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Jacques Delors massif pour la jeunesse européenne

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Laure Magnier

SociétéPolitique

Une petite salle dans l'édifice du rectorat de l'Institut Catholique de Paris, un plateau de croissants et à peine 20 chaises. Une réunion privée et relativement exclusive. Une sorte de conversation en petit comité avec à l'ordre du jour, « les jeunes et l'Europe ». Tous les regards (français) sont tournés vers un des participants : Jacques Delors.

Président – pour beaucoup, le meilleur - de la Commission européenne entre 1985 et 1995, il est un des grands penseurs de l'Europe, membre du Parti socialiste (P.S) français, presque-candidat à la présidence et père de Martine Aubry (première secrétaire du P.S). Jacques Delors compte parmi ces hommes qui donnent l'impression d'être nés avec une cravate autour du cou, cravate par ailleurs parfaitement assortie à ses chaussettes rayées. Un homme politique comme on n'en voit plus. A 86 ans, il semble plutôt bien connaitre la « jeunesse européenne », bien qu'il soit conscient du fait qu'il s'agit là d'un concept élitiste : « il existe un sentiment d'appartenance à l'Europe, mais seulement pour les diplômés. »

Malgré les temps qui courent, Jacques Delors continue de prendre fait et cause pour l'Europe : « L'union fait la force », rappelle-t-il. Il tente de convaincre ceux qui froncent les sourcils : « nous avons une originalité culturelle que nous devons préserver. » « La démocratie grecque, le droit romain et la révolution sont le patrimoine de l'Europe. » Cependant, il ne voit pas le futur moins sombre que les autres pour autant: « j'ai le pessimisme de la raison et l'optimisme de la volonté. » « Nos élections ont été mises en place en pensant aux adultes et dans le but de préserver la vieillesse, mais sans penser aux jeunes. Nous avons sacrifié notre jeunesse. »

Lire aussi sur cafebabel.com : « L’Europe vaut Delors, la génération Erasmus s’y Kohl !»

Un silence (européen) envahit la pièce et les auditeurs affirment d'un signe de tête, pendant que moi, la seule journaliste étrangère (espagnole) de la salle, je me demande : n'est-il pas bizarre de faire toutes ces réflexions sur l'Europe sans demander l’avis des Européens ? Ces personnes pensent-elles aux jeunes lituaniens, slovaques ou estoniens ? Que sait-il des valeurs sociales partagées au-delà de l'Erasmus ? Et nous, qu'en savons-nous ?

Photo : (cc) Push Europe UK/Flickr

Translated from Jacques Delors: “El pesimismo de la razón y el optimismo de la voluntad”