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La Lituanie : un petit mot d’elle

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Story by

Britta Kuck

Translation by:

Cafébabel

Politique

La liste des enfants terribles de l’Europe s’allonge. Après Chypre, c’est la Slovénie qui pourrait bien devenir le prochain malade sous perfusion. Mais pour l’instant, elle essaie de venir à bout de ses problèmes, comme une grande. Et comme la Lituanie, il fut un temps.

La Slovénie pourrait bien s’inspirer de ce pays balte. En 2009, la Lituanie traversait une crise profonde. Il n'a pourtant pas été pourtant question pour le pays de recourir à l’aide du Fond monétaire international. « Les pays incapables de se prendre en charge eux-mêmes sont des pays faibles », avait alors déclaré Dalia Grybauskaite, la présidente de la Lituanie. Et c’est bien cette position qui lui a valu la plus prestigieuse récompense pour services rendus à l’Europe : le prix Charlemagne d’Aix-la-Chapelle lui a été décerné le 9 mai dernier, à l’occasion de la journée de l’Europe.

Après avoir occupé le poste de commissaire européenne à Bruxelles pendant 5 ans, Dalia Grybauskaite rentre à Vilnius en 2009, élue présidente avec 68% des voix. A l’époque, l’économie du pays essuie une croissance négative de 15%, les recettes publiques ont chuté de 20%, et le chômage affecte 18% des actifs lituaniens.

Une politique d’austérité parmi les plus restrictives d’Europe

Lire aussi sur cafebabel : « Les Lituaniens tentent leur chance ailleurs »

Le gouvernement de centre-droite du Premier ministre de l’époque, Andrius Kubiliusordonna, pris des mesures d’austérité très dures – et commença par s’y soumettre lui-même. Tous les salaires de la fonction publique furent réduits de 30%, y compris ceux du Premier ministre et de la présidente. Les restrictions budgétaires affectèrent également les retraites. De tous les pays membres de l’Union (l’Irlande mise à part), la Lituanie fut celui qui mena la politique d’austérité la plus rude. La TVA passa de 18 à 21%, et l’impôt sur les bénéfices des sociétés de 15 à 20%.

Lituanie - va te faire… !

Les Lituaniens s’efforcent de respecter les critères de la zone euro. La Lituanie souhaite en effet intégrer l’Union monétaire d’ici le 1er janvier 2015 : c’est le dernier pays balte à n’en pas faire partie. L’Estonie est déjà membre, et la Lettonie adoptera l’Euro en 2014. Mais la Lituanie ne remplit pas encore tous les critères. Le taux d’inflation était de 2,8% en 2012, c’est-à-dire supérieur au seuil déterminé par la moyenne des taux de l’Allemagne, de la France et de l’Italie.

Deux ans avant de rejoindre l’UE, le 1er mai 2004, la monnaie lituanienne, le litas, avait déjà été très fortement liée à l’euro. L’adoption de l’euro présenterait l’avantage suivant : la disparition des taux de changes. Des critiques se sont pourtant fait entendre vis-à-vis de ce scénario, déplorant la perte d’indépendance de la politique monétaire lituanienne et soulignant le fait que le pays balte ne profiterait pas des bienfaits de l’euro tant que l’UE n’aurait pas repris ses enfants terribles en main.

Même si la Lituanie a surmonté la crise économique, son taux de chômage (13%) reste relativement élevé. Celui des jeunes s’élève à 26%. De plus, le salaire minimum se situe nettement au-dessous de la moyenne européenne. Au début de l’année 2013, le nouveau Premier ministre social-démocrate Algirdas Butkevičius et son gouvernement de centre-gauche l’ont élevé de 850 à 1000 litas, c’est-à-dire à peine 290€.

Le prix Charlemagne et la politique de Grybauskaite

Mots clairs - objectif clairsLe 1er juillet de cette année, la Lituanie prendra le relais de la présidence tournante de l'Union européenne pour la première fois. L’un des objectifs de ce pays est de fixer le cadre financier de l’UE pour la période allant de 2014 à 2020, et Dalia Grybauskaite aura sans aucun doute son mot à dire dans cette affaire. En 2005, elle a été nommée « commissaire de l’année ». C’est son équipe qui est à l’origine des chiffres qui ont permis de trouver un accord sur le cadre financier européen de 2007 à 2013. « J’ai une représentation très claire de mes objectifs, et je mets tout en œuvre pour les atteindre », affirmait-elle à l’époque. Dans l’éloge qu’il lui consacra lors de la remise du prix Charlemagne, Martin Schulz, le président du Parlement européen, qualifia Grybauskaite de « femme de parole ». Et la plupart des gens s’accordent à dire qu’avec elle, la Lituanie est sur la bonne voie.

Photo : Une (cc)paval hadzinski/flickr, Grybauskaite (cc)President of the European Council/flickr

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Translated from Litauen: Der Pate und die Frau des Wortes