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Le parlement européen : l'anti-jeune ?

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La séance plénière du parlement européen du mois d'avril devait plancher sur un premier rapport concernant les recettes et les dépenses prévisionnelles du Parlement européen pour l'exercice 2012. Un rapport audacieux qui entre rigueur et économies arrvait tout de même à placer le mot jeunesse. Une référence balayée d'un revers de manche lors du vote final.

'Europe bénéficie dans l'esprit collectif d'une image encore relativement jeune. C'est peut-être dû à la jeunesse de ses institutions par rapport à celles des Etats de la Vieille Europe où à l'adhésion récente des pays de l'Est de l'Europe. Peut-être aussi à la popularité du programme d'échange universitaire Erasmus ou à l'âge moins avancé des députés européens que ceux des parlementaires locaux.

Pourtant, le Parlement européen vient de faire preuve d'une fermeture d'esprit assez surprenante sur les questions de jeunesse. La commission du budget et son rapporteur, le portugais José Manuel Fernandes soumettaient au vote de l'assemblée début avril, un rapport sur l'état prévisionnel des recettes et des dépenses du Parlement européen pour l'exercice 2012. Au huitième alinéa de la section « cadre général et budget global », on pouvait lire que par responsabilité budgétaire et souci de modération dans le contexte de crise économique et de lourde charge des dettes publiques, le Parlement acceptait de réduire ses frais de près de 100 millions d'euros. Cette somme devait mener à « une augmentation correspondante des autres rubriques en faveur de la jeunesse. »

En cette période de forts taux de chômage des jeunes partout en Europe (environ 20%) et où la formation et l'intégration dans le monde du travail méritent de plus en plus d'être traitées au niveau communautaire, le geste accordé par la commission du budget était une heureuse surprise pour la jeunesse d'Europe.

Mais c'était sans compter l'amendement déposé par l'Allemand Alexander Alvaro et le Finlandais Carl Haglund (qui n'ont pourtant respectivement que 35 et 31 ans) qui visait tout simplement à supprimer toute référence à la jeunesse et au transfert de ces fonds. Jugeant que les 100 millions d'euros économisés seraient bien plus utiles ailleurs, les deux eurodéputés ont réussi à rassembler une majorité et l'amendement a été adopté en séance le 6 avril.

Selon un portrait de la jeunesse publié en 2010 par Eurostat, les 15-29 ans représenteraient pourtant près de 96 millions d'européens. Le Parlement vient donc de refuser son soutien à près d'un cinquième de ses administrés. A Bruxelles et Strasbourg, pas de place pour le jeunisme !

Photo : (cc)swhawncampbell/flickr