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Le Brave Festival : la bataille pour les cultures en voie de disparition

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Culture

19 spectacles et concerts préparés par 164 artistes qui viennent de 16 pays du monde entier. Les ateliers, les expositions, les rencontres et les diffusions des films. Du 2 au 8 juillet à Wroclaw (en Pologne) s’est tenu la 7ème édition de Brave Festival, le festival des gens courageux. Leur slogan est « Contre l’exil des cultures ».

Anna Zubrzycki, cofondatrice du festival et future directrice artistique de l’édition 2012, parle de la nécessité de sauver les cultures en voie de disparition.

Cafebabel.com: Qu’est-ce qui distingue le Brave Festival des autres festivals ?

Anna Zubrzycki : La motivation. La motivation de créer une plate-forme pour les cultures en voie de disparition et pour leurs représentants. Des artistes célèbres et reconnus viennent chez nous : I Made Djimat, le maître indonésien de l’art de la masque (appartenant au groupe Topeng Pajegan), Kathakali du Kerala (en Inde) ou un excellent groupe de la musique ancienne perse, Reza Mazandarani. Les invités du festival ce sont aussi des gens ordinaires exerçant l’art en fonction de leur propre envie. Cette année, la tribu Saharyia, le dernier peuple de Radjasthan a montré son rituel particulier en réveillant des émotions extrêmes et Mamuthones de Sardaigne a traversé Ostrow Tumski (un quartier de Wroclaw) avec une procession de masques noirs (dont les origines sont du Moyen Âge).

Dans la tradition polonaise nous pouvons aussi apercevoir les exemples des cultures en voie de disparition. Les chansonniers de l’Est de la Pologne par exemple. Nous avons pu les entendre durant l’avant-dernière édition du festival grâce à Piotr Borowski (le metteur en scène lié à Laboratorium de Jerzy Grotowski et le fondateur du groupe théâtrale indépendant, Studium Teatralne) qui, auparavant, pendant plusieurs années de son séjour à l’Est du pays enregistrait des groupements des gens dans les villages. Quand après les années, il est revenu sur les lieux, la chose qu’il a vu tout de suite c’était la télévision. Il y a 30 ans ni la télévision, ni la radio n’existaient. Les gens se rencontraient dans les casernes pour discuter et pour être tout simplement en contact les uns avec les autres. Piotr a tourné ce film sur le retour dans ces villages, dans ces familles. Il diffuse les anciens enregistrements et filme ensuite les réactions des gens. Il y a une scène très émouvante : une femme complètement paralysée écoute son enregistrement. Nous voyons les mouvements de son corps. Juste à côté d’elle, son mari pleure. Ces gens chantaient. C’était une façon naturelle d’être ensemble, une façon de transmettre l’histoire de famille. Grâce au projet de Piotr, ces gens-là sont venus à Brave Festival l’année dernière. Ils ont donné un concert magnifique. Actuellement même les jeunes reviennent sur l’ancienne mode de la chanson.

Cafebabel.com: D’où vient l’inspiration de créer ce festival ?

Anna Zubrzycki : De la motivation des organisateurs. Et c’est un point très important. Tous les bénéfices des billets ont été versés à la fondation Rokpa International. Notre tâche ne consiste pas seulement à organiser le festival et à montrer quelque chose d'exotique. Nous voulons prouver que le monde est comme « un système de vaisseaux » liés les un aux autres, et que notre énergie peut arriver dans les coins les plus éloignés du monde. Grâce à cela, nous avons de plus en plus de bénévoles. Ils sont conscients que tout ce qu’ils font durant le festival a une signification profonde et que leur énergie porte loin. Il faut souligner que tout a commencé avec la demande du maire de Wroclaw faite à Grzegorz Bral (l’acteur, le metteur en scène, le fondateur de Teatr Piesni Kozla, l’actuel directeur artistique de Brave Festival) afin de créer un festival profond. A ce moment-là j’étais au Tibet. J’ai ressenti une énorme satisfaction de pouvoir les aider à travers l’ évènement. La ville nous a fait confiance. Et c’est Wroclaw notre sponsor le plus important.

Cafebabel.com : Vous êtes la directrice artistique du festival Brave 2012. Est-ce que vous connaissez déjà le sujet de la prochaine édition ?

Anna Zubrzycki : Je voudrais montrer des facettes inconnues de la féminité. J’ai déjà trouvé quelques femmes qui divulguent quelque chose de beau et de riche spirituellement. Je ne veux pas dévoiler le slogan parce que ce n’est pas encore sûr… De nouveaux espaces sont prévus. J’ai déjà quelques idées… mais je ne dirai pas de quoi il s’agit. Il faut faire attendre les gens et créer chez eux un sentiment d’impatience et de curiosité (rire). J’aimerais bien que des étrangers soient plus nombreux. Nous avons déjà un super public en Angleterre et en Écosse. Ils viennent surtout pour nos ateliers. Nous avons également notre cercle d’étudiants. Je voudrais élargir ce groupe et y ajouter quelques pays en plus. L’idée primordiale du festival est pourtant de rencontrer des cultures différentes. Au temps du communisme, la Pologne était un pays fermé culturellement. Et même aujourd’hui tout le monde n’a pas assez d’argent pour voyager. Même nous, les gens du théâtre, nous ne pouvons pas partir à la recherche de nouvelles inspirations pour nos spectacles. Alors tout ce que nous recherchons dans nos explorations, nous avons décidé de l’emmener à Wroclaw et en Pologne. De cette manière, le théâtre local reçoit un petit souffle d’inspiration. Et Wroclaw gagne quelque chose d’unique.

Photos : © Joanna Stoga; video: GazetaWrocław/Youtube; mmWrocław/Youtube

Translated from Brave Festival: Wrocław walczy o wymierające kultury