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Festival AlimenTerre : une main tendue à l'initiative citoyenne

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Bruxelles

2014 fut décrétée « année internationale de l’agriculture familiale ». L’Europe s’entête cependant à négocier des accords commerciaux qui la condamnent à disparaître. Dans ce contexte, le festival « AlimenTerre » a résonné à Bruxelles ce weekend comme un prodigieux rappel à l’ordre. 

Projection de films, animation de débats, forums de discussion et même ateliers de cuisine … cette année encore, l’équipe de l’ONG belge SOS Faim[1] invitait son public à comprendre les enjeux complexes de l’agriculture et de l’alimentation dans le monde via une série d’activités stimulantes et créatives. Au centre de leur projet, l’idée que lutter contre la faim dans le monde commence par la défense de l’agriculture familiale, contre un modèle de développement agro-industriel : « Nous pensons que l’objectif n’est pas de remplacer l’agriculture familiale par l’agriculture agro-industrielle, mais d’approfondir l’agriculture familiale, de lui donner les moyens d’investir. Elle a encore un potentiel de développement inimaginable », explique Jean-Jacques Grodent, directeur de l’information chez SOS Faim.

Véritable valeur ajoutée du festival depuis deux ans, le Forum des Alternatives[2] ménage au public un espace où se mobiliser et réfléchir ensemble à de nouvelles manières de produire et de consommer : « On voulait pouvoir répondre à la question des gens qui nous demandent : « Mais qu’est-ce qu’on peut faire nous ? » On pense que si on arrive à revaloriser le circuit court et le paysan ici, ça va enchainer un mouvement de revalorisation des circuits courts et du paysan là-bas » (i.e. dans les pays du Sud, ndr), nous explique Maryse Williquet, qui travaille au volet Nord de SOS Faim.

Planter pour résister

Ainsi, le forum accueillait cette année cinq porteurs de projet venus présenter leur initiative autour de l’agriculture paysanne et du circuit court. Parmi eux, José Veys, actif au sein de l’asbl « Les Jardins de Pomone », clame son insubordination à un système qu’il juge néfaste pour l’environnement et pour la santé. Le symbole de sa résistance ? La graine : « Chez nous c’est essentiel, parce que c’est un patrimoine universel : c’est quelque chose qu’on ne peut pas nous prendre, ça n’est pas une marchandise, et ça ne peut pas être privatisé comme on a tendance à le faire aujourd’hui. Donc nous produisons de la graine. Et dans bien des cas nous sommes des rebelles, nous sommes en infraction par rapport à la législation, nous le revendiquons. Mais nous continuerons quand même. » Et ce jardinier insoumis d’inviter chacun à cultiver chez lui, à son échelle, pour renouer le lien rompu à la terre et au patrimoine, pour reprendre le contrôle sur son alimentation et répondre par l’autarcie aux lois du libre-échange.

Les intervenants et le public étaient ensuite invités à discuter ensemble de la viabilité et des limites de ces dispositifs citoyens. Parmi les problèmes soulevés, celui du processus d’autogestion : comment gérer et coordonner le travail au sein d’un modèle coopératif quand les acteurs sont nombreux ? Comment pérenniser ce type d’initiative, et comment mettre en place des réseaux fiables à l’abri de toute intervention mercantile ? José, pour sa part, souhaite pouvoir considérer les associations et les coopératives citoyennes comme des relais provisoires des pouvoirs publics, dans l’attente que ceux-ci prennent les choses en main. D'une part, le forum ouvrait des perspectives à l’action directe, locale, quotidienne des citoyens désireux de participer chez eux à un modèle agricole durable. D'autre part, il visait également à informer sur les préoccupations des organisations paysannes du Sud, et à défendre leur position et leurs priorités face aux politiques agricoles menées par les décideurs belges et européens. Les films projetés traitaient ainsi de diverses problématiques, comme les conséquences de la réquisition des terres par les grands groupes agro-alimentaires, ou l’investissement de l’aide humanitaire par le secteur privé.

On sort stimulé et optimiste de ces rencontres, qui constituent un véritable pied-de-nez au sentiment d’impuissance souvent ressenti face à des problèmes jugés trop complexes ou trop lointains. Dans un monde globalisé où l’action locale peut avoir des répercussions de l’autre côté de la planète, il faut revaloriser le pouvoir du geste et de l’engagement citoyen. Et rester informés.

Pour aller plus loin :

A LIRE !  Pablo Servigne : « Nourrir l’Europe en tant de crise : vers des systèmes alimentaires résilients » 

A MANGER ! Un petit guide pratique de cantine durable, édité par Simply Food.

MOBILISONS-NOUS! Venez planter des pommes de terres avec les Patatistes!  

VIVONS AUTREMENT ! L'ecoiris, une monnaie alternative dans votre quartier !

[1] ONG belge de coopération au développement engagée dans la lutte contre la faim dans le monde via le soutien à l’agriculture familiale. Travaille avec des associations locales et des collectivités de paysans. 

[2] Un événement co-organisé par Quinoa, Oxfam-Magasins du Monde, Rencontre des Continents et SOS Faim.