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Guerre des étoiles à la Mostra de Venise

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Default profile picture sophie janod

CultureSociété

La 64ème édition de la Mostra de Venise vient de décerner le Lion d'Or au réalisateur asiatique Ang Lee. Le festival a aussi célébré de très belles performances d’acteurs et mis à l’honneur deux films sur l’Irak.

L’imposante boule noire qui occupe cette année la façade du Palazzo érigé sur le Lido et qui se veut un hommage à la scène finale du film de Fellini ’Répétition d'orchestre’ témoigne d’une volonté de changement de la part des organisateurs du festival de Venise. Le nouveau Palazzo du cinéma, dont on discute entre autres polémiques, depuis au moins vingt ans, est sur le point de voir le jour. De l’argent, enfin, il y en a. La volonté politique, cette fois-ci, pourrait tenir son rôle.

Car dans l’impitoyable confrontation avec les évènements concurrents de Cannes et de Berlin, élargir et moderniser les espaces de la Mostra mis à la disposition du public -restés presque intacts depuis l’inauguration du Festival en 1932- reste une nécessité. La Berlinale, par exemple, se déroule dans un des plus grands théâtres d’Europe, le théâtre de la Potsdamer Platz dessiné par Renzo Piano et disposant de salles de 350 à 400 m² pouvant accueillir jusqu’à 1 800 personnes. Le Festival de Cannes, la plus grande manifestation cinématographique du monde avec plus de 30 000 accréditations dont plus de 4 000 journalistes, est le plus imposant.

La superficie du palais des festivals sur la Croisette est d’environ 14 000 m² avec des salles de projections allant de 270 places pour la plus petite à 2 400 places pour la salle du Grand théâtre Lumière. Face à ces mastodontes de l’évènementiel, la Mostra fait figure de lilliputien avec ses 8 salles de projection, la plus grande pouvant accueillir 1700 personnes et la plus petite seulement 50.

Duel psychologique entre Jude Law et Michael Caine

Un premier bilan provisoire de cette cuvée 2007 du festival -qui fermera ses portes le 8 septembre- ne peut faire met à l’honneur les interprétations des acteurs de nombreux films en compétition pour le Lion d’or. Cette année plus que jamais. Cela faisait longtemps en fait que l’on avait pas vu sur les écrans un duo aussi enthousiasmant, énergique et caméléon que celui de Jude Law et Michael Caine dans le long métrage ‘Sleuth’ [Le limier].

Réalisé par Kenneth Branagh, ‘Sleuth’ est le remake d’un film de Joseph L. Mankiewitz de 1972. Tiré d’une œuvre théâtrale magnifiquement mis en scène par Harold Pinter, ‘Sleuth’ raconte l’histoire d’un riche et célèbre écrivain de romans policiers -interprété par Caine dans un rôle immortalisé jadis par Laurence Olivier- et d’un acteur jeune mais sans le sou -Jude Law à la place de Michael Caine lui-même à l’origine-. Tous les deux se disputent l’amour d’une femme, l’épouse de l’écrivain, désormais passée dans les bras du comédien.

Entièrement tourné en intérieur, dans une villa hyper-technologique aux portes de Londres, le film de Branagh a pour seuls interprètes Caine et Law, engagés dans un véritable duel psychologique et physique, assaisonné ça et là d’un sens de l’humour vénéneux. Un jeu dangereux, en trois actes, allant de surprises en surprises, dans lequel les deux adversaires passent alternativement, avec astuce et cynisme, du rôle de victime à celui de bourreau.

L’objectif de Ken Loach face à la précarité

Si ‘Sleuth’ consacre la double interprétation de Law et Caine, le film ‘Michael Clayton’, réalisé par l’américain Tony Gilroy, doit tout -ou presque- à l’acteur américain George Clooney, star proclamée d’un thriller judiciaire au scénario un peu faible, dans lequel l’acteur américain interprète un affairiste passionné de jeux de hasard qui travaille pour l’un des cabinets d’avocats les plus importants de New York. Appelé à de nouvelles responsabilités dangereuses, Clooney se retrouve sur le dossier brûlant d’un collègue, éliminé par les tueurs à gage d’une multinationale responsable de graves crimes contre l’environnement.

A l’instar de son compatriote Brad Pitt dans ‘The Assassination of Jesse James by the coward Robert Ford’ qui prête son charisme et sa personnalité à au célèbre bandit du Far West dans un film un poil trop long (156 minutes).

Autre long métrage en lice, ‘Atonement’, -tiré du roman d’Ian McEwan et réalisé par Joe Wright- qui place sous les projecteurs non seulement la jeune actrice britannique Keira Knightley mais aussi Vanessa Redgrave et Romola Garai.

Pour certains jurés, la meilleure interprétation féminine reste cependant celle de la débutante Juliet Ellis, protagoniste tenace d’ ‘It’s a free world’ du réalisateur anglais Ken Loach, dédié à la précarité du travail. Un thème toujours très présent dans le cinéma de Loach, attaché aux dynamiques contemporaines de la working class.

L’ombre du conflit en Irak

A la Mostra, l’actualité plus brûlante est aussi sur pellicule avec la présentation de deux films sur la guerre en Irak, ‘Redacted’ de Brian de Palma et ‘In the Valley of Elah’ de Paul Haggis. Ces deux longs métrages sont certes différents mais restent similaires dans leur volonté de dénoncer un conflit, qui concerne de plus en plus le microcosme d’Hollywood.

De Palma s’en remet à des acteurs inconnus pour raconter comment la guerre, comme toutes les guerres, ne peut que transformer les soldats en monstres. Haggis -qui avait obtenu un Oscar pour ‘Crash’- exploite de son côté au mieux les talents de Tommy Lee Jones, père d’un militaire tué dans des circonstances mystérieuses à son retour aux Etats-Unis après sa mission en Irak, et de Charlize Theron, une courageuse policière chargée d’enquêter sur l’affaire. Le résultat, sur tous les plans, est excellent.

'Redacted’, avec sa réflexion implicite sur le vrai et le faux que peuvent aujourd’hui nous transmettre les images (de caméras amateurs, de caméras de télévision à circuit fermé, de téléphones portables, de blogs et autres sites web…) est plus expérimental. ‘In the Valley of Elah’, avec son scénario émouvant et sa structure linéaire, semble plus classique.

Crédit des photos : Getty Images

Translated from Venezia, guerra di star