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Frédérique Ries et l’Europe : 10 ans déjà

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Bruxelles

Par Benjamin Bodart Voilà déjà plus de dix ans qu’elle arpente les couloirs du Parlements européen, toujours aussi élégante et souriante.

Malgré tout ce temps, Frédérique Ries se souvient encore très bien du moment où elle a troqué son poste de journaliste à RTL pour le monde politique, et l’Europe en particulier : « En juillet 1998, je me suis retrouvée sur le marché de l'emploi, pour faire court, et Louis Michel m’a parlé d’une entrée en politique. J’ai longtemps hésité. On était à neuf mois des élections régionales, législatives et européennes. Je n’ai pas dit oui tout de suite, d'autant plus qu'à cette époque, je n’étais pas Belge, mais Luxembourgeoise. Je ne pouvais donc me présenter qu’à l’Europe. »

On pourrait croire que c’est donc contrainte et forcée par sa nationalité que Frédérique Ries s’est tournée vers l’Europe. C’est loin d’être le cas. Son côté multiculturel a été bien plus déterminant : « Avec un papa luxembourgeois et un une maman flamande élevée en Angleterre, je me sentais déjà très européenne. L’Europe est mon espace, mon biotope naturel. » En plus de se sentir à l’aise, la députée en charge de l’environnement et de la santé connaissait déjà bien tout ce qui touche à l’Europe grâce à son ancienne fonction de journaliste : « Mon passage du journalisme à l’Europe a plus été un changement d’approche qu’une découverte." Elle explique quand même qu’après un temps, une forme de frustration s’installe : « Il arrive que l'on regrette. Pas son choix, mais la façon dont l'Europe est couverte, ou n'est pas couverte, par la presse »

« Façonner le quotidien du citoyen »

Etre au Parlement européen ne veut pas dire s’éloigner du citoyen. Que du contraire même quand on sait que 70% des lois viennent de l’Europe. Frédérique Ries a bien compris ces deux aspects : « Etre député, c’est faire des lois. Et être député européen, même si cela ne fait pas très modeste, c’est faire des lois pour 500 millions de citoyens. On travaille pour ces citoyens, on façonne leur quotidien, même si on n’a pas les moyens de leur fournir directement quelque chose comme les permanences par exemple le permettent à l’échelon plus local. » L’exemple des permanences n’est pas la seule différence avec un homme politique « classique ».

La députée libérale détaille : « Il y a toute une série de différences, l'une d'elles étant le temps de parole. Quand des habitués du fédéral arrivent au Parlement européen, ils sont "sciés" par ce temps d’expression d’une minute, en général, ou 2 quand nous sommes peu nombreux à le demander. Autre grand changement sont, le fait de s’habituer à la traduction. Tout le monde porte des casques et la plupart s’expriment avec une feuille de papier pour essayer d’être concis et de respecter le temps de parole. Tout cela modifie le contenu du débat. Celui-ci est moins agressif que celui de l’homme politique « classique » parce que l’on n'a tout simplement pas le temps de répondre à toutes les critiques. »

« Je suis une question permanente »

Quand on a été journaliste pendant quinze ans, on en garde les réflexes. Frédérique Ries ne le cache pas, elle est parfois difficile à vivre, à remettre tout le temps tout en question : « Je suis une Saint Thomas ambulante, une question permanente. Ce sont mes quinze années de journalisme qui veulent ça. Je ne prends jamais les dires pour acquis. J’écoute « a » et puis j’écoute « b ». Et si ce qu’ils racontent ne correspond pas, c’est ennuyant, mais je vais aller trouver « c ». » Une attitude qui n'est pas celle en politique : « Certains collègues, pas tous évidemment, ont souvent l’impression d’avoir les réponses et pas de question. Le monde politique est plus dans la réponse. Certains devraient sans doute être plus dans l’écoute. »

« On paye tous les jours la notoriété »

En 1999, au moment de son baptême électoral, Frédérique Ries avait récolté 160 000 voix. Un score énorme, sans doute dû à sa notoriété de journaliste. « Il ne faut pas se mentir, ça m’a aidée d’être connue. Il ne faut pas oublier que pendant quinze ans, avec le journal télévisé, j'étais tous les jours dans le salon des gens pendant une demi-heure. La notoriété a été un raccourci, un formidable accélérateur. » Mais si cela l’a aidée, elle a aussi fait pas mal de jaloux : « Même au sein de mon propre parti. Je connaissais pourtant bien le monde politique mais en tant que journaliste.

Je connaissais "l'appartement témoin"! Après j’ai appris à connaître l’homme. Une partie de mes anciens collègues étaient sceptiques et se demandaient ce qu’un des leurs allait faire en politique. Donc cette notoriété, au début, on la paye tous les jours. Il faut prouver ses compétences et construire une nouvelle crédibilité. » Une crédibilité qui aujourd’hui est difficilement discutable. En effet, Frédérique Ries est actuellement Rapporteur en commission Environnement sur la proposition de Règlement du Parlement européen et du Conseil concernant les aliments destinés aux nourrissons et aux enfants en bas âge ainsi que les aliments destinés à des fins médicales spéciales. En plus de se consacrer énormément à ce rôle, l’eurodéputée est également membre de deux Commissions ainsi que de quatre Délégations.

Après plus de dix ans à construire l’Europe, on peut dire que Frédérique Ries a réussi à se forger une belle carrière politique tout en gardant ses réflexes de journaliste, n’en déplaise aux sceptiques et aux détracteurs de ses débuts.

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Translated from Frédérique Ries: „Ich bin ein wandelndes Fragezeichen“