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La peur est-elle vraiment passée ?

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Puisque Le Pen n'est pas passé, c'est donc que tout va bien... Pourtant, tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, et il faudra y penser en juin pour ne pas avoir encore peur au soir du premier tour

Il s’est passé quelque chose que nous n’aurions jamais pu imaginer : Le Pen, cet homme de qui personne n’a vraiment peur car c’est un clown mauvais et ridicule, un homme insignifiant dans le monde de la politique, un désespéré qui change son masque d’œil d’après lui blessé, a réussi à passer au deuxième tour des élections présidentielles.

En réalité, ce n’est pas exactement ce qui s’est passé. En réalité, Jean-Marie Le Pen a seulement obtenu 200 000 votes de plus que lors de la dernière élection présidentielle ; c’est-à-dire presque rien. Cela signifie qu’en France, le Front National a, depuis des années, des millions d’électeurs, de fidèles, cranes rasés ou pas, qui soutiennent cet homme, et qui lui permettent d’obtenir des scores à deux chiffres aux élections présidentielles. Et c’est ce qui devrait nous inquiéter, citoyens, hommes politiques et médias français et européens. Moi, sincèrement, ça me fait peur.

N’oubliez pas que si on ajoute les votes de Le Pen obtenus au premier tour, 17,46%, aux 2,45% obtenus par son ex-copain Megret, un votant sur cinq, c’est-à-dire 5,5 millions de français, ont voté pour l’extrême droite et tout ce qu’elle représente : mascarades, mensonges, violence, beaucoup de violence, nationalisme extrême, xénophobie, discours vides… Le Pen n’est pas un homme politique, c’est un homme très riche (dont l’argent a été hérité de façon suspecte), bien conseillé, qui n’a qu’une seule qualité, celle de savoir profiter des erreurs d’autres hommes, qui, bien que très critiqués aujourd’hui, croient encore aux valeurs de la démocratie.

Jacques Chirac a gagné les élections présidentielles, le 5 mai 2002, avec presque 82% des voix : fantastique. Mais personne ne se rend compte que Le Pen a augmenté son nombre de fidèles de 53 000 personnes ? Alors que toute la France était dans la rue depuis des jours, alors que les hommes politiques ont condamné l’extrême droite comparant à le Pen et ses partisans à des nazis et aux membres de la Phalange espagnole, alors que tous les gens de gauche ont accepté et encouragé à voter Chirac, 53 000 personnes qui n’avaient pas voté Front National au premier tour, ont décidé, en toute sérénité, envers et contre tous, de donner leur voix à Le Pen. Là, j’ai vraiment peur.

Je crois que l’heure du Mea Culpa est arrivée, tant de la part des hommes politiques que des citoyens. Essayons de repartir de zéro, sur des bases solides, démocratiques, et avec cette si belle idéologie qui nous a fait croire un jour à la politique. Pardonnons à nos hommes politiques leurs promesses non respectées, aidons-les à représenter à nouveau le peuple, à nous représenter.

Chers amis, compañeros, si vous croyez encore à la démocratie, à la justice, à l’égalité, au partage, à la vérité et à la fraternité, prenez conscience de ce qui se passe dans notre pays, mais aussi dans notre monde. La violence et le capitalisme sont devenus les maîtres de la planète, noyant des millions et des millions d’hommes, de femmes et d’enfants, dans la plus profonde misère, pendant que certains se demandent s'ils vont changer de voiture cette année. Si seulement nous pouvions tous nous poser cette question…

Ce qui vient de se passer en France est un avertissement de ce qui pourrait se passer si nous ne prenons pas conscience de la situation. Dans notre cas, nous avons lutté contre le fascisme et la violence, mais l’ennemi a plusieurs visages, comme celui de la pauvreté, du mensonge et de l’exploitation des êtres humains. Il est du devoir des gens de se rendre compte de la chance qu’ils ont d’être nés du « bon côté », et que tout le monde n’a pas la possibilité de pouvoir rêver d’une vie meilleure.

J’espère que les français n’auront pas la mémoire courte comme ils l’ont si souvent eu. J’espère qu’ils ont appris la leçon, et qu’ils prendront en compte dans leur prochain vote (nous recommencerons à avoir peur au mois de juin), dans leur conscience politique, mais surtout dans leur vie de tous les jours, ce qui vient de se passer en France, et leur possibilité de pouvoir changer les choses.