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Le plein emploi à la portée des gouvernements

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Tous les partis politiques nous promettent le plein emploi pour 2015. Même l’UE s’est fixée cet objectif. Mais personne ne se demande comment y parvenir.

Le taux de chômage dans la zone euro a encore augmenté d’un point en janvier, et touche désormais 8,9% de la population active. Pourtant, l’UE continue à s’accrocher à la stratégie de Lisbonne qui vise le plein emploi pour 2010. A l’échelle nationale, les partis se rallient à cet objectif, même s’ils prévoient des délais plus longs. Cependant, le Traité constitutionnel n’est pas aussi affirmatif : si l’on s’en tient à l’article 205, l’UE se contenterait d’assurer un niveau d’emploi « élevé ».

A chacun sa recette

Pour une partie de la gauche européenne, la semaine des 35 heures est le chemin à suivre pour parvenir au fameux plein emploi. Les grandes grèves qui ont eu lieu en France montrent le soutien populaire dont bénéficie cette « recette économique » qui consiste à répartir le travail sur 35h au lieu de 40.

Dans les rangs de la droite européenne, garante des intérêts des grandes entreprises, l’idée du plein emploi est désormais accueillie avec enthousiasme, alors que cela risque de mettre les patrons dans une situation difficile. En fait, les conservateurs et les néo-libéraux proposent d’appliquer une formule bien différente que celle des 35h. Ils soutiennent la théorie classique selon laquelle une baisse des salaires permet de faire des économies et de créer ainsi plus d’emplois. Cela explique leur réticence face aux politiques d’indemnisation du chômage, chères au keynésianisme dont hérite la social-démocratie européenne.

Enfin, à l’heure où le pacte de stabilité est remis en cause, une idée quelque peu oubliée refait son apparition : celle d’accéder au plein emploi en augmentant les dépenses publiques, grâce à des investissements et des aides à la consommation financées par l’émission de titres publics comme les emprunts d’Etat.

Le facteur démographique dont personne ne parle

On ne peut comprendre un phénomène économique ou social sans prendre en compte le contexte démographique. Il est donc étonnant que personne ne le mentionne. Serait-ce la botte secrète sur laquelle compte nos hommes politiques pour sortir du chômage ? Le constat est simple: aucun marché du travail n’est capable d’absorber du jour au lendemain une arrivée massive de travailleurs, comme cela s’est produit avec les enfants du baby boom.

Le taux de natalité en Europe a connu une croissance spectaculaire dans les années 1940 et 1950. Le taux de chômage, qui auparavant ne dépassait pas 4%, s’est mis à grimper à partir des années 1960, quand la génération du baby boom est arrivée sur le marché du travail. Au début des années 1990, l’ensemble de cette génération était en âge de travailler, et le taux de chômage a alors atteint des sommets. Au milieu des années 1990, époque où le taux de natalité en Europe était au plus bas de son Histoire, les enfants du baby boom ont commencé à prendre leur retraite. Vers 2015, ils devraient tous profiter de leur retraite. L’exemple espagnol est édifiant : en 1962, le taux de chômage était de 2% ; en 1993, avec l’arrivée sur le marché du travail de la génération du baby-boom et des femmes, ce chiffre est monté jusqu’à 20%. Aujourd’hui, le taux avoisine les 11,5%. Le schéma est similaire dans les autres pays européens.

Le plein emploi ne va pas coûter cher aux gouvernements, et ils n’auront pas à fournir beaucoup d’efforts. C’est peut être la récompense qu’ils méritent après le discrédit dont ils ont souffert dans le passé, à cause du chômage, phénomène dont ils n’étaient pas entièrement responsables

Translated from El pleno empleo, una ganga para los políticos