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L'Union européenne, exemple pour le monde?

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Bruxelles

L'Union des Fédéralistes Européens organisait le 28 mai une conférence sur « Le leadership de l'UE en matière sociale et environnementale: les nouveaux défis de la globalisation ». Comment gérer au mieux notre position de « leader »? Prétention mal placée ou interrogation légitime? Le social et l'environnemental sont au coeur du débat européen.

Après l'intégration économique, ce serait d'ailleurs ce que notre continent réussit le mieux. Comment l'Union peut-elle gérer son « leadership » dans ces matières? Pour y répondre, l'Union des Fédéralistes Européens a réuni des représentants du Parlement et de la Commission lors d'une conférence. Pas de trublion syndicaliste ou d'ONG verte pour mettre à mal les constatations un peu convenues des invités. On peut regretter l'absence de confrontation entre les intervenants malgré un débat pertinent. Car la question du jour est légitime: avant de pouvoir assumer un « leadership », il convient d'évaluer ses propres forces.

Leadership de l'UE : un concept flou

Qu'entend-on par « leadership » exactement? M. Ciavarini Azzi, président d'UEF Belgique, le définit par notre « capacité à influencer les choix au niveau mondial ». Fort bien. La définition est claire mais le concept reste flou. Tous les invités confessent d'ailleurs l'impossibilité de l'évaluer avec précision. On manque cruellement d'indicateurs. Pourtant, M. Rossetti di Valdalbero de la Commission lance une piste: notre leadership augmente « avec l'internalisation des coûts externes de l'Union. ». En écoutant les discours de ce soir, on se dit qu'un tel critère n'aide pas à concrétiser l'idée. En effet, on parle plus de décisions internes à l'Union que de son rapport avec le reste du monde. Quelques unes de nos réussites commerciales en Chine ou au Brésil sont brièvement évoquées mais de manière anecdotique. uef.JPG

Pourtant, le « leadership » est bien là ! On le pressent plus qu'on ne l'observe, mais cette fragile position de leader se profile comme ce qui pourrait redonner sa fierté économique (et éthique) au « Vieux continent ». A condition qu'on ne laisse pas, une fois de plus, l'occasion nous passer sous le nez. Comme à Montréal, avec la question des gaz polluants CFC. Sous la pression internationale, les Etats-Unis s'étaient enfin rendu compte des dégâts de la couche d'ozone. Ils réagirent tout de suite en investissant massivement dans la production de substituts aux CFC, ce qui leur a permis de faire d'énormes bénéfices en les commercialisant. Aujourd'hui, certains Etats américains comme la Californie ont retenu la leçon et sont déjà leaders dans la construction de panneaux solaires. D'autres sont déjà bien lancés dans la capture et le stockage du carbone, pendant qu'en Europe, on discute encore. Investir dans la recherche sur la protection de l'environnement, ce n'est pas seulement pour « sauver les petits oiseaux », c'est une formidable opportunité économique pour tous les pays de l'Union.

Le modèle européen est contagieux

M. Onesta, Vice-Président du Parlement européen, apporte un exemple concret dans lequel l'Union a effectivement tiré les autres pays vers le haut : la directive REACH. Celle-ci oblige à tester la nocivité de 30 000 produits chimiques avant d'autoriser leur usage en Europe, que ceux-ci y soient fabriqués ou... importés. Des pays importateurs n'appartenant pas à l'UE ont donc été contraints d'entreprendre de coûteuses recherches sur certains produits, ce qu'ils n'auraient jamais fait sans REACH. Et ceci pour le plus grand bien de leur population. « Notre modèle peut être contagieux! » conclut M. Onesta.

En matière sociale, le leadership est moins évident. Il est vrai que l'Union a réussi a imposer à (presque) tous ses membres la Charte des Droits Fondamentaux, mais l'essentiel du domaine social reste encore de la compétence des Etats. Ce qui pousse l'eurodéputé Pierre Jonckheer à avouer son « désenchantement » face au modèle social européen. Même s'il avoue qu'avec certaines décisions récentes de la Cour Européenne de Justice (Laval, Viking et Rüffert) on observe une « mise en cause de la territorialité du droit du travail ». Mais pour pousser plus loin l'harmonisation sociale, l'UE ne dispose pas des instruments nécessaires.

A propos de leadership, la Commission européenne devrait peut-être commencer par s'intéresser à ses propres leaders. En effet qui est mieux placé qu'un commissaire pour donner l'exemple? Comment donc expliquer que le Président Barroso roule en 4x4 VW (un des plus polluants du marché) et que son Commissaire à l'Industrie, Günter Verheugen, défende le retour dans nos magasins du poulet chloré américain? Tâchons d'être crédibles à la maison avant de nous vendre au monde.

Maxim Vanden Borre

Conférence : « Leadership de l'UE en matière sociale et environnementale: les nouveaux défis de la globalisation » ; UEF, 28 mai, Parlement européen, Eastman Building