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Le libéralisme contre le "big business"

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Le zinc de l'Europe

Depuis quelques années, c’est devenu super à la mode d’être « anti-libéral ». En France, il y a mêmes des partis politique qui basent leur discours sur ce nouveau mouvement très « tendance ». Ironie du sort, « libéralisme » est en train de remplacer « fascisme » dans le rôle de désignation universelle de tous les maux possibles et imaginables.

Le libéralisme, c’est le capitalisme triomphant, la mondialisation, l’harmonisation européenne, l’exploitation du Tiers-Monde, la désertification des campagnes et la réforme de la Sécurité sociale en même temps ! Pratique, non ?

Mais là je suis pas d’accord. Autant, quand j’entendais au lycée les révolutionnaires de cour de récréation hurler « fasciste ! » à tout bout de champ, ça me faisait rire, autant, là, je rigole pas du tout. Parce que le libéralisme, c’est aussi la liberté d’expression, le droit de vote, l’égalité hommes-femmes, la tolérance religieuse et le droit à l’avortement! Comment on fait pour réconcilier tout ça ?

Moi, je crois que tout ça, c’est un problème de définition. Alors, pour comprendre on va faire un tour dans le pays du grand méchant capitalisme et du libéralisme échevelé, nos amis les Etats-Unis ! Dans son rapport annuel sur les obstacles au commerce aux Etats-Unis, publié le 18 avril 2008, la Commission européenne s’est plainte de la multiplication des entraves et autres réglementations tatillonnes que les américains imposent aux produits européens importés sur leur territoire. Depuis le 11 septembre 2001, l’administration Bush a instauré tout un tas de règles, soi-disant au nom de la sécurité nationale. Sauf que pour certaines on a franchement l’impression qu’il s’agit plutôt de protectionnisme déguisé… Comme par exemple la « Container Security Initiative », qui augmente tellement les coûts et les retards en douane que certains petits producteurs européens ont décidé de ne plus exporter vers le pays de l’Oncle Sam.

Pas très libéral, tout ça. Le protectionnisme déguisé sous la sécurité nationale, c’est même l’anti-thèse du libre commerce. Pourtant, les américains, et le parti républicain, ne sont pas particulièrement connus pour leur socialisme acharné. Ils ont plutôt la réputation d’être « pro-business », de favoriser à mort les gros capitalistes à cigares.

Mais, j’y pense, et si elle était là, la différence ? Et si être libéral et être "pro-business " étaient deux chose radicalement différentes ? Le libéralisme, sous sa forme économique, c’est l’idée que la prospérité de tous est mieux servie par les initiatives individuelles que par l’action étatique. Evidemment, ça veut pas dire que l’action publique ne sert à rien. Parce que si l’idée est vraie en général, il y a des choses que le marché ne crée pas naturellement (l’éducation, l’aide sociale ou les subventions à la culture par exemple…).

Mais bon, l’idée du libéralisme, c’est que l’économie fonctionne mieux et de façon plus juste si le commerce n’est pas entravé.

Le problème, c’est que les gens qui se disent « pro-business », au premier plan l’administration américaine, mais aussi, exemple au hasard, le nouveau et sémillant chef de l’Etat français, sont tout sauf des libéraux. Il n’ont que faire du fonctionnement global de l’économie, de l’allocation optimale des ressources, et de toutes ces idioties d’universitaires soporifiques… Eux, ce qui les intéresse, c’est renforcer les positions de leurs entreprises nationales, et de ceux qui les dirigent. Tout est bon alors, cadeaux fiscaux, protectionnisme déguisé, subventions diverses, contrats d’Etat etc.

Non seulement tout cet attirail n’est qu’une caricature de libéralisme, mais il en est la négation même ! L’économie libérale suppose qu’il n’existe pas de place-forte imprenable, pas de situation figée, pas de domination indiscutable. C’est cet usage opportuniste et sélectif des thèses libérales qui fait qu’aujourd’hui l’opinion publique a de plus en plus l’impression que ces théories sont en réalité au service d’une classe sociale bien déterminée !

Alors il faut cesser cette admiration des Etats-Unis, pays de la libre entreprise et du libre échange. Il faut arrêter de prendre des vessies pour des lanternes et de confondre le soutien cynique aux groupes industriels nationaux avec une supposée vision moderne de l’économie.

Le « laissez-faire » intégral n’existe pas et n’a jamais existé en économie. La puissance publique est toujours intervenue, d’une façon ou d’une autre. Une vraie politique libérale serait à cent lieues de celle qui est pratiquée actuellement dans beaucoup de pays du monde. Une politique libérale aurait pour unique objectif de rendre les individus capables de prendre en main leur avenir. Cela suppose de mettre le maximum sur l’éducation et la recherche, de contrôler le budget public, de simplifier le code du travail tout en renforçant les droits des chômeurs et de s’assurer que les besoins élémentaires de tous sont assurés. Ceux qui se déclarent libéraux, des deux côtés de l’Atlantique, font exactement le contraire.