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Le rôle de la religion dans les pays de l'ex-URSS

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Le grand retour de la religion dans les pays ressortissants de l'ex-URSS est imparable. Divinités naturelles, christianisme et chamans peuplent ce monde nouveau, complexe et varié.

Le rideau de fer est tombé, mais la vision du monde des anciens pays soviétiques ne coïncide pas avec celle de l’Ouest.

En Europe occidentale et aux Etats-Unis, nous vivons dans un monde post-religieux, notamment post-chrétien. En Russie et dans les pays de l’ex-bloc soviétique, les habitants vivent dans un monde post-athée. Ce n’est probablement pas juste une différence culturelle profonde, mais un concept de liberté qui a été formé en vertu d'histoires insolites.

Croire ou ne pas croire ? Telle est la question.

Croire parce qu’il est nécessaire ou de par son libre choix, mature et conscient.  Croire parce que l'on fait partie d'une culture donnée, ou parce qu’on ne peut faire sans. Croire par inertie et conformisme ou par désir de rébellion. Faut-il croire pour connaître ou connaître pour croire ?

Tandis qu'en Italie, en France et en Espagne les églises se vident et l’islamophobie croît partout sur le continent, le grand retour de la religion ne s’arrête pas pour autant. Catholiques, orthodoxes, luthériens, le Chemin Néocatéchuménal, chamans et païens. L’important est de croire. Pour s’opposer au passé scientifique et rigoureux du communisme afin de trouver une identité nationale, de se démarquer, par curiosité, par nouveauté. À Jésus, aux dieux de la nature, à l’inconnu, au plaisir de danser ensemble sans se poser trop de questions.

Ainsi renaît la « Dievturība », une sorte de polythéisme païen pré-chrétien bien connu en Lettonie et en Lituanie. Les deux républiques baltes, à la différence de l’Estonie qui semble avoir clos son match avec la religion, ont vu la renaissance des traditions populaires depuis les années 90. Les deux pays se caractérisent de par une forte présence de la nature et une faible population mais ils se sont toujours tournés vers la divinité « des bois ». Le ciel, la terre, l’eau. Très tard et sans grande conviction pour le culte chrétien, ce dernier ne s’installe définitivement qu'au XIIIe siècle, faisant de cette zone la dernière à avoir été christianisée en Europe. Mais il ne s'est jamais tout à fait répandu, tout d’abord à cause du manque de connaissances des populations locales pour ce qui est du latin, puis à cause de l’imposition du Kremlin et enfin en tant que résistance païenne au christianisme.

Il est certain qu'après la domination soviétique les nombreux courants du christianisme se sont rassemblés dans cette zone. Cependant, surtout chez les jeunes, ils préfèrent se définir comme étant païens. Peut-être ne savent-ils pas toujours pourquoi, pourtant l’idée de croire en quelque chose de libre est belle, fascinante. Et puis les rites sont célébrés de manière attractive, avec des danses, des feux de joie et des vêtements colorés portés pour l’occasion. Difficile de résister à une fête comme celle-là.

Non des moindres, la raison identitaire, l’importance d’avoir des danses traditionnelles lettones, lituaniennes ou géorgiennes afin de se distinguer non seulement de la Russie, mais aussi du monde entier. La fierté d’une autosuffisance culturelle comprend non seulement la religion, mais aussi la langue, considérée comme un puissant outil d’émancipation et d’autodétermination. La mythologie balte, avec ses panthéons nationaux, donne force et espoir à ces zones.

En Pologne et au sein d'autres pays « de l’Orient » les files d’attente pour entrer dans l’Église les jours de fête sont interminables. Il faudrait faire de Varsovie la nouvelle Rome comme cette dernière fut la nouvelle Jérusalem. Ici, la religion est liée à la sensation de liberté après l'époque soviétique, mais aussi la forte morale, plutôt qu'au moralisme typiquement russe. Critique et acquittement du passé : crime et châtiment.

Vérité ou résignation à une réalité trop dure pour être acceptée ?

Y a-t-il un dessein divin derrière nos actions triviales, derrière la vie que nous croyons vivre librement ?

Par contre, en Sibérie, le chamanisme renaît des cendres de l'URSS. Enterré dans les années 20, il a secrètement été transmis de génération en génération. Aujourd'hui, il y a de nombreux adeptes et il peut être exercé même par des voyageurs curieux dans la région du lac Baïkal. Vous pouvez y voir « sorciers » vêtus de plumes avec la tête recouverte de masques d’oiseaux alors qu'ils pratiquent une succion ou un exorcisme. Assister à un sacrifice d'animal, une divination ou une expiation.

Les peuples locaux ont trouvé l’occasion de s’exprimer.

En montrant peut-être que l'homme, s'il est mis dans des conditions de liberté, il aurait envie de croire en quelque chose de surnaturel. Que ce soit en Dieu, l’arbre ou le chaman.

Le christianisme trouve également dans notre partie d'Europe, surtout dans sa variante sociale et égalitaire, un espace d’expression publique. Se diffusent aussi dans le monde sécularisé post-religieux différentes formes de cultes plus ou moins nouvelles, du célèbre bouddhisme au candomblé afro-brésilien.

Partout, pour une raison ou une autre, l'on recherche une identité qui ne peut être séparée de la religion ou au moins de religiosité.

Si vous n'y croyez pas, il suffit juste de demander à un historien ou à un anthropologue des religions.

Il vous dira que la vie n'existe pas sans religion.

Cosmologie, cosmogonie, divinités naturelles, Jésus, Mohammed ou vaches sacrées.

Parce que la nuit, tous les chats sont gris.

Story by

Bernardo Bertenasco

Venuto al mondo nell’anno della fine dei comunismi, sono sempre stato un curioso infaticabile e irreprensibile. Torinese per nascita, ho vissuto a Roma, a Bruxelles e in Lettonia. Al momento mi trovo in Argentina, dove lavoro all’università di Mendoza. Scrivo da quando ho sedici anni, non ne posso fare a meno. Il mio primo romanzo si intitola "Ovunque tu sia" (streetlib, amazon, ibs, libreria universitaria)

Translated from Il ruolo della religione nei paesi post sovietici