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Les Russes sont là !

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Beaucoup de Russes vivent dans les pays de l’Union européenne, concentrés dans les pays Baltes et en Allemagne. Leur intégration est souvent difficile.

Dans les hautes sphères européenne, on aime à cultiver l’idée que la Russie n’a aucune place géographique dans l’Union. Pour autant, le nombre de Russes habitant et travaillant sur le continent n’est pas négligeable.

Ce chiffre élevé n’est cependant pas l’unique raison pour laquelle Moscou cherche de plus en plus à se rapprocher de l’Union. Depuis l’élargissement de mai 2004, le pays partage avec ses voisins nouvellement européens, la Lituanie et l’Estonie, un passé et une histoire commune ancestrale.

L’intégration manquante

L’hégémonie du Kremlin sur l’URSS a longtemps été indiscutable et la chute de l’empire soviétique en 1991 puis l’indépendance des anciens Etats satellites n’ont que peu changé les mentalités : les peuples baltes se souviennent parfaitement de leur soumission au pouvoir central de Moscou.

Aujourd’hui à l’Est, dans chaque nouveau pays membre de l’Union européenne, on rencontre beaucoup de citoyens qui se disent Russes, alors même qu’ils sont installés dans ces Etats depuis plusieurs générations. Ainsi dans les pays Baltes, les personnes d’origine russe représentent une minorité puissante.

En Lettonie, on compte 20% de Russes parmi la population locale. Pourtant, depuis que la Riga a lancé sa politique d’indépendance, le russe a perdu son statut de langue officielle, contribuant ainsi à une dérussification et à l’édification de frontières culturelles.

Pour les chercheurs du think tank américain Minorities at Risk (MAR), le gouvernement letton a pris des mesures drastiques afin de montrer à la minorité russe que ce n’était plus le Kremlin qui dirigeait le pays. Les nouvelles exigences de la loi sur la citoyenneté, promulguée en 1994, a été accueillie très fraichement à l’étranger.

Désormais la procédure d’obtention de la citoyenneté lettonne est si stricte qu’elle a eu pour effet d’inscrire les Russes en marge de la société et de la vie politique. Par ailleurs, d’autres leur reprochent de ne pas vouloir s’intégrer et se ghettoïser eux-mêmes.

Allemands russes

L’exemple des Russes d’Allemagne montre que l’obtention d’un passeport n’est pas la condition principale de la citoyenneté. Arrivés de Russie au début des années 90, les habitants de la Communauté des Etats Indépendants (CEI) d’origine germanique pouvaient dès 1989 voyager sans problème outre-Rhin.

En raison des problèmes économiques et des discriminations politiques présidant les dernières années de l’ex-URSS, cette émigration a été démultipliée. C’est pourquoi les exigences des autorités allemandes en matière d’immigration sont par la suite devenues plus sévères : les candidats à l’immigration doivent désormais passer un test de langue et prouver leur origine germanique.

L’installation des Allemands en Russie remonte au XVIème siècle. Un accord avait été conclu en ce sens le 14 octobre 1762 puis réaffirmé par la suite par le manifeste d’invitation de la Grande Catherine de Russie. A l’époque, les tensions sociales et politiques outre-Rhin, avaient donné à certains ressortissants un excellent prétexte pour quitter le pays.

Les Allemands opprimés et chassés se sont établis librement en Russie. De nombreuses mesures prises par le gouvernement russe garantissaient aux Allemands la liberté confessionnelle, l’exemption de service militaire, voire l’exonération fiscale. Si les maçons étaient particulièrement bien accueillis, la Russie ouvrait les bras aux ouvriers, médecins et de marchands.

L'état de grâce n'a pas duré. Durant les deux guerres mondiales, les citoyens d’origine allemande vivant sur le territoire russe ont été déplacés de manière autoritaire par le Kremlin et leurs droits civiques bafoués, afin d’éviter la coopération avec leurs lointaines familles d’Allemagne.

Exil doré

Ce dilemme, de nombreux Allemands de Russie y sont désormais confrontés. Bien que constitutionnellement ils soient considérés comme Allemands, ils restent des étrangers comparés aux Allemands dits « de souche ». Certains ont eu d’importantes difficultés à s’installer en Allemagne car la vie dans leur nouvelle patrie ne répondait pas à leurs souhaits et espérances personnels.

L’exemple de personnalités comme l’écrivain et journaliste d’origine russe Wladimir Kaminer, installé à Berlin depuis 1990 et aujourd’hui grand nom de l’avant-scène culturelle allemande, montre que cette intégration peut être réalisée sans problème.

Mais ce qui attire les Russes en Europe n’est pas seulement l’appât du gain. Même si jusqu’au milieu des années 1990, Londres fut la destination de prédilection des « nouveaux Russes », enrichis par la transition post-1989. La seconde fortune de Russie selon le magazine Forbes, Roman Abramovitch, est d’ailleurs le propriétaire du club de football de Chelsea. Depuis, le Royaume-Uni sert de refuge à de nombreux oligarques, contraints de fuir pour échapper à Poutine et ses hommes de main.

Là est tout le paradoxe de la Russie moderne : son problème n’est pas de contrôler ses Etats frontaliers mais plutôt de suivre les traces de l’Europe en comblant petit à petit le fossé entre les riches et les pauvres comme ses clivages politiques et sociaux.

Translated from Die Russen sind da