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L'ommegang du Tsar soleil

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Bruxelles

Par Aris Kokkinos (En direct du Sommet EU-Russie) Le 30ème sommet UE-Russie, qui est aussi la première visite bruxelloise de Vladimir Poutine depuis sa réélection, réaffirme la relation privilégiée entre les deux partenaires. Les discussions ont surtout porté sur les échanges commerciaux, la coopération énergétique et la primauté de la loi, le tout sur fond d'apocalypse pour rire.

«La fin du monde aura lieu dans 4,5 milliards d'années, lorsque le soleil s'éteindra», plaisantait le 20 décembre Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse moscovite, avant d'arriver le soir même à Bruxelles. Pas de fin du monde en vue non plus pour l'UE, mais un nouveau départ dans les relations entre l'UE et la Russie.

Davaï, au travail...

21 décembre 2012, 9 heures. Pas de journalistes en vue en salle de presse du Conseil. Dix heures: premiers rescapés des congés de Noël, des correspondants de médias européens arrivent. Puis des journalistes russes. Très vite suivis des staffs de sécurité. Ambiance 007: défilé de costards et de jolies filles, dans une phonétique anglo-russe. 10H40, la délégation arrive: séance photo rapide, et Давай, au travail. Côté russe, le Président Poutine est accompagné des ministres Lavrov (MAE), Novak (Energie) et Belousov (Economie). Le directeur de Gazprom, Alexeï Miller, est aussi du voyage. Côté européen, les Présidents Van Rompuy et Barroso sont secondés par la Vice-Présidente Ashton et par les Commissaires Oettinger (Energie) et De Gucht (Commerce). La rencontre se fait dans un contexte d'embellie économique: 2012 est une année d'échanges importants entre l'UE et la Russie. Pour les 9 premiers mois il y a eu une augmentation de 15% de nos exportations, et de 5% de nos importations. L'économie est le sujet principal de la conférence de presse que font les trois Présidents, avec une heure de retard sur le planning. Les Européens parlent plus de l'approfondissement du partenariat, Barroso expliquant qu'on est passés d'une interdépendance par nécessité à une interdépendance par choix, que des questions qui fâchent (la guerre en Syrie, les visas pour les ressortissants russes et les règles commerciales de l'OMC). Poutine affirme son désir de renouveler une bonne relation, tout en rappelant la position dynamique de la Russie dans l'exportation d'énergie, avec le gazoduc Nord Stream, le projet South Stream et le troisième paquet énergie. La Russie a aussi son point de friction avec l'UE, celui des minorités russophones de certains Etats membres. Mais dans l'ensemble l'entente est là, comme le montre la coopération des deux partenaires dans le cadre du G20.

...et vígraï vígraï

Signe des temps: les désaccords ne sont plus politiques mais économiques. Russie et UE sont dépendantes des énergies fossiles: les exportations russes de pétrole et de gaz sont primordiales pour la Russie, et vitales pour l'Europe. Elles ont été l'occasion d'une passe d'armes révélatrice entre Poutine et Barroso. Sur le sujet de l'énergie, le Président russe s'est référé à l'article 34 de l'Accord sur le partenariat et la coopération UE-Russie. Cet accord est fondé sur la primauté de la loi insiste le très légaliste Poutine, qui ne comprend pas pourquoi l'UE pose des entraves à la Russie sur ses exportations, et pas à d'autres pays, comme la Norvège. Réponse de Barroso: l'UE respecte les accords et la primauté de la loi, mais la Russie a une position dominante sur ce marché et utilise le pricing, fixant le prix sur les hydrocarbures. Sourire en coin de Poutine. Fin de conférence, «Thank you ladies and gentlemen» annonce le modérateur. Le public se lève déjà quand Poutine se saisit du micro façon judoka: «La réponse du Président Barroso est émotionnelle, l'article 34 existe, lisez-le». Et d'apprendre au public de journalistes et d'officiels que ce n'est pas la Russie, mais la Hollande qui a lié les prix du pétrole et du gaz, au début du XXème siècle... Paix des braves et accolade entre Poutine et Barroso. La Russie et l'UE ne sont pas d'accord sur tout, mais elles échangent à la fois leurs opinions et leurs produits.

La référence de Vladimir Poutine n'est pas Louis XIV. Ce serait plutôt un Pierre le Grand eurasien. Si le rêve d'une union eurasiatique reste lointain, la réalité des réformes russes est évidente. En un quart de siècle, l'évolution du rapport entre l'Europe et la Russie est visible. S'il elle semble être à l'avantage de cette dernière, elle est aussi bénéficiaire à l'UE. Выиграй Выиграй:Win win.