 51,4%, tandis que les 25 Etats de l’UE atteignaient à peine 41,5 % en moyenne. Parallèlement, la TVA, avec un taux record de 25% maintient la Suède en tête du palmarès. L’exorbitante pression fiscale accompagnée de la multitude de régulations conduisent les Suédois à se détourner de l‘Etat. L'impression d’un paternalisme latent et d’une absence de liberté de choix se propage de plus en plus au sein de la population. Résultat ? Les Suédois tentent de se soustraire au système là où c’est encore possible. Ceux qui peuvent se le permettre renoncent à la sécurité sociale que leur propose l’Etat en se faisant soigner par des hôpitaux privés ou envoient leurs enfants dans des institutions. On assiste ainsi à l’émergence d’un système parallèle qui ne cesse de se développer. Alors que la qualité du système public lui, se détériore.

Le marché noir prend de l’ampleur

Concernant le secteur de l’emploi, les Suédois se rabattent sur le marché noir, plus flexible et moins coûteux en impôts. Les mauvaises langues affirment que l’économie souterraine serait l’unique secteur encore dynamique de l’économie du pays. D’après l’évaluation du Professeur Friedrich Schneider de l’université de Linz, l’économie parallèle suédoise représentait en 2003, 18,6% du PIB. Un marché noir colossal qui mène à un cercle vicieux. Plus les gens travaillent « au noir », moins le montant exorbitant des impôts semble se justifier. Afin de financer les dépenses de l’Etat qui ne cessent de se renouveler, les impôts sont augmentés de plus belle, avec pour conséquence perverse de rendre le marché noir encore plus attractif. Résultat ? Une concurrence déloyale, voire ruineuse à l’égard de l’économie officielle.

En outre, la lourde pression fiscale conduit à une forte perte de productivité. En effet, de plus en plus de personnes optent pour un accroissement de leur temps libre, depuis que travailler leur rapporte à peine plus que l'inactivité. Autre alternative : se tourner vers le marché noir. La productivité souffre également des compensations généreuses occtroyées en cas d’arrêt maladie. Il existe même dans le pays un catalogue énumérant les motivations permettant de s'absenter légalement de leur lieu de travail. Un manuel qui incite à un d’absentéisme déjà élevé en Suède.

Ironie du sort. La Suède pourrait-elle servir d’exemple pour transformer un Etat-providence prospère en une économie souterraine de masse ? Les impôts ne pourront pas augmenter indéfiniment et la mise sous tutelle des citoyens a atteint ses limites. Le temps seul dira si oui ou non, le système suédois s’effrite. Car la redistribution ne peut pas tout harmoniser, ni la sécurité sociale devenir le prétexte inconditionnel du farniente.

Translated from Schlaraffenland oder Sanierungsfall?