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Les femmes, le futur des révolutions arabes

Published on

Bruxelles

Par Aurélie Feller Si ces révolutions arabes visent à mettre fin aux dictatures, elles pourraient aussi défier quelques stéréotypes occidentaux. Les femmes arabes, voilées ou non, ont exprimé dans la rue leur désir de liberté. Exemple de la Libye, un pays parmi d'autres où les femmes arabes veulent être actrices de ces changements démocratiques et sociaux.

Le 8 mars, à l'occasion de la journée internationale des femmes, certains médias ont souligné le rôle indéniable des femmes dans les révolutions arabes. Sur le net, elles s'engagent et montrent un autre visage de la femme arabe à l'image de cette vidéo d'une jeune et courageuse égyptienne. Elles constituent un garde-fou pour l'amélioration de leur condition contre le retour de l'islamisme religieux dans l'ensemble de la société.

Un rôle à jouer dans les coulisses et sur le terrain

Le 8 mars, les Égyptiennes manifestaient par volonté de ne pas d'être les oubliées de la révolution, le 9 se fut le tour des Libyennes de demander le départ de Kadhafi. En Libye, les femmes jouent un rôle actif dans la révolution. Dans ce pays où la protestation est devenu guerre civile, on apprend de BFM que ce sont elles qui confectionnent des slogans des manifestations. Elles soutiennent leurs pères, fils ou maris quand elles ne sont pas elles-même dans la rue. Même si elles restent souvent discrètes, certaines osent se battre en première ligne. Le journal El Pais a recueilli ces derniers jours les propos de Naima Rifi. Cette femme colonel de l'armée libyenne est « fière d'être loyale à son peuple » en ayant rejoint les opposants au régime dictatorial. « Depuis la révolution de 1969, Kadhafi nous a poussé à lutter pour notre libération. Dix ans plus tard, les femmes font partie de la milice et nous avons progressé vers l'égalité. Le nombre de femme augmente constamment dans l'armée », affirme-t-elle sans en préciser le nombre.

Libye, des efforts dans le domaine du droit des femmes

Le colonel Kadhafi est connu pour sa garde personnelle constituée exclusivement de femmes, ses «amazones» formées dans une académie d'officiers d'élite. Un caprice de plus qui témoigne d'un vision dégradante de la gente féminine. Le régime libyen a toujours été plutôt progressif au sujet de la condition des femmes comparé à certaines thèses liberticides en vigueur dans le monde musulman. « En fait, le statut des femmes en Libye est à l’image de son président, de ses propres attitudes et de ses prises de position. Kadhafi a établi un plan de développement pour inclure les femmes dans la vie sociale de la Libye mais a toujours fortement critiqué le trop haut niveau de liberté des femmes de l’ouest » indique le site Femmes méditerranéennes. Mouammar Kadhafi a encouragé le travail de celles-ci. Dans un article de 2007 du Courrier international citant l'ONU, on note qu' « un fonctionnaire sur cinq est une femme ». Les postes de juge, pilotes, militaires ou encore politiques sont possibles, même s'ils font figure d'exception. Certains efforts ont été consentis tels que la condamnation des mariages arrangés, de l'achat et de la vente de femmes-enfants. Kadhafi a également instauré l'éducation gratuite pour tous, ce qui a permis aux femmes d'accéder à l'éducation qui est mixte jusqu'au secondaire. « La force de la tradition et l'application de certaines valeurs fondamentalistes de l'Islam découragent, encore de nos jours, certaines femmes d'exercer leur rôle dans le monde du travail et dans la vie civile », selon le site fraternet.net. Cette mesure a été d'ailleurs fortement critiquée par les chefs religieux. En 2008, les Libyennes étaient majoritaires dans les universités nationales. « Il n'y a plus aujourd'hui qu'un faible pourcentage de Libyens qui préfèrent envoyer leurs garçons à l'école et garder les filles à la maison ».

Révolutionnaires sans pouvoir, pour l'instant...

Ces premiers pas n'empêchent pas les femmes de souffrir de discriminations, de harcèlements et d'abus sexuels pas toujours dénoncés, que ce soit en Libye ou dans d'autres pays du monde arabe. Des graves lacunes se perpétuent en matière de droits sociaux. Ainsi, en Libye une femme doit obtenir l’autorisation écrite de son mari pour sortir du pays, les relations sexuelles hors mariage font l'objet de poursuites. Dans la région, elles sont à la traîne en termes d'emploi, de participation politique, de différences salariales en comparaison à d'autres régions du monde, toujours selon El Pais. Aujourd'hui, il est clair que ces femmes sont à la recherche d'un visage, du droit inaliénable d'expression, mais aussi d'un meilleur avenir, pour elle, leurs enfants et leurs petits-enfants. En Égypte, en Libye, en Tunisie, au Yémen, si leur condition ne peut pas changer du jour au lendemain, elles sont conscientes d'avoir beaucoup à gagner dans ces révolutions. Les commissaires européennes, Catherine Ashton et Viviane Reding ont d'ailleurs demandé, il y a quelques jours, « leur prise en compte dans les changements institutionnels qui s'amorcent ».