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La culture européenne se labellise

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Bruxelles

Par Pierre-Phi​lippe Hamoir C'est officiel, l'Europe aura son propre label du patrimoine ! Après avoir été approuvée à l'unanimité par la Commission européenne et par les membres de la Commission parlementaire Culture et Education, c'était au tour du Parlement entier de se prononcer sur la création du label du patrimoine européen.

Chose faite lors de la séance plénière strasbourgeoise de novembre 2011. Dernière étape purement formelle et administrative, le Conseil devra également approuver, en deuxième lecture, le texte qui fait déjà l'objet d'un accord interinstitutionnel préalable. Il reste à voir si ce label ne risque pas de se confondre avec le célèbre patrimoine mondial de l'Unesco et donc, de n'être élevé qu'au rang de simple « caprice institutionnel européen ».

En réalité, le label du patrimoine européen a été lancé pour la première fois en 2006 par 18 pays en tant qu'initiative intergouvernementale dans le but de combler le fossé creusé entre l'Union Européenne et ses citoyens. Durant ces années, 64 sites ont été labellisés comme le Palais des Papes à Avignon, la Place du Capitole à Rome, l’Acropole d’Athènes, le Palais de Rundale en Lettonie et les chantiers navals de Gdansk où a été fondé le syndicat Solidarność qui a contribué aux événements ayant précipité la fin de la guerre froide.

L'adoption du nouveau label par le Parlement ne balaye pas totalement l'ancien puisque les sites qui se sont vu attribuer le label depuis 2006 pourront se porter candidats dans le cadre de la nouvelle initiative. La seule différence réside dans le fait qu'ils entreront en concurrence avec des sites de l'Europe entière et non plus des 18 pays concernés par l'accord intergouvernemental. Une petite nuance cependant, la participation des États membres se ferait sur une base volontaire.

Petit caprice ou réelle utilité ?

La création du label a pour but, tout comme c'était déjà le cas en 2006, de renforcer et de stimuler le sentiment d'identité et d'appartenance chez le citoyen européen. Entre les 27 pays et les 23 langues officielles, les citoyens européens s'identifient bien souvent à l'échelle nationale et non continentale. Ce label renforcera donc l'interculturalité sur le vieux continent puisqu'il servira de lien entre les différents pays de l'Union Européenne.

L'objectif est clairement d'apprendre à se connaître et, par la même occasion, à se faire connaître du reste de l'Europe et du monde. En trois mots, une fois qu'il aura reçu l'aval du Conseil, le nouveau label donnera plus de crédibilité, de visibilité et de prestige à l'Union ainsi qu'aux sites labellisés.

Le label du patrimoine européen, concurrent de l'Unesco ?

On pourrait en effet se poser la question. Cependant le label du patrimoine européen se voudra complémentaire et non supplémentaire du patrimoine mondial de l'Unesco qui récompense des sites pour leur beauté. De son côté, le label du patrimoine européen ne se basera pas sur des critères de splendeur architecturale mais plutôt sur l'importance du rôle historique qu'aura joué le monument dans l'évolution de l'Union Européenne.

L’attribution de ce label permanent à partir de 2013 permettra de garantir la qualité des sites sélectionnés qu’il s’agisse de monuments, de sites naturels, immergés, archéologiques, industriels ou urbains, de paysages culturels, de lieux de mémoire, de biens et objets culturels ou encore de patrimoine immatériel lié à un lieu. Le patrimoine contemporain pourra également bénéficier du label du patrimoine européen, mais, encore une fois, ce ne seront pas l'architecture ou l'esthétique qui seront valorisées, mais leur pertinence pour l'histoire et le patrimoine commun.

La Belgique, labellisée elle aussi ?

Quatre sites avaient déjà obtenu le label du patrimoine européen lorsque celui-ci était encore sous sa forme d'accord intergouvernemental. Le Palais des princes-évêques de Liège, les grès de Raeren, la ville historique d'Ename sur les rives de l'Escaut ou encore l'ancien palais du Coudenberg à Bruxelles pourraient à nouveau être candidats à l'attribution du label du patrimoine européen.

Cependant, il serait aussi envisageable que ces lieux chargés d'histoire, au sens poussiéreux du terme, puissent être supplantés par d'autres ayant joué et jouant encore un rôle important au sein de l'Union comme, par exemple, le Port d'Anvers, poumon économique du nord du continent.

Concrètement, comment et quand le label sera-t-il attribué ?

A partir de 2013, chaque État membre pourra proposer, s’il le souhaite, deux sites-candidats en vue de l’attribution du label du patrimoine européen. Les propositions, soumises tous les deux ans, seront analysées par un jury formé de 13 personnalités indépendantes qui choisira un seul site par pays.

Les États membres seront responsables de la gestion, de la protection et de la promotion des sites. Les actions de communication et de visibilité du label seront à la charge de la Commission qui se chargera notamment de la création d’un site internet spécifique et de l’encouragement des animations en réseaux des sites labellisés.

Au-delà de l'intérêt culturel et à l'instar de l'inscription à la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, ce label favorise le tourisme et stimule l'économie locale, ce qui pourrait peut- être s'avérer utile en ces temps de crise économique mais, patience, il faudra encore tenir au minimum jusqu'en 2014 pour voir le premier site labellisé.

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