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La Croatie sur le chemin de l’Union Européenne.

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Un nouveau venu pourrait faire son apparition sur la scène de l'élargissement en 2007 : la Croatie. Le pays a fait le choix de s'ancrer à l'Europe pour se stabiliser. Reste le problème de la gestion des minorités.

Sur le fil. Contre toute attente, ce ne sont pas deux, mais trois pays qui pourraient entrer dans l’UE en 2007. Aux côtés de la Bulgarie et de la Roumanie, la Croatie joue la carte de l’adhésion accélérée. En avril dernier, la Commission européenne donnait son feu vert à l’ouverture des négociations en rendant un avis favorable et sans conditions, entériné lors du sommet de Bruxelles les 17 et 18 juin. Il s’agit maintenant de relever de nombreux défis.

Bonne conduite

La Croatie, mosaïque aux influences multiples, est un pays marqué par une histoire riche et mouvementée. Ses multiples îles ont attisé la convoitise des Grecs, des Romains ou encore de Venise. Depuis la fin de la guerre, les touristes européens reviennent en force parcourir les rues de l’antique Raguse, la belle Dubrovnik, décrite comme le « paradis sur terre » par George Bernard Shaw.

Désormais loin des tourments de la guerre, la Croatie souveraine depuis 1991, espère renouer avec le continent Européen. La mort de Franco Tudjmann en 1999 a permis à la Croatie de se tourner définitivement vers l’avenir sous la présidence de Stipe Mesic, ancien communiste reconverti à la sociale-démocratie, et sous le gouvernement de centre gauche de Ivica Racan. Depuis, l’alternance démocratique a porté au pouvoir les nationalistes de l’Union Démocratique (HDZ) sous le gouvernement d’Ivo Sanadar. Celui-ci n’a pas remis en jeu l’adhésion à l’Union Européenne, et a redoublé d’efforts vis-à-vis du Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPI), puisque huit inculpés ont été livrés à La Haye, contrairement à son prédécesseur Racan qui n’en avait livré aucun.

Il s’agit en effet, depuis la signature en Octobre 2001 d’un accord de stabilisation et d’association, de se conformer aux critères européens. L’officialisation de l’ouverture des négociations a soulagé les Croates qui craignaient que leurs démarches ne soient mises à mal par le TPI. En effet le général Gotovina demeure toujours en fuite depuis son accusation en juillet 2001. Inculpé par le TPI pour le massacre de 150 serbes de Croatie, cette affaire aurait pu constituer un problème pour l’ouverture des négociations avec l’Union Européenne. Mais en avril 2004, Carla del Ponte affirmait que la « Croatie coopérait désormais pleinement avec le TPI. Elle doit continuer dans cette voie et prendre les dispositions nécessaires pour que le dernier inculpé soit localisé et transféré » .

La DG Elargissement a également rédigé un rapport positif, qui affirme que la Croatie satisfait aux critères politiques, et qu’elle peut être considérée comme une économie de marché qui fonctionne. Le rapport souligne le fait qu’il n’y ait pas de problèmes majeurs concernant le respect des droits fondamentaux, mais que la Croatie doit tout de même redoubler d’efforts en matière de droit des minorités, de retour des réfugiés, de réforme de la justice, ainsi que dans la lutte contre la corruption.

Droit des minorités et restitution des biens

En effet, un certain nombre de problèmes demeurent, notamment concernant le droit des minorités, et le droit au retour des Serbes de Croatie. Si le gouvernement Racan a fait adopté une loi sur les minorités qui leur garanti une meilleure représentation au Parlement, en pratique, le communautarisme prévaut. Ainsi, l’Express rapporte que Zagreb subit toujours une sorte d’apartheid, où lycéens se traitent de « Tchetnik » et d’ « Oustachi ». A l’école maternelle les enfants sont également séparés selon leur ethnie, Croates ou Serbes. Ces tensions ethniques étaient également mentionnées par Amnesty International en mai dernier dans un rapport soulignant « le manque de volonté des autorités d'enquêter de manière prompte et approfondie sur les agressions violentes, par des acteurs non étatiques, de personnes retournées en Croatie et de membres de minorités ethniques ». Enfin s’ajoute le problème de la restitution des biens. Seul un tiers des 300 000 Serbes est rentré mais demeurent encore des difficultés en matière de restitution de leur propriété, de reconstruction des maisons et de validation des papiers d’identité.

En se donnant pour objectif 2007, la Croatie se veut ambitieuse. Afin d’éviter la déception de la population que créerait un report de la date d’adhésion, il s’agit désormais pour les politiciens croates de surmonter le passé, de comprendre les enjeux régionaux des Balkans, et de se concentrer sur le chemin de l’intégration européenne.

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