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Libye : la peur d'un nouvel Afghanistan

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Les critiques internationales ne faiblissent quant à l'intervention militaire en Libye et les membres de l'OTAN sont toujours divisés sur leurs objectifs. Si la presse européenne juge l'intervention nécessaire et juste, elle redoute les conséquences de la guerre.

Blog Del alfiler al elefante – Espagne : La guerre, un moindre mal

Le Congrès espagnol a approuvé mardi une intervention militaire en Libye. La moins pire des décisions possibles, estime Lluís Bassets dans son blog Del Alfiler al Elefante : « La guerre peut être un moindre mal si elle est juste. Dans le cas contraire, c'est toujours le pire des maux. Si l'on se refuse à choisir le moindre mal, on cautionne en même temps par passivité, par indifférence ou par cynisme la propagation du pire. La guerre c'est aussi ça : l'obligation de choisir à laquelle personne n'échappe. Le pire aurait été de ne rien faire. Kadhafi assassinerait et torturerait aujourd'hui à Benghazi, il aurait de nouveau tout le pays sous contrôle et reprendrait les chantages qui ont fait de lui le boss de la mafia dans la Méditerranée : il utiliserait le pétrole, l'émigration et le terrorisme pour s'acheter une reconnaissance aux dépens d'un peuple ruiné et épuisé par la dictature. »

(Article publié le 23.03.2011) 

Dagens Nyheter – Suède : L’avenir est imprévisible

La résolution de l'ONU sur la Libye est bonne sur le fond et il est naturel d'ignorer la suite des évènements, estime le quotidien Dagens Nyheter : « Aucune guerre ne se déroule comme prévue et une fois terminée, bien des choses peuvent encore mal se passer. C'est ce qu'ont montré les expériences en Irak et en Afghanistan. Il n'existe aucune garantie que les bonnes intentions auront des conséquences positives. Dans ce contexte, certains pensent que l'on n'aurait jamais dû avoir recours à la violence, mais cela aurait signifié la condamnation à mort de milliers de Libyens. Décider d'intervenir en Libye était nécessaire. Il est toutefois impossible de prédire ce à quoi ressemblera la prochaine décision. Un mandat de l'ONU s'applique tant qu'il est valable. Faire tomber Kadhafi est l'affaire des Libyens, mais ils doivent obtenir protection et soutien. »

(Article publié le 23.03.2011)

Der Standard – Autriche : Les va-t-en guerre n’apprennent rien

L'intervention militaire contre le dictateur libyen devient une véritable guerre avec tout ce que cela implique de tragique, estime le quotidien de centre-gauche Der Standard : « Les ambitieux faucons de Paris et de Londres ont 'omis' d'expliquer à leurs citoyens avant le début de l'opération qu'il est rare de concilier guerre et moralisme facile sans générer de contradictions. Les interventions humanitaires ont un prix. ... Les politiques et les citoyens doivent être prêts à le payer. L'histoire récente nous apprend qu'on peut difficilement mener des campagnes militaires rapides, efficaces et sans revers. Pour l'OTAN dans les Balkans, pour les Américains ensuite en Irak et en Afghanistan, ce fut une leçon sanglante et coûteuse. Il y a toujours des troupes internationales en Bosnie et au Kosovo, sur le Tigre et dans l'Hindou Kouch également. L'histoire se répète, dit-on. Parfois comme une tragédie, parfois comme une farce. On ignore encore vers quoi évoluera la situation en Libye. Ce qu'on peut déjà constater, c'est que capacité d'apprentissage et conscience historique sont des compétences surestimées chez les politiques. »

(Article publié le 23.03.2011)

Le Temps – Suisse : Après l’Afghanistan, la Libye ?

Les attaques aériennes ne décideront pas du sort de la guerre en Libye, estime le politologue Hasni Abidi dans une tribune au quotidien Le Temps. Les nouveaux objectifs que suivra l'Occident auront une plus grande importance : « Il ne faut pas faire confiance aux seules frappes aériennes ciblées, 'chirurgicales' comme on a pu le dire dans le passé: on sait bien que la situation ne se règle pas ainsi. ... L'expérience afghane actuelle et son échec patent ne semblent pas encore avoir dissipé cette illusion. ... L'intervention a-t-elle pour seul but de protéger les civils contre des représailles ou bien vise-t-elle un changement de régime? Dans ce dernier cas, qui accompagnera la construction d'un nouvel Etat dans un pays vaste où les régionalismes et le tribalisme sont forts et le sentiment national peu affirmé? »

(Article publié le 23.03.2011)

Berliner Zeitung – Allemagne : L’opportuniste et pressé Sarkozy

La coalition internationale contre le dictateur libyen Mouammar Kadhafi se dispute sur une éventuelle mise sous commandement de l'OTAN. La Grande-Bretagne est pour, la France contre. Nicolas Sarkozy a repris le rôle de va-t-en-guerre de l'ex-président américain Bush, estime le quotidien de centre-gauche Berliner Zeitung : « Son ambition démesurée et la tendance française à la justification morale de sa politique ont amplifié les controverses existantes. Les partenaires ont pour leur part laissé faire Sarkozy au lieu de signifier à temps leurs inquiétudes quant à une intervention militaire en Afrique du Nord. Ni les Européens ni l'OTAN n'ont pris le temps de peser attentivement le pour et le contre, alors que la répression brutale du soulèvement par Kadhafi ébranle déjà la planète depuis février. … Le monde multipolaire - désiré par beaucoup, accepté par Obama et exploité par Sarkozy à ses propres fins - peut s'avérer très éprouvant. »

(Article publié le 23.03.2011) 

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Photo : (cc)ethermoon/flickr

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