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La Foire du Livre de Jérusalem: point de rencontre inattendu de l'Europe de l'Est

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Culture

Pour célébrer les 50 ans de la biennale de la Foire Internationale du Livre de Jérusalem, le programme de 2013 abonde de rencontres avec des célébrités mondiales et locales de la littérature. Cependant, toutes les opportunités pour rendre les lecteurs multiculturels et multilingues israéliens plus ouverts sur le monde ont-elles été exploitées jusqu’au bout ?

Un flot de visiteurs éparpillés se dirige vers le Centre International des Congrès de Jérusalem (Binyaei Ha'Uma) où se déroulent les 5 jours de la Foire Internationale du Livre de Jérusalem. Elle a lieu du 10 au 15 février 2013, l'entrée est gratuite et ouvre ses portes jusqu'à 22h. Un grand nombre des groupes et couples qui se dirigent vers la foire du livre parlent russe. Ils constituent la plus grande minorité linguistique d'Israël. Les russophones d'au moins trois générations représentent environ un cinquième de la population d’Israël. « En Russie, des milliers de magazines portant sur une grande variété de sujets sont publiés », rapporte le vendeur d'une boutique de livres russe à Tel-Aviv plus tôt dans la journée [la capitale est à environ 40 minutes de bus, ndlr]. « Tout cela peut continuer à exister parce que les russophones font partie de ceux que la société aiment lire. Cela montre que les gens veulent préserver leur culture. Ils se sentent israéliens, mais d'une culture différente.»

Forum multilingue

A l'intérieur du hall d'exposition, en plus de l'hébreu, on peut entendre du français et de l'anglais. Plusieurs pays, tels que la France, l'Allemagne, l'Italie et la Roumanie, ont leurs propres stands, dans lesquels ils tiennent des discussions et présentent des livres dans ces langues et/ou avec des interprétations simultanées. La traduction et l'interprétation ne sont pas seulement une réalité quotidienne pendant cette foire du livre, mais aussi un sujet de débat. Plusieurs évènements sont consacrés à la traduction littéraire, avec la participation pour certains d'entre eux d’Etgar Keret, un écrivain israélien mondialement reconnu. Dans l'un de ces évènements, Keret examine la possibilité de se traduire mutuellement avec son ami américain Nathan Englander.

Les organisateurs présentent des talents littéraires de plusieurs pays. João Gilberto Noll est présenté comme étant l'un des écrivains contemporains brésiliens les plus importants. Ensuite il y a Jáchym Topol de République Tchèque et la culture underground de la Tchécoslovaquie des années 70 et 80, György Dragomán (Roumanie) et János Kőbányai, Géza Röhrig, Gábor Schein et György Spiró, tous Hongrois. Un concept récurrent dans ce genre d'évènement est la présentation d'un talent étranger par un écrivain israélien. Le prix littéraire de Jérusalem, qui a été précédemment attribué à Ian McEwan et Haruki Murakami, revient cette année à l'écrivain espagnol Antonio Munoz Molina. On rapporte qu'il l'a accepté en dépit des pressions pour le boycott culturel d'Israël en protestation contre sa politique. « Cela ne veut pas dire que je suis devenu complice de quoi que ce soit d'horrible qui se passe dans ce pays », citent les médias.

Le thème juif massivement présent

Tout le monde n'est pas venu à la Foire Internationale du Livre de Jérusalem pour chercher des stars. Dans un cadre plus personnel, des écrivains de différents pays discutent de leur travail créatif avec les visiteurs. Une communauté anglophone présente ses nouvelles sur l'amour et deux évènements sont consacrés aux livres lituaniens. De célèbres experts de l'histoire juive lituanienne présentent les publications d'initiatives récentes et encouragent leur impact sur l'éducation toujours lacunaire de l'Holocauste. « Durant de nombreuses années de cohabitation entre Juifs et Lituaniens de souche, il n'y a pas eu de plus gros conflit que ceux sur un terrain de football », dit Grigory Kanovich, un célèbre auteur Lituano-Israélien qui écrit en russe. « Il faut célébrer les anniversaires historiques, mais ils sont devenus à présent trop décoratifs, ils ne portent pas sur la recherche et l'éducation. L'éducation devrait enseigner que l'on doit aimer son prochain, pas nécessairement comme soi-même, mais comme un être humain qui crée et qui fait des erreurs. » Kanovich avoue qu'il envisage d’abandonner l'écriture et de profiter de ses vieux jours, mais ses fans, rassemblés au Salon du livre, ne sont pas du même avis.

Finalement, n'avons-nous pas oublié le but premier d'un salon du livre : l’opportunité d'acheter des livres neufs ou d'occasion? Malgré la présence de nombreux stands de livres, ceux qui sont en vente ne sont ni neufs ni très peu cher. C'est peut être pour cette raison que ce salon du livre n'est pas aussi « jeune » que ceux des autres villes. Beaucoup de livres importés de l'étranger et écrits dans différentes langues traitent de la culture et de l'histoire juive, comme si les habitants de Jérusalem n'en avaient pas assez lu. Pourtant, avec l'entrée gratuite et le plurilinguisme, cet évènement a clairement beaucoup de potentiel ; si ce n'est pour autre chose, au moins pour faire découvrir l'histoire et la culture de l'Europe de l'Est.

Photos : Une © Jerusalem Book Fair official facebook page/ Vidéo (cc) CulturebuzzIsrael/ youtube

Translated from Jerusalem book fair: unexpected Eastern European meeting points