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L’énergie verte: un marché en plein boom qui menace d’éclater?

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Pauline Fréour

Politique

La bulle Internet de 2001 ou, plus récemment, celle des prêts immobiliers, ont toutes deux provoqué en éclatant, des ravages dans l’économie mondiale. Les énergies renouvelables pourraient bien suivre la même voix, au détriment de la lutte pour la sauvegarde de notre environnement. Comment expliquer ce phénomène ?

Au cours de l’histoire, les termes « économique », « marché » ou « bulle spéculative » ont fait des apparitions ponctuelles. L’une des premières mentions de ce jargon remonte à 1637 et à la « crise de la tulipe » aux Pays-Bas, qui avait vu le prix de vente des bulbes augmenter de 2 000 % en l’espace de quelques mois. Si l’on sait que les « bulles » se développent dans des systèmes capitalistes avancés, comprenant des marchés financiers sophistiqués où le capital est abondant, les experts se disputent en revanche sur leurs causes.

« Vers une compétition mondiale pour le leadership en matières d’énergies renouvelables »

Certains y voient la conséquence d’un comportement de « mouton de Panurge », les investisseurs se copiant les uns les autres dans l’idée que la majorité a raison, sans se demander si le mouvement initial est justifié. Pour d’autres économistes, les bulles sont dues à un excès de liquidités, lui-même créé par des conditions d’obtentions de prêts trop peu strictes et des taux trop bas, ainsi qu’une anticipation biaisée de l’évolution des marchés.

Le prix réel et les délires du marché

En revanche, tous s’accordent sur le fait qu’une bulle se caractérise par une forte distorsion entre la valeur intrinsèque d’un bien (qu’il s’agisse de tulipes, de maisons ou de start-ups) et le prix que le marché lui fixe. Souvent, c’est l’apparition d’une nouvelle technologie ou de toute autre tocade des marchés qui entraîne une hausse rapide des cours, les investisseurs se ruant sur les actions dans l’espoir d’avoir leur part des gains. Compte tenu de la récession mondiale en cours, il peut sembler un peu précipité de rechercher dès maintenant d’autres bulles en formation. Pourtant, c’est bien en période de retournement économique que les investisseurs se mettent à rechercher d’autres secteurs où placer leur capital. Et à la question « où se situe le prochain piège ? », le secteur des énergies renouvelables semble le mieux placé.

Vers une bulle des énergies renouvelables ?

(orianomada/flickr)

Malgré le niveau historiquement bas des cours du pétrole dû à la baisse de la demande, conséquence elle-même de la récession, le monde continue de puiser dans ses ressources limitées d’énergies fossiles. La baisse actuelle des cours n’a donc rien à voir avec un éventuel accroissement de l’offre (c’est-à-dire, de la quantité d’énergies fossiles disponibles sur terre). Il est même probable, à l’inverse, que les prix repartent à la hausse d’ici quelques années, lorsque la demande repartira. Or le risque est de ne pas pouvoir y répondre si de nouvelles sources d’énergie alternatives ne sont pas développées d’ici là.

« Où se situe le prochain piège ? »

Aux Etat-Unis, l’administration Obama a mis au point un ambitieux plan de développement des énergies renouvelables. L’objectif annoncé est de doubler d’ici trois ans la part de ces énergies dans la production énergétique globale du pays, actuellement à 7 %. Ce projet devrait permettre par ailleurs la création de 460 000 emplois. Le plan de relance actuel prévoit l’injection directe de 25 milliards de dollars pour les seules énergies renouvelables. Un plan national de droits d’émissions de CO2 sera en outre lancé d’ici 2012.

Cols verts en fusion

Mais cette velléité de faire du secteur des énergies renouvelables un moteur pour l’économie ne risque-t-elle pas de donner naissance à une nouvelle bulle, comme ce fut le cas pour l’Internet sous Clinton ou l’immobilier sous Bush ? Les rumeurs faisant état d’« une compétition mondiale pour le leadership en matières d’énergies renouvelables » et les « cols verts » du futur ont déjà donné un sérieux élan au marché. Le cabinet d’audit et de conseil KPMG a récemment souligné dans un rapport l’augmentation du nombre de fusions et acquisitions dans le secteur en 2007. Il est en outre à prévoir que les futurs investissements publics et la concurrence à l’échelle mondiale renforceront encore plus cette tendance.

Alors que les investisseurs privés se démènent pour dénicher de nouveaux placements fructueux dans une économie en plein marasme, et que le gouvernement américain subventionne les investissements dédiés à l’énergie verte, il se pourrait que nous assistions en temps réel à l’installation des facteurs propres à la formation d’une nouvelle bulle. Laquelle éclatera lors du prochain boom économique. Les risques sont réels, et les dégâts pourraient s’avérer immenses, car un nouveau cycle boom-bulle pourrait retarder le développement des énergies renouvelables pendant des décennies. Il est par conséquent essentiel que les dirigeants américains et européens fassent de l’encadrement du secteur une de leur priorité.

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Translated from Renewable energy: the next economic bubble?