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Italie : voter ou ne pas voter ?

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Default profile picture Elisamolino

Mais, surtout, pour quoi voter ? Les élections européennes, victimes d’un paysage politique et social changeant et incertain.

Il semble désormais qu’il n’y ait plus aucune pudeur dans la classe politique italienne pour définir les élections européennes comme un enjeu mineur. Si les listes se dessinent plus ou moins timidement, personne n’a encore fait référence à une vision de l’Europe : nous pouvons seulement espérer que des contenus forts, européens, engagés, prendront le relais avec le lancement officiel de la campagne. Pourtant l’on en doute, et nous nous demandons s’il n’y aurait pas une attitude passive croissante et même anti-européenne, de la part d’une société qui perd petit à petit ses points de repère. Le contexte politique, économique et social nous offre des éléments de réponse. Tout d’abord, le système des partis italiens a subi plusieurs changements : à droite, « l’Alleanza Nazionale » de Fini a fusionné avec le parti du premier ministre Berlusconi, en créant un grand « Popolo delle Libertà » ; à gauche, avec un nouveau secrétaire, le « Partito Democratico » cherche ses contenus et ses hommes.

Ces changements ne contribuent pas complètement à un réveil politique de la population italienne, à une vraie action de contestation et de participation mais contribueront pourtant à redessiner le paysage au Parlement européen. En effet, sous l’égide de Berlusconi, le « Popolo delle Libertà » va devenir le parti le plus grand dans le groupe du Parti populaire européen (PPE), alors que le « Partito Democratico » devra trouver son positionnement exact. Face à cette nouvelle donne, quelle est donc la vision de l'Europe que les partis vont défendre ? De plus en plus, la voix de l’Italie semble s’effacer par rapport à celle des autres Etats-membres. Et l’on se sent loin des figures italiennes qui, dans le passé, ont imaginé l’Europe et contribué à la bâtir. Si l’Union dans son ensemble peut se reconnaître coupable de cette perte d’enthousiasme, le contexte économique et social italien offre d’avantage de pistes de réflexion.

L’Europe fait quoi pour moi ?

La crise économique a fait sentir ses effets sur le plan social. Surtout, le climat d’incertitude qui aujourd’hui caractérise les foyers aussi bien que les entreprises contribue à renforcer un sentiment de fermeture par rapport à l’extérieur, une volonté de « cultiver son jardin ». Plus inquiétant, par contre, est la sensation d’un manque croissant de cohésion sociale et d’un accroissement des sentiments xénophobes. L’état de frustration et le niveau de difficultés auxquels les citoyens sont confrontés ne fait qu’augmenter la peur de l’autre que certains groupes politiques n’hésitent pas à exploiter.

Dans ce contexte, l’Europe n’est pas perçue comme une instance capable de donner des réponses. Au contraire, la question « elle (a) fait quoi l’Europe pour moi ?», est toujours plus présente chez les citoyens, et il semble que tout homme politique peine à donner une réponse satisfaisante. Dans un tel contexte, nous ne pouvons certainement pas espérer une grande participation aux élections de juin.

Pour assurer une plus grande participation de la population italienne, nous avons besoin d’une relance des débats sur les politiques de l'UE et non pas sur son organisation ou ses moyens d'intervention dans les moindres détails de l’UE. C’est un défi qui se dresse devant nous pour les élections au Parlement européen et qui, s'il est gagné, pourra témoigner d’un intérêt encore vif de l’Italie pour l'avenir de l’intégration européenne. Ce serait un démenti apporté au spectacle d’un Etat replié sur lui-même. 

Image cédée par l'Europe en DébatLa publication de cet article est le fruit d'un partenariat entre Eudebate2009.eu et le blog ARTE - L'Europe en débat - édité par les élèves du Collège d'Europe à Bruges.  Ce blog aborde en français et en anglais l’actualité européenne sur une base thématique. Son équipe, composée d’étudiants, assistants et professeurs du Collège, privilégie dans ses analyses la comparaison, la mise en perspective et le recul.

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