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"Háwar" signifie "au secours" et a besoin d'aide

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Amélie Marin

Dans la langue kurde, "Háwar" est un appel à l'aide. Depuis les attaques des villages yézidis du Nord de l'Irak par la milice terroriste qui se fait appeler État Islamique (EI), l'expression désigne le combat et le sauvetage des Yézidis et des minorités menacées. Elle est surtout en bonne voie de devenir une invitation à ne pas réduire des êtres humains à leur religion.

La langue kurde n'a jamais eu la vie facile. En Turquie par exemple, elle a longtemps été interdite et est seulement autorisée comme langue seconde depuis 2012/2013. Puisqu'il n'y a jamais eu d'État kurde et que les Kurdes ont toujours été éparpillés sur quatre États (l'Irak, l'Iran, la Syrie et la Turquie), la langue n'a jamais la possibilité de s'unifier, et se compose en fait de trois dialectes différents : le kurmanji, le sorani et le kurde du Sud.

"Háwar" est compris cependant comme un appel à l'aide dans les trois variantes de la langue kurde.

Après que la milice terroriste de l'État Islamique a, en 2014, attaqué les villages des Kurdes de croyance yézidie, comme par exemple Shingal au nord de l'Irak, pendu des hommes yézidis et vendu des femmes yézidies réduites en esclavage, "Háwar" - en français "au secours" - est devenu, lentement mais sûrement - le symbole du combat pour sauver les Yézidis, puis celui de l'aide apportée à toutes les minorités menacées de génocide dans les zones passées sous contrôle de l'EI. Les Yézidis sont les fidèles d'une religion monothéiste née 2000 ans avant le christianisme, dont le coeur spirituel se trouve à Lalish, au Nord de l'Irak.

La même année a été fondée à Cologne l'association "Háwar". "Il nous paraît très important que notre initiative, qui s'appelle en effet "Háwar - oeuvre de bienfaisance pour les réfugiés en Irak", ne s'adresse pas seulement aux Yézidis. Indépendemment de leur ethnie et de leur religion, nous voulons aider toutes les personnes qui vivent en Irak avec le statut de réfugiés, comme par exemple des chrétiens ou la minorité des Shabaks [...]", dit Shilan, co-fondateur de l'association dans une interview pour Köln Global en mai 2015.

L'attention des organisations humanitaires se porte cependant plus particulièrement sur le sort tragique des jeunes femmes yézidies et sur le traitement brutal qui les attend dans l'horreur de la violence de la milice terroriste. Comme le raconte le journal britannique Daily Mail en 2014, des organisations clandestines oeuvrent à la frontière de l'État Islamique afin de libérer des esclaves yézidies, comme la jeune Amal, 18 ans. Amal a été l'esclave d'un chef de l'EI appelé Selman, et de ses gardes du corps.

Son Háwar - appel à l'aide - à elle résonne comme un cri de désespoir. "Il m'a violée. Il a trempé son doigt de pied dans du miel et me l'a mis dans la bouche. À un moment, les six gardes sont entrés. Ils m'ont violée toute la nuit, jusqu'au petit matin. [...], raconte-t-elle,  impuissante et traumatisée, les yeux tristes et enveloppée dans son voile, dans une interview diffusée sur la chaîne allemande ZDF en juillet 2015 dans le documentaire "Fuir l'esclavage".

L'histoire d'Amal, esclave sexuelle, n'est pas un cas unique. En 2015, Human Rights Watch a montré le recours systématique aux viols et aux abus sexuels, à l'esclavage sexuel et aux mariages forcés par les troupes de l'EI. "Celles qui ont pu s'enfuir doivent être soignées pour surmonter l'inimaginable traumatisme qu'elles ont vécu", pense Liesl Gerntholtz, directrice de la section des Droits de la femme de Human Rights Watch.

Les actes de violence de la milice terroriste de l'EI envers les hommes ne sont pas moins brutaux. Selon les données des paroisses yézidies, 3000 hommes yézidis ont été exécutés au Nord de l'Irak. Selon celles d'un rapport des Nationes Unies de 2015, de jeunes Yézidis de Schingal, âgés entre 8 et 15 ans, ont été déportés et contraints à renier leur religion.

Les Yézidis qui ont réussi à fuir le massacre de Shingal vivent aujourd'hui pour la plupart dans des camps de réfugiés. Le sort des survivants de Shingal a été consigné dans un film de la journaliste germano-yézidie Düzen Tekkal. Son documentaire s'appelle Hávar, tout comme l'association qu'elle a créée pour les Yézidis menacés. Au micro, Tekkal a expliqué le titre de son film et a donné, en lien avec son travail, une nouvelle définition à l'appel à l'aide kurde : "Hávar est un avertissement sur la manière dont on peut finir quand des gens sont réduits à leur religion."

Translated from Háwar heißt Hilfe und sitzt meistens am kürzeren Hebel