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« L’utopie appelée UE » - Daniel Cohn-Bendit à Berlin

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Berlin

La Tageszeitung fêtait ce week-end ses trente ans d’existence. La Tageszeitung est peut-être un titre qui ne dira rien au public français mais c’est un des journaux incontournables sur la scène politique allemande. Clairement ancrée à gauche, la TAZ, c’est son petit nom, est un peu le poil à gratter des journaux allemands.

Pas étonnant donc, pour les 30 ans du journal, de retrouver le slogan : « Liberté – Utopie » et des thèmes tel que le changement climatique, les droits de l’homme, l’égalité des sexes, les nouvelles technologies, etc. Pas vraiment étonnant non plus de retrouver Daniel Cohn-Bendit en tête d’affiche de ce congrès. Le co-président du groupe Verts au Parlement européen est bien connu du milieu politique berlinois et il est en campagne électorale en vue des prochaines élections européennes le 7 juin. Deux bonnes raisons de le voir prendre place dans ce « café global » entre Daniela Weingärtner et Barbara Oertel, correspondantes de la rubrique Europe de la TAZ sur le thème « L’utopie appelée EU – Gloire et misère de la démocratie européenne ».

Pendant plus d’une heure, celui qui fut « Dany le Rouge », a donc défendu sa vision de l’Europe, toujours passionné et motivé et n’a pas hésité à tirer sur ses concurrents, en France et en Allemagne. Cela passe évidemment par une définition personnelle de ce qu’est l’Europe. Daniel Cohn-Bendit rappelle ainsi que l’Europe « s’est construite sur les catastrophes européennes : la guerre, le totalitarisme. Puis l’Europe, c’est d’abord le rêve du Rhin. Que celui-ci ne soit plus une frontière mais un pont. S’en suit le rêve de l’Oder et l’ouverture vers l’Est. L’Europe c’est un rêve démocratique avec ses problèmes et ses contradictions. Ce qu’il reste à faire, c’est l’Europe sociale et écologique ».

Pour rester concret et s’intéresser aux prochaines échéances électorales, la tête de liste d’Europe-Ecologie en France se défend ainsi contre l’idée que le Parlement européen serait « un lot de consolation » pour les hommes politiques. « Beaucoup de députés trouvent l’Europe plus intéressante. Parce qu’il y a plus à dire. Il n’y a pas de majorité claire au Parlement, donc chacun a droit à la parole et il y a plus à faire. Ce n’est pas comme en France ou en Allemagne où les majorités sont clairement déterminées. Sur le thème de la lutte contre les trafics de drogue, par exemple, les Verts français et allemands sont plus près des conservateurs néerlandais que des Verts suédois ». Ainsi, les Verts proposent des listes transnationales, dont les têtes de listes choisiraient ensuite le Président de la Commission. « Ainsi, ces têtes de liste devraient faire campagne dans toute l’Europe. Cela rendrait la politique européenne plus dramatique. Comme c’est le cas pour savoir qui sera Bundeskanzler en Allemagne ou Président de la République en France ».

En ce qui concerne l’élargissement de l’UE, Daniel Cohn-Bendit se veut clair : « L’idée de l’UE comme une forteresse est un mensonge. L’UE a été construite comme une maison sans porte donc les gens tentent de passer par la fenêtre. Alors qu’une porte permettrait de choisir si l’on veut ouvrir ou non. Pour les Balkans, par exemple, qui ont vécu une situation complètement folle, il faut dire qu’à la fin du processus de transformation, il y a l’Europe ». Espérons qu’avec ce discours, le candidat des Verts aura motivé les Berlinois à se rendre aux urnes le 7 juin.