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Libre circulation des travailleurs… à la française !

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La Parisienne

Qu’est-ce qui s’est passé avant que nos dirigeants ne partent en vacances ? Zoom sur la fin de la restriction de la mobilité des travailleurs de l’Est avec Alexis. C’était pas trop tôt ! Le 28 mai dernier, Nicolas Sarkozy a profité de son voyage en Pologne pour annoncer la fin des restrictions à la libre circulation des travailleurs venant des nouveaux pays membres sur le territoire français.

Eh oui, parce que depuis leur entrée 2004, sept nouveaux Etats membres, en l’occurrence la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie, ne bénéficiaient pas de la libre circulation des travailleurs. En effet, les « anciens » Etats avaient insisté pour insérer des clauses leur permettant de limiter l’accès à leur territoire aux travailleurs. Bah oui, parce que bon, on les aime bien les européens, mais faudrait quand même pas qu’ils nous piquent nos emplois ! Donc les quinze anciens membres pouvaient leur refuser l’accès à leur marché du travail pendant cinq ans, renouvelables deux ans.

C’était quand même la honte intégrale, cette dérogation. En gros, oui à l’Europe des capitaux, des entreprises et des marchandises, mais non à l’Europe des travailleurs ! Cette dérogation à la lire circulation, c’était une insulte à l’Europe, et c’était une insulte à tous ces gens à qui on a fait miroiter le rêve européen depuis le début des années 1990. Cette idée finalement qu’ils ne seraient jamais des européens à part entière…

Et le plus drôle c’est que les dirigeants français justifiaient ça par un souci de politique sociale… Encore une fois, l’Europe sociale sert de cache-misère à l’Europe du protectionnisme ! Enfin bon, il y a avait quand même eu des aménagement en 2006, pour les secteurs qui en avaient besoin, comme le bâtiment…

Et maintenant, la France, grand seigneur, annonce qu’elle ouvre totalement son marché, un an avant l’échéance. C’est qu’entre temps, on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas grand-chose à craindre des travailleurs de l’Est. Le Royaume-Uni, qui avait laissé ses frontières ouvertes, n’a pas assisté au déferlement attendu. Surtout, une grande partie des immigrants venus des nouveaux Etats membres sont déjà revenus dans leur pays. En fait, on vient juste de se rendre compte qu’on n’a pas affaire à des pays du Tiers-monde, et que les immigrés en question n’ont aucune envie de quitter durablement leur pays et leur famille !

Nicolas Sarkozy a donc beau jeu à Varsovie d’écarter d’un revers de la main le « fantasme » du plombier polonais. Mais j’ai quand même une question : pourquoi pas en 2005 ? Lors de la campagne référendaire en France, toute la classe politique, oui et non confondus, était unie dans un même cri d’horreur contre la directive « Bolkestein », qui était censée permettre à des hordes de travailleurs à bas prix d’envahir notre beau pays. Et Sarkozy était de la partie, évidemment. Alors que des mensonges éhontés étaient balancés tous les jours sur cette directive et sur les règles sociales européens en général, a-t-il soulevé la moindre objection ? Non, il a hurlé avec les loups.

Une fois de plus, la géopolitique a prévalu sur les droits des individus. Finalement, personne ne pense vraiment aux habitant des nouveaux Etats membres qui veulent pouvoir s’installer où ils veulent. Personne ne pense à ceux qui bossent pendant des mois dans un pays qui n’est pas le leur, pour soudainement se voir refuser leur permis de travail par une administration capricieuse. Non, ce qui compte, c’est l’amitié franco-polonaise, c’est la crédibilité de la France en Europe. Voilà de la grande politique ! Voilà des arguments qui comptent ! La meilleure preuve de cela, c’est que pour les Roumains et les Bulgares, la liberté de circulation n’est pas encore pour demain. Ah bah, c’est bien beau de faire les généreux, mais faut pas pousser non plus… Et puis, quand on est Polonais, Tchèque, Roumain, Bulgare, on s’en fiche un peu de l’Europe sociale, non ?

Alexis Brunelle