Participate Translate Blank profile picture
Image for Future Islands : musique en or beat

Future Islands : musique en or beat

Published on

Translation by:

Manon Leonhart

Culture

Le son du syn­thé et le bruit sourd de la bat­te­rie qui ré­sonnent en cou­lisses pen­dant l’in­ter­view sonnent comme des vrom­bis­se­ments tout droit venus de l’uni­vers. La mu­sique de Fu­ture Is­lands est cosmique et met en orbite les salles du monde entier. À Paris, ils par­tagent les se­crets de leur tour­née sans fin. In­ter­view.

ca­féba­bel: Votre rythme de tour­née fait peur. Vous vous pro­dui­sez chaque jour pen­dant des mois. Com­ment faites-vous ça ?

Fu­ture Is­lands : On boit beau­coup d’eau. Cer­tains disent que la bière, ça aide. On a tou­jours fait des tour­nées ex­trêmes. Mais on se rend compte que ce se­rait mieux d’y aller un peu plus dou­ce­ment. Quand on n’a pas tel­le­ment d’ar­gent, il faut être en tour­née tous les jours. À l’époque où on ne ga­gnait que 50 dol­lars par jours on ne pou­vait pas se per­mettre de faire une pause. Il faut mettre de l’es­sence dans ton ré­ser­voir. Mais quand tu prends une jour­née de libre, tu perds 50 ou 100 dol­lars, parce que tu payes pour une chambre d’hô­tel et que tu dois bien man­ger aussi. C’est dans cet es­prit qu’on a fait des tour­nées pen­dant des an­nées, à tel point qu’on n’ar­rive pas à s’en pas­ser au­jour­d’hui. Sou­dain les 50 dol­lars se sont trans­for­més en 100 puis à la fin en plu­sieurs cen­taines.

ca­fé­ba­bel : Vous avez tou­jours l’air de vous amu­ser sur scène. C'est la réa­lité ou de la simple co­mé­die ?

Fu­ture Is­lands : On veut tout don­ner au spec­ta­teur, parce qu’en fait ça ne dé­pend pas de com­ment tu te sens toi-même. Quand tu passes une mau­vaise jour­née, quand tu es ma­lade ou com­plè­te­ment crevé… ça n’a pas d’im­por­tance quand tu vas sur scène. On ne fait pas d’exer­cice avant de mon­ter sur scène et quand c’est le mo­ment d’y aller on a assez d’éner­gie. La plu­part du temps pen­dant la tour­née tu as juste à at­tendre. On passe la ma­jeure par­tie de notre temps assis dans la voi­ture et on doit at­tendre de faire les ba­lances. On at­tend que le ma­té­riel soit chargé ou dé­chargé et on fait constam­ment la queue pour aller aux toi­lettes. C’est aussi ce stress étrange qui ar­rive quand on fait rien en tour­née. En voi­ture, tu penses par­fois : en réa­lité je de­vrais bos­ser au lieu de pas­ser mon temps à re­gar­der par la fe­nêtre.

Future Islands - « A Dream Of You And Me »

ca­fé­ba­bel : Échan­gez-vous avec des groupes comme Beach House ou War on Drugs ? D’une cer­taine ma­nière vous son­nez un peu pa­reil.

Fu­ture Is­lands : Sû­re­ment pas War on Drugs, puisque jus­qu’il y a en­core quelques mois, on ne connais­sait même pas leur mu­sique. Beach House, ce sont des amis à nous de Bal­ti­more, avec qui nous avons vécu dans une mai­son.

ca­fé­ba­bel : Ça ne de­vient pas en­nuyeux de jouer la même mu­sique chaque soir ?

Fu­ture Is­lands : Par­fois. Mais c’est ja­mais la même chose : tu es dans une autre ville, sur une autre scène, en face d’autres per­sonnes. Tout change chaque soir.

ca­fé­ba­bel : Où les gens sont-ils les plus fous ? 

Fu­ture Is­lands : En France, lors de notre der­nier concert les gens étaient vrai­ment fous et ils avaient énor­mé­ment d’éner­gie. Aux États-Unis, les gens sont en gé­né­ral assez dingues et saouls. En Al­le­magne et en Grande-Bre­tagne, ils sont plus ré­ser­vés et ils ne dansent pas au­tant. Mais aux États-Unis non plus, au­cune ville n’est comme une autre.

cafébabel : Lorsque vous ar­rê­tez de tour­ner, vous ar­ri­vez en­core à vous sup­por­ter ?

Future Islands : Oui, on traîne en­semble. On a vécu en­semble pen­dant quelques an­nées. On est en tour­née pen­dant 160 jours et le reste de l’an­née, on est en­semble dans la même mai­son. Mais on a cha­cun sa propre oc­cu­pa­tion. On est sou­vent dans notre chambre pen­dant deux jours et puis on se re­voit dans le salon.

cafébabel : Votre ap­pa­ri­tion chez David Let­ter­man en mars a-t-elle changé votre vie ?

Future Islands: Let­ter­man n’a pas changé notre vie. C’était un grand hon­neur de nous pro­duire là-bas. Nous étions assez ten­dus. Après ça, plus de per­sonnes se sont in­té­res­sés à notre mu­sique. Mais le plus im­por­tant c’est que déjà huit ans au­pa­ra­vant nous étions comme ça. Nous fai­sons chaque soir la même chose que ce que nous avons fait chez Let­ter­man, avec la même in­ten­sité. Mais notre pres­ta­tion nous a per­mis d’ap­por­ter notre mu­sique aux gens. Et en plus de ça nous avons ren­con­tré des gens com­plè­te­ment dingues.

Future Islands chez Letterman.

cafébabel : Que vou­lez-vous nous dire avec votre nou­vel album Singles ?

Future Islands : Le plus im­por­tant, c’est d'être au centre de l’at­ten­tion. Nous de­vrions nous sou­ve­nir que nous pou­vons trou­ver beau­coup de ré­ponses en nous-mêmes. Mais nous ou­blions ça, par­fois. Quand tu te sens mi­sé­rable et que les gens sont contre toi, alors tu re­mar­que­ras peut-être qui tu es vrai­ment.

cafébabel : Faites-vous donc un appel à la so­li­tude ?

Future Islands : Nous ne croyons pas au fait de faire pas­ser des mes­sages. Nous vou­lons sim­ple­ment par­ta­ger nos sen­ti­ments. Tu dois par­fois t’iso­ler et t’oc­cu­per de toi-même. Per­sonne ne de­vrait vivre sa vie en fonc­tion de mes mots. Plus tu en sais, moins tu en sais en réa­lité.

Sam alias Hem­lock Ernst sait aussi rap­per.

Écouter : Singles de Future Islands (4AD)

Translated from Future Islands: Noch ein bisschen Letterman