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La constitution des listes PS et UMP : et si l’Europe se normalisait ?

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Default profile picture Mathieu

Comment expliquer que le Parti socialiste (PS, principal parti d'opposition) et l'Union pour une majorité présidentielle (UMP, parti du président Sarkozy), qui avaient commencé à réfléchir à leurs programmes électoraux pour les Européennes sous la présidence française de l'Union, éprouvent une si grande difficulté à entrer pleinement dans la compétition électorale ?

L’attention de l’UMP et du PS a certes pu être détournée des élections européennes par une actualité riche en développements internationaux (crise économique et financière, G20, Sommet de l’Otan, épidémie de grippe porcine) ayant d’importantes répercussions sur la scène intérieure (hausse du chômage, multiplication des mouvements sociaux). Néanmoins, l’actualité étant identique pour tous les partis, cet argument n’explique pas le retard du PS et de l’UMP alors que les autres partis de taille plus modeste ont déjà lancé leurs campagnes électorales.

C’est qu’entre temps a dû être mené à bien un périlleux exercice d’équilibrisme politique, qui pose des difficultés particulières aux deux grandes formations de la vie politique française : la constitution des listes électorales. Celle-ci a rapidement pris des allures de véritable casse-tête politique pour le PS et l’UMP, du fait de l’obligation juridique de respecter la parité entre hommes et femmes, ainsi que de la nécessité politique de trouver de savants dosages entre les départements au sein des huit grandes circonscriptions électorales, et ce pour un nombre de sièges réduit (de 78 à 72) par le traité de Nice.

Des têtes d'affiches

(Michel Barnier/flickr)La couverture médiatique de la campagne électorale s’est de ce fait centrée sur les querelles de personnes. La liste UMP dans la région parisienne occupe à cet égard une place importante, du fait des luttes d'influence entre des figures majeures de la vie politique nationale, parmi lesquelles trois membres du gouvernement Fillon : Rama Yade (secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme), Michel Barnier (ancien commissaire européen et actuel ministre de l'agriculture et de la pêche) et Rachida Dati (ministre de la justice). Du côté socialiste, plusieurs présidents de région ont mené une fronde sans précédent après l'annonce de la constitution des listes par Martine Aubry.

Il n’est pourtant pas certain qu’il faille regretter cette personnalisation du débat politique européen. En effet, ces querelles de personnes sont monnaie courante lors d’élections nationales ou locales. L’extension de ces querelles pourrait ainsi être perçue comme un signe de l’attractivité de l’échelon européen (le Parlement européen n’étant plus considéré comme un lieu secondaire de la vie politique). Le fait que d’importantes figures de la vie politique française aient fait le choix de se présenter aux Européennes est un autre signe de la normalisation en cours de l’espace politique européen. Le cas le plus intéressant (quoique paradoxal) est sans doute celui du Front national (principal parti d'extrême-droite), dont tous les dirigeants historiques, y compris Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine, en dépit de leurs vociférations à l’encontre de Bruxelles, sont candidats aux élections du 7 juin : le Parlement européen leur offre, outre une source de revenus, une plateforme à partir de laquelle ils peuvent faire connaître et propager leurs idées, ce qu'ils ne peuvent faire au niveau national du fait du mode de désignation des députés français (scrutin uninominal majoritaire à deux tours) qui favorise les grands partis au détriment des petits.

Image cédée par l'Europe en DébatLa publication de cet article est le fruit d'un partenariat entre Eudebate2009.eu et le blog ARTE - L'Europe en débat - édité par les élèves du Collège d'Europe à Bruges.  Ce blog aborde en français et en anglais l’actualité européenne sur une base thématique. Son équipe, composée d’étudiants, assistants et professeurs du Collège, privilégie dans ses analyses la comparaison, la mise en perspective et le recul.

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