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Jeunes, Européens... Et eurosceptiques

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Politique

Des stagiaires non-rémunérés aux impôts trop élevés, en passant par le recyclage et le Parlement à Strasbourg… Des quatre coins du continent, les membres du réseau cafebabel.com font part de leurs doutes sur la construction européenne.

Un eurocsepticisme à méditer à la veille du 9 mai 2010, 60ème anniversaire de la signature de la déclaration de Robert Schuman, qui posa les premières pierres de la Fédération européenne.

Une Europe anti-démocratique

Aymeric, France : « Je pourrais vraiment être eurosceptique parce que l’euro-enthousiaste français moyen me rend malade: chrétien, il croit en l’Union européenne comme il croit en Dieu: religieusement. Lorsque quelque chose va mal dans l’UE, il y a toujours une explication ou une excuse. En règle générale, l’UE est toujours meilleure que la France. « Plus de pédagogie » est la solution de base à tous les problèmes. Ce genre d’attitude a vraiment un arrière-goût de totalitarisme. Je pourrais surtout être eurosceptique parce que, soyons honnêtes, l’UE n’est pas une démocratie. Du moins pas dans le sens premier du terme « démocratie représentative ». Certains choix politiques importants sont définis dans des traités, mais ils ne vont pas tous dans le même sens. Et nous savons tous comment les traités sont rédigés et révisés. La manière dont le traité de Lisbonne a été adopté en France est, en soi, une raison suffisante pour être eurosceptique. »

 « Un acteur non-international »

Pablo, Espagne : « Les Européens en ont assez de l’idée d’une UE impuissante. L’Europe ne s’exprime pas d’une seule et même voix lors de nombreux rassemblements importants tels que le sommet des Nations Unies sur le changement climatique qui s’est déroulé à Copenhague en décembre 2009. Malheureusement, tous les premiers ministres ne croient pas forcément en une Europe forte (et ne s’y intéressent pas si leur pouvoir est menacé). Dès lors, ils échangent leurs propres opinions en privé (prenez le président français Nicolas Sarkozy s’alliant à Lula Da Silva à Copenhague pour prendre les devants et créer une organisation mondiale pour l’environnement). »

« Strasbourg »

Jakub, République tchèque : « Je suis Tchèque et je ne suis résolument pas eurosceptique, mais ce qui m’exaspère vraiment dans l’Union européenne, c’est le siège du Parlement à Strasbourg. J’ai étudié à Strasbourg dans le cadre d’un programme d’échange Erasmus, je sais donc que le bâtiment est presque vide lors des sessions. L’argent dépensé pour s’y rendre, c’est de l’argent jeté par les fenêtres. Je ne comprends pas non plus la politique agricole commune (PAC). Pourquoi les subsides destinés aux fermiers français sont-ils si élevés si leurs produits sont si chers ? Révisons les traités ; un pays (la France, précisément) ne peut pas ignorer le désir des 26 autres pays. »

 « Riches contre pauvres »

Patricia, Espagne : « On se fait une fierté d’être différents et de suivre des principes éclairés mais je ne vois venir aucun changement visant à équilibrer les conditions sociales et économiques entre les riches et les pauvres. De nombreux pays, comme l’Irlande où j’ai vécu quatre ans, font payer l’accès à l’eau alors que le gouvernement n’a pas pris la peine de remplacer les conduites d’eau anciennes qui explosent à chaque saison hivernale. Ensuite, on nous dit qu’il faut de l’argent pour résoudre la crise, pour réparer leurs erreurs, et on paie pour renflouer les banques qui ont spéculé sans se priver. On prend l’argent de Monsieur et Madame Tout-le-Monde pour le donner aux grosses banques, alors que l’impôt sur les sociétés est toujours dérisoire pour les grosses entreprises.

Ce qui me déplait aussi, c’est d’avoir imposé une prise de conscience aux Européens sur les questions environnementales alors qu’ils n’ont pas les moyens de mesurer le fruit de leurs efforts, car personne ne sait où aboutit le recyclage que nous faisons. Je n’ai ni vu, ni entendu parler d’usine de recyclage en Irlande ou en Espagne (mon pays d’origine). Existent-elles vraiment ? Ou se contentent-elles de brûler tous les déchets ou de les revendre pour de l’argent ? Voilà encore un secteur où l’argent publique devrait être investi et où de nouveaux emplois pourraient être créés. »

« "Les stagiaires" et les "pays de l’Est" »

Aurelia; Royaume-Uni/France: « L’UE a la réputation de créer de l’emploi, particulièrement pour les jeunes, mais il est généralement très difficile d’y entrer, et quand bien même vous y parvenez, les stages sont courts et ne sont pas rémunérés. Je préférerais travailler pour une société privée qui me paierait et me stimulerait. L’UE devrait payer ses stagiaires car ils sont motivés par son avenir. Je pensais que les valeurs européennes prônaient le respect du citoyen, et on nous fait travailler pour rien ? En juin, je vais travailler pour la Commission de l’UE à Londres puis pour un groupe de réflexion sur la diplomatie culturelle étroitement lié aux institutions européennes, et aucun de ces stages n’est rémunéré même si j’y travaille tout l’été.

En atteignant 27 pays, l’UE a pris beaucoup trop d’importance par rapport à son objectif originel. Accepter de nouveaux pays de l’est (dans les années 90 et 2000) a ralenti notre économie et surtout réduit notre crédibilité et notre capacité à prendre des décisions. Il y a trop d’États concernés pour que l’UE puisse tirer des conclusions claires et parvenir à des accords. Économiquement, cela pèse aussi sur les pays d’Europe occidentale. Nous acceptons de plus en plus d’États-membres pour, d’une part, nous imposer face aux États-Unis et, d’autre part, pouvoir agir stratégiquement sur la scène internationale (la Turquie, par exemple, nous aiderait à communiquer avec le Moyen-Orient). À l’origine, l’UE avait un rôle culturel, idéologique et économique. Maintenant, elle est beaucoup trop tactique. »

Photo: ©Kinnéidigh Garrett/Flickr

Translated from French, Spanish, Czech and British youth on euroscepticism