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« On ira tous au paradis... »

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La Parisienne

Paradis fiscalQuel portefeuille n'a pas un jour rêvé de s'envoler vers Monaco, Andorre, le Liechtenstein, la Suisse, Jersey, Guernesey, … ? Quel compte à sextuple zéros ne s'est pas laissé tenté par le nid douillet des paradis fiscaux, hôtels cinq étoiles de la réussite et de l'opulence?

Focus sur un revers du capitalisme libéral

Destination de premier choix pour les grandes fortunes européennes et internationales, ces havres de paix réputés pour leurs exonérations fiscales font pourtant de moins en moins recette chez les idéologues du capitalisme libéral. Chefs d'entreprises, patrons de banques, managers de holdings, etc. étaient, hier encore, considérés comme des icônes de la réussite capitaliste. Mais leurs « dérobades citoyennes » vers les paradis fiscaux, de plus en plus dépréciées dans un monde en crise, ont tendance à creuser le « côté obscure de la force ». Jusqu'alors considérée comme une consécration ultime pour des capitaux gonflés d'orgueil et de préjugés du type « l'Etat n'est bon qu'à taxer », l'exode fiscale est aujourd'hui victime de la « moralisation financière ». L'Etat n'est, en effet, toujours « bon qu'à taxer », mais dans un contexte où la crise financière et les caisses publiques sont en péril, cela deviendrait presque vertueux.

Durcissement à l'égard des grandes fortunes et de leur hôtes

L'opacité des paradis fiscaux où les grandes fortunes ont généralement coutume d'abriter leur « capital réussite » fait partie des symboles du capitalisme libéral qui génèrent aujourd'hui le plus de crispations. Crispations qui, aujourd'hui, gagnent les plus hautes sphères de l'Etat. Serait-ce parce que les grands décideurs européens craignent de se faire « plumer » par ces grands patrons avec qui, jadis, ils copinaient, qu'ils souhaitent durcir de plus en plus les mesures à leurs encontre? Fin des « parachutes dorés », renoncement aux indemnités de départ, politique des trois tiers … Et, plus récemment, le plan de François Fillon qui prévoit de mettre fin aux Stock-options pour les entreprises publiques et celles bénéficiant d'un soutien de l'Etat. Face à cette levée de bouclier et pour rester cohérent avec la politique de la « fin des privilèges » la diabolisation des comptes offshores et du leur sacro-saint secret bancaire appelle aujourd'hui une sanction internationale.

Au niveau européen, on échange les bonnes pratiques

Dernièrement, le ministère des finances français s'est penché sur la solution de mi-mesure adoptée par l'Irlande en 2004 qui consiste à créer un «guichet de régularisation» où l'évadé fiscal serait passible d'un redressement sans nécessairement se voir imposé des poursuites pénales dont écope normalement les fraudeurs. Pour information, ce système avait permis à l'Irlande (3 milliard d'habitants) de récolter un milliard d'euros de rentrées fiscales. Selon Daniel Labègue, présidente de l'association Transparency International France, « Seule la volonté politique faisait défaut, celle des Européens ». Avec la création de la fameuse « liste noire » des pays frauduleux, il semblerait néanmoins que l'Europe, à travers l'OCDE, ait décidé de réagir plus fermement. Dans le sillon de l'OCDE qui semble avoir engagé les 6 plus gros « fraudeurs » (Suisse, Liechtenstein, Andorre, Autriche, Luxembourg, Monaco) vers la moralisation de leur pratiques par la levée du secret bancaire, les 20 pays les plus riches se réunissent donc à Londres pour réglementer la finance internationale.

Coup politique dans un environnement international en crise de confiance ou prémisse d'un véritable plan d'action transnational ? L'avenir nous le dira...

Crédit photo : Finish eye/FlickR

Sophie Helbert