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Grèce : des traces de cendres dans les urnes

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Politique

Les législatives grecques du 16 septembre se sont soldées par une courte victoire des conservateurs. Les socialistes sont les grands perdants du scrutin.

Les incendies de l’été – qui ont coûté la vie à pas moins de 65 personnes –, une série de scandales économiques, les partis pris énergétiques, la persistance de la polémique chypriote et le débat sur l’ancienne république yougoslave de Macédoine ont indéniablement pesé dans le choix des électeurs. Ces sujets brûlants sont un aperçu des délicates questions auxquelles Costas Caramanlis, Premier ministre fraichement réélu et chef de la Nouvelle Démocratie, actuel parti au pouvoir, va être confronté dans les semaines à venir.

Après les législatioves du 16 septembre, le parti majoritaire, Nouvelle Démocratie a été reconduit de justesse et a obtenu 152 sièges dans un Parlement qui en compte 300, perdant 13 députés mais ne s’assurant pas moins un nouveau mandat de quatre ans. Si, avec 42,2 % des voix, la victoire est mince, elle n’en permet pas moins de cantonner l’opposition socialiste menée par Georges Papandreou -ayant recueilli 38,8 % des suffrages- à 102 sièges.

Pas de programme pour un pays qui a besoin de réformes

74% de votants pour ces élections anticipées contre 76% pour les précédentes. En raison des fortes critiques planant sur la gestion des incendies de l'été 2007 – et malgré une aide financière conséquente de l’Union européenne –, Costas Caramanlis a décidé d’avancer le scrutin et de s’en remettre aux électeurs six mois avant la fin de son mandat.

De toute évidence, le parti au pouvoir devait se jeter de toutes ses forces dans la bataille pour faire oublier le mécontentement populaire. En réalité, les scandales et le refus de former une coalition avec les socialistes ont engendré un net report des voix des indécis vers la gauche. Les socialistes du Pasok n’ont pas pour autant su tirer parti de la situation puisqu’ils ont essuyé leur pire défaite depuis 1989.

Avec une population de plus en plus vieillissante, la Grèce se trouve acculée à réformer d’urgence son système de retraites. C’est pour autant elle qui bénéficie déjà, proportionnellement, de la plus forte aide de Bruxelles en la matière. Selon le Baromètre européen des retraites 2006, la Grèce, tout comme la Belgique, la Slovénie, la France et Malte, peut prétendre au titre de plus mauvais élève européen sur le sujet.

Autres chantiers priroitaires : les 200 kilomètres ravagés de la péninsule du Péloponnèse qui ont un besoin urgent de reconstruction et l’éducation, parent pauvre de la politique interne avec seulement 1 % du budget de l’Etat.

Le poids de la question macédonienne

Durant la campagne, les questions européennes et internationales ont été passées sous silence. Pourtant, la Grèce possède l’un des budgets militaires les plus élevés au monde, au cas où l’ennemi millénaire turc viendrait à se réveiller.

Avec un budget qui s’élève à 4,3 % de son PIB, la Grèce figure même parmi le trio de tête européen du pourcentage des dépenses militaires, derrière la Bosnie-Herzégovine (20 % du PIB) et l’ancienne république de Macédoine (10 %).

Il faut bien le reconnaître, la question turque fait plus débat en France que dans une Grèce focalisée sur la brûlante question du nom de la Macédoine. Incroyable mais vrai, ce voisin yougoslave qui poursuit ses négociations pour son entrée dans l’OTAN et l’Union européenne, n’a en effet pas de nom officiel.

Le parti de Costas Coramanlis, la Nouvelle Démocratie, s’est volontairement abstenu d’aborder la question macédonienne aussi bien pendant ses 3 années et demi au pouvoir que pendant la campagne électorale.

L’objectif est bien évidemment d’éviter de réveiller les tendances nationalistes – notamment dans la traditionnellement conservatrice région nord voisine de la Macédoine – et de provoquer par là un report des voix sur le parti d’extrême droite. Ce dernier, franchissant tout juste, avec 3,8 % des suffrages, le seuil des 3 %, a fait son entrée au Parlement pour la première fois en onze ans et a obtenu un contingent de dix sièges.

Une leçon à tirer de cette élection : sachant qu’un seul veto concernant l’ancienne Macédoine suffirait à empêcher l’entrée de cette dernière dans l’OTAN ou l’Union, la Grèce aurait tout intérêt à mettre un terme à ses querelles intestines si elle ne veut pas être isolée en Europe.

Translated from Greeks don't snap in elections