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L'extrême-droite en Espagne : non à la Turquie, non à la mondialisation

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SociétéPolitique

Les partis d’extrême-droite n’ont pas réussi à créer une coalition en vue des élections européennes. Du coup, six candidatures ont été posées… chacune ayant des perspectives peu réjouissantes pour l’Europe et l’Espagne.

Lors des élections européennes de 2004, le total des votes en faveur des partis d'extrême-droite espagnols (ou des « patriotes sociaux » comme ils aiment être appelés) s'élevait à 25 000 votes de soutien. Ces chiffres contrastent nettement avec ceux obtenus par les partis homologues en France, en Italie, en Autriche, en Belgique ou en Roumanie, qui, en collaboration avec le parti eurosceptique pour l'indépendance du Royaume-Uni, ont formé la coalition Identité, tradition et souveraineté (ITS) présidée par le Français Bruno Gollnisch. Un groupe parlementaire de vingt députés qui n'a pas tardé à se craqueler suite à la déclaration de l'eurodéputé Alessandra Mussolini qui avait qualifié les Roms d'Italie de « délinquants d'habitude ». Un écart de langage que ses compagnons du Parti de la grande Roumanie n'ont pas apprécié et qui a provoqué la dissolution de la coalition.

« Nous sommes unis par des liens fraternels avec le Front national français »

Le leader de la Phalange espagnole, une organisation fasciste créée en 1933, Manuel Andrino, impute la marginalité des mouvements espagnols à l'arrivée tardive des immigrants. « L'Espagne a connu un développement économique tardif par rapport à de nombreux autres pays européens, d'où une immigration tardive, base fondamentale du discours de plusieurs de ces formations de patriotes sociaux récemment apparues en Europe. » La question qu'il faudrait se poser est celle de savoir si l'extrême-droite a besoin des immigrés pour assurer sa croissance.

Espagne 2000, l'immigration comme cheval de bataille

Les valeurs de la coalition parlementaire d'ITS constituent un modèle à suivre pour José Luis Roberto, leader d'Espagne 2000. Cette autre formation, qui se définit comme étant « populiste nationale » fonde son discours sur un refus indiscutable de l'immigration, matérialisé par différentes manifestations comme celle qui a eu lieu dans le quartier de Ruzafa, une zone où vit une importante partie de la communauté maghrébine. Avocat réputé et fonctionnaire de la Communauté de Valence, où le parti a obtenu ses deux premiers conseillers municipaux lors des élections municipales, Roberto a clairement expliqué ses plans pour l'Europe. « Nous sommes unis par des liens fraternels avec le Front national français et nos propositions correspondent à celles du groupe technique du Parlement européen Identité, Famille et Tradition. »

Ce ne sont pas leurs seuls alliés. Espagne 2000 montre également sa sympathie à tous les mouvements européens qui résistent à la mondialisation sur différents fronts : les mouvements qui s'opposent à la politique d'immigration massive, à la délocalisation des entreprises, ceux en faveur d'une récupération des valeurs propres à la culture européenne, qui exigent des politiques sociales et revendiquent les caractéristiques traditionnelles de nos peuples et de nos identités nationales.

La Phalange ou résister pour ne pas abandonner un héritage

Un message similaire toutefois amélioré d'un esthétisme plus traditionnel est celui de la Phalange espagnole, dirigée par Manuel Andrino, qui réitère toujours ses symboles d'antan tels la chemise bleu, le joug et les flèches ou son hymne Cara al sol (« Face au soleil ») lors des manifestations publiques. Ils ont toujours refusé de s'allier à d'autres formations politiques, préférant la fidélité aux symboles sacrés de l'unité et du franquisme. Avec un tel héritage mystique de l'entre-deux guerres, leurs propos ne sont pas si différents de ceux de Roberto : une Europe aux Européens, l’antimondialisation et le refus de l'intégration de la Turquie par crainte d'une vague d'immigration massive. « Nous ne parvenons pas à comprendre ni à admettre que dans cette super structure que représente l'UE, on ait l'intention d'y accepter des Etats comme la Turquie qui n'ont jamais fait parties de l'Europe ou de la civilisation occidentale », se défend M. Andrino.

Frente Nacional, la voie de la réhabilitation

Entre la Phalange et Espagne 2000 se situe le Front national espagnol (Frente Nacional), un parti qui partage le même nom que celui de Jean Marie Le Pen, et est dirigé par José Fernando Cantalapiedra, novice sur la scène politique mais fort d'un parcours militaire important. Le Front national, formé des anciens membres de la Phalange qui ont abandonné les références au passé, concentre son discours sur l'immigration et pour une priorité aux citoyens nationaux, tendance qui a fait ses preuves chez des homologues européens. 

« La fin de la souveraineté des citoyens dans leur vie quotidienne, c’est pour cette raison que nous jouerons un rôle prépondérant en juin prochain »

Le groupe prépare avec entrain le rendez-vous de juin prochain sur le site www.europeas2009.com, équipé de la technologie web 2.0. « La fin de la souveraineté des citoyens européens en ce qui concerne leur vie quotidienne, comme la politique monétaire, l'immigration et le contrôle aux frontières, ainsi qu'une partie importante de la politique fiscale… c’est pour cette raison que nous, les citoyens, jouerons un rôle prépondérant en juin prochain », explique Cantalapiedra.

Sur les bulletins de vote, les électeurs trouveront à côté de ces trois formations des partis tels que la Démocratie nationale (ou « Democracia Nacional ») ou Alternativa española qui occupent une position idéologique similaire malgré quelques nuances. A moins d’un miracle, ces partis resteront cantonnés à un océan de sigles et de divisions. Cependant, les partis traditionnels sentent le renfermé et la crise économique mondiale laisse planer de possibles conflits d'intégration dans un pays comme l'Espagne qui a vu sa population d'immigrants augmenter à une vitesse rapide. De quoi laisser une autoroute à l’extrême-droite. Conclusion du leader d'Espagne 2000 : « Nous nous trouvons à un carrefour auquel nous voulons intégrer toutes les forces, celles nées dans les heures les plus chaudes de la crise et celles issues du déclin des siècles passés. »

Translated from La extrema derecha de España: ni Turquía ni mundialización