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Nouvelles technologies : la nostalgie du calme

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Style de vie

Le portable, la tablette, l'iPod et l'e-book, entre autres, sont devenus des éléments indispensables dans notre vie. Cependant, le souvenir d'une époque sans technologies vient à notre rescousse quand l'excès d'informations et de nouveautés nous dépasse. Marta est une fille comme une autre : un jour, elle a décrété que le changement, c'est maintenant.

Marta vient tout juste de fêter ses 24 ans. Elle marche vite dans la rue qui descend. Son portable sonne dans la poche de son pantalon. La tablette, qu'elle transporte dans son sac à main, se plaint à coups de sons aigus qu'il n'a plus de batterie. Même l'ordinateur qu'elle tient avec précaution entre ses mains ronronne à moitié éteint. Et l'iPod a marqué un tournant à 360 degrés en remplaçant sans préavis la mélodie de « Fly me to the moon » de Frank Sinatra par « Higway to Hell » de ACDC. « Ça suffit ! », pense Marta. C'est à ce moment précis qu'elle se souvient d'une époque, inconnue pour certains, où l'absence de technologies lui permettait d'aller faire un tour, de découvrir de nouveaux quartiers et d'écouter le brouhaha de la ville sans aucune interférence.

Bien que ça lui paraisse bizarre, l'époque où elle mettait des heures à écrire un message sur le clavier de ce portable qui ressemblait à un jouet lui manque. Elle a la nostalgie d'appeler une copine sur son fixe pour lui proposer d'aller boire un café et de papoter pendant des heures. Aussi, celle de tourner les pages d'un livre ou celle de l'odeur du papier neuf. D'aller dans une bibliothèque et de chercher dans les rayons le livre pour tel travail pour la fac. Sa vie sans les technologies et sans la précipitation qui permet d'optimiser le temps lui manque.

Marta déteste en outre aller à un dîner et voir que ses voisins de table répondent à WhatsApp avant de répondre à ses questions. Voir qu'ils lui parlent de TIFF, GIF, VPN, DVI, HDMI et de tant d'autres sigles qui lui échappent parfois. Ou qu'on la renvoie vers Internet quand elle va au bureau d'information. Sans parler de la resyntonisation des chaînes de télé et de toutes les fois où elle s'est retrouvée à ne plus pouvoir voir de films.

Récemment, elle a lu un article sur un robot et un enfant qui avaient appris à jouer ensemble. Cela lui fit penser à son entourage et lui rappela qu'il ne fallait pas s'étonner de nouvelles pareilles puisque, sans aller plus loin, son petit frère ne connaît pas les jeux tels que la corde à sauter, le trap-trap, le cache-cache ou le célèbre jeu de l'oie (et sa phrase « de oca a oca y tiro porque me toca », « d'oie en oie, à moi de jouer », que l'on dit lorsqu'on tombe sur une case avec l'oie, ndt). Maintenant, c'est la version la plus récente du dernier jeu vidéo qui compte. Le portable avec lequel tu arrives au collège et la voiture téléguidée que tu demanderas aux Rois Mages cette année. Penser à tout cela la fait se sentir vieille mais elle ne l'est pas et, malgré tout, tout a changé si vite que même les études de sa faculté sont devenus obsolètes au cours des années qu'ont duré son cursus. Même ainsi, et malgré l'impression de satiété que lui causent parfois ces changements à marche forcée, Marta n'est pas une ingénue. Elle sait que sans la majorité de ces changements, elle ne pourrait pas faire beaucoup des choses qui font partie de son quotidien. Elle sait même qu'il lui serait difficile de se consacrer au métier qui lui plaît et que les distances physiques et géographiques se feraient encore plus grandes si elle ne pouvait recourir aux technologies pour contacter les siens. Même ainsi, elle ne se résigne pas, et Marta décide d'en quelque sorte se déintoxiquer de tous ces appareils électroniques. Quelques heures par jour sans rien qui la relie à l'extérieur et sans être joignable. Elle sait que ce sera dur mais elle a foi en sa nostalgie, qui l'aidera à atteindre son but. Pour cela, elle cherche un loisir, quelque chose à faire pour se distraire. Écrire lui paraît pas mal : ça ne coûte pas cher et requiert de la concentration. Elle s'approvisionne aussi de chewing-gums, de bonbons et de petites balles en mousse pour le stress pour traverser cette mauvaise passe.  

Le premier jour, elle souffre. La tentation d'allumer l'ordinateur est plus forte qu'elle. Elle se met à écrire comme une folle. Au bout de deux heures, elle a déjà terminé un conte entier. Le deuxième jour, le silence terrible, le manque de musique et de sons du portable la font écrire avec plus d'acharnement encore et elle réussit à terminer jusqu'à deux contes. Elle passe le troisième jour également avec succès, tout comme le quatrième et le cinquième. À la fin du mois, elle a terminé tant d'histoires qu'elle décide de les lire le soir à son frère. Elle sait qu'elle ne peut faire concurrence ni à ses jeux vidéo, ni à la tablette ni au téléphone portable, mais elle essaie au moins qu'ils passent un bon moment. Ce que Marta ne peut pas savoir, c'est que des années plus tard, quand son frère sera plus vieux, il lira tous les jours à ses enfants des contes, dans l'espoir qu'ils laissent de côté toutes ces technologies. Et le temps passant, il a du mal à se souvenir du nom de ce jeu vidéo qu'il a réclamé pendant des mois avec insistance, et malgré tout, les histoires que sa soeur lui racontait toujours avant d'aller dormir lui manquent.

Cet article fait partie de notre dossier de fin d’année consacré à la nostalgie. Si la réalité nous déçoit tant, quelles sont les raisons de regarder dans le rétroviseur ? Manque-t-on d’imagination en Europe ou attachons-nous une importance soudaine à nos devoirs de mémoire ? Réponse en 5 souvenirs.

Translated from Nostalgia de calma