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Géorgie : la télé sexiste est une affaire de fesses

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Chloé Thibaux

Société

Le 9 juillet der­nier, un évé­ne­ment cho­quant s'est pro­duit sur GDS TV [chaîne de té­lé­vi­sion géor­gienne, ndlt] alors que des femmes ont servi d'ins­tru­ments de per­cus­sions. Lorsque les té­lé­spec­ta­teurs ont vu un homme frap­per sur les fesses de deux femmes à moi­tié nues, les cri­tiques n'ont pas tardé à se faire en­tendre.

GDS est une chaîne géor­gienne de di­ver­tis­se­ment, et Bina 18 [ap­par­te­ment 18, ndlt] un de ses pro­rammes. En gé­né­ral, des choses cu­rieuses se passent lors de chaque épi­sode mais le der­nier en date a dé­fi­ni­ti­ve­ment re­tenu l'at­ten­tion des té­lé­spec­ta­teurs. Invité lors de l'émission, Bani - un groupe de mu­sique folk­lo­rique géor­gienne - s'est illustré en frappant sur les fesses de deux jeunes femmes. Comme l'a plus tard ex­pli­qué le pré­sen­ta­teur, il s'agis­sait d'une ex­pé­rience vi­sant à dé­mon­trer que le groupe était ca­pable de jouer des per­cus­sions sur des parties charnues.

Bani à la télé géorgienne, lors de l'émission Bina 18.

Peu après la dif­fu­sion de l'émis­sion, nombre de ré­ac­tions ont été ex­pri­mées par des ONG, Ucha Na­nua­sh­vili, le Dé­fen­seur des droits de Géor­gie et par des femmes sur Fa­ce­book sur des blogs. Tous ré­cla­maient des ex­cuses de la part de la chaîne de télévision.

Le pre­mier à ré­agir a été le Women In­for­ma­tion Cen­ter. Un pa­ra­graphe de la lettre ré­di­gée par le centre et pu­bliée par la suite dans tous les jour­naux en ligne ré­sume assez bien le pro­blème : « Alors que le gou­ver­ne­ment géor­gien a pré­senté aux Na­tions Unies un rap­port concer­nant l'éli­mi­na­tion de toutes les formes de dis­cri­mi­na­tion contre les femmes, la té­lé­vi­sion géor­gienne a dif­fusé un pro­gramme dis­cri­mi­nant en­vers les femmes ». Le WIC a éga­le­ment de­mandé que des sanc­tions soient prises à l'en­contre de l'équipe de pro­gram­ma­tion de Bina 18. Pen­dant ce temps, le Dé­fen­seur des droits Ucha Nan­u­ashvili a af­firmé que « mon­trer les femmes comme des ob­jets est un acte sexiste qui pour­rait avoir de graves consé­quences ».

La té­lé­vi­sion exerce une grande in­fluence sur les té­lé­spec­ta­teurs. C'est pour­quoi il est es­sen­tiel que les chaînes de té­lé­vi­sion fassent preuve de res­pect vis à vis des femmes. Il est re­gret­table que GDS TV et l'équipe de Bina 18 n'aient pas ex­primé le désir de s'ex­cu­ser suite à l'in­ci­dent. En effet, l'un des pré­sen­ta­teurs de Bina 18, Ko­tiko To­lo­raia, a dé­claré de ma­nière iro­nique que la per­for­mance n'était qu'une blague et qu'il était dé­solé si qui­conque en avait été of­fensé. Il a ra­pi­de­ment ajouté qu'il ne com­pre­nait pas pour­quoi on pour­rait s'of­fus­quer d'un tel épi­sode. Après cette dé­cla­ra­tion, les pré­sen­ta­teurs ont fait une  « blague » de plus – une jeune femme les a frappé sur les fesses alors qu'ils di­saient « oh, je me sens of­fensé main­te­nant. Nos droits ont été baf­foués. Nous avons eu ce que nous mé­ri­tions ».

L'ultime blague des présentateurs de Bina 18.

Le 12 juillet der­nier, les membres de la Charte d'éthique des jour­na­listes de Géor­gie pu­bliaient sur leur site in­ter­net une dé­cla­ra­tion à pro­pos de cet in­ci­dent, dans laquelle ils demandent à la chaîne de présenter des excuses. Ce qu'elle ne fera jamais.

Dé­sor­mais, nous at­ten­dons de GDS TV qu'elle ré­ponde aux ré­cla­ma­tions qui lui sont adres­sées. Alors que cer­tains avancent que l'émis­sion a dé­cidé de dif­fu­ser cette per­for­mance sexiste pour faire grim­per l'au­dience, l'équipe de pro­gram­ma­tion sou­tient qu'il ne s'agis­sait que d'une blague. De mauvais goût.

Translated from Georgian Television Refuses To Recognise Its Sexism