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Felixita, la nouvelle vague de la pop française

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La jeune et pimpante Felixita sort son album Nunuages en juillet 2020. Sur un style pop relax, la jeune maman plonge l'auditeur•ice dans un monde qui berce et qui réveille, un peu comme la mer. À écouter la Niçoise, on sent douceur, force, originalité, nonchalance. En bref, fraîcheur et féminité.

Anne Billoët : Comment et pourquoi tu as commencé la musique ?

Felixita : Je faisais des études de théâtre et j'ai eu un accident de vélo qui m'a immobilisé. Pendant ma convalescence, je suis rentré chez moi et je me suis dit qu'au lieu d'essayer de faire l'actrice et de jouer quelqu'un d'autre, peut-être qu'il faut parler de soi-même. Et j'ai écrit des petites chansons, sur mon piano, et j'ai regardé des petits tutos sur YouTube pour les mettre dans l'ordinateur, et ça a fait des chansons.

A.B. : Qu'est-ce qui te motive ?

F. : J'ai envie de vendre du rêve un peu. Surtout, fabriquer du rêve.

Felixita sur les falaises de Nice
Felixita sur les falaises de Nice

A.B. : Tu aimes beaucoup le mouvement cinéma de la Nouvelle Vague (Varda, Godard, Truffaut, années 70, ndlr). Leur état d'esprit naturel et libre se reflète-t-il selon toi dans ta musique ? Comment fais-tu le lien entre les deux ?

F. : Les couleurs sont belles dans ces films, et souvent, il y a plein d'aventures qui n'ont ni queue ni tête. Il y avait cela, évidemment, il y a eu, je pense aussi, le goût du risque. C'est un peu le cinéma où on se permet des trucs. Et ça c'est clairement ce que je fais dans mes clips. Je me suis quand même fait des bonnes petites cascades et je me suis offert ces jolis petits risques et ça c'est trop cool.

J'étais enceinte de six mois et demi quand j'ai fait la cascade où je danse sur un camion qui avance à 100km/h

Celle qui m'a fait le plus peur et qui n'était pas du tout la plus impressionnante, c'était pour mon clip Nunuages. Dans un des premiers plans, il faut que je saute dans la mer d'une hauteur d'environ 17 mètres. Et moi, je déteste ça. Vraiment, je ne suis pas du tout comme les ados qui adorent sauter pendant tout l'été, qui rigolent... Ça me fait flipper de ouf ! Je ne voulais pas me blesser parce que la cascade avait lieu le premier jour du tournage, mais surtout, il fallait que j'arrive à surmonter ma peur. J'ai appelé la piscine à Paris pour prendre des cours de plongeon. Je suis tombée très rapidement sur l'entraîneur de l'équipe de France - c'est un sport très niche.

Et je me suis retrouvé à la piscine de Montreuil à suivre des cours avec l'entraîneur de l'équipe de France de plongeon, et évidemment, l'équipe de France de plongeon à côté de moi. Les mecs ultra fit, hyper musclés, pas un poil, ultra souples, ultra beaux gosses... Et moi qui n'arrive même pas à sauter du 3 mètres avec mon espèce de maillot une pièce et mon bonnet. Ils ont été hyper patients, tout le monde a applaudi et personne ne s'est moqué de moi. J'ai réussi à dépasser ma peur et j'ai sauté du 10 mètres.

L'autre anecdote cascade, c'est que j'étais enceinte de 6 mois et demi quand j'ai fait la cascade où je danse sur le camion à 100 km/h, et c'est vrai, il n'y a pas de montage. C'était quand même une belle bêtise.

A.B. : Dans ton dernier album tu inverses la célèbre chanson de Jacques Dutronc "J'aime les filles" façon "J'aime les gars". Quelle était la raison derrière ce remaniement ?

F. : On est à une époque où c'est indispensable qu'on commence à compter les points et à observer de plus près la balance [entre les genres féminins et masculins, ndlr]. J'ai eu envie de célébrer nos différences et de rêver à une harmonie collective. Mais évidemment, sur le terrain il y a une équipe adverse, et on est tous différent•es. Mais c'est aussi cette différence qui fait qu'on peut jouer ensemble et mettre des buts, on est complémentaires. Il faut juste qu’on n’oublie pas qu'on joue aussi, nous les meufs.

Dans ma vie de tous les jours et en tant que personne, j'invente mes règles et j'invente mon quotidien et les gens qui m'entourent, que ce soit du sexe masculin ou féminin respectent ça. En tout cas, je me suis donné les moyens pour qu'ielles le respectent.

A.B. : Mais aujourd'hui, tu sais, il y a pas mal d'artistes qui pensent un peu comme toi et qui essayent de créer leur propre place. Je pense par exemplee à L'Impératrice avec leur titre Peur des filles, Hoshi avec son album Amour Censure, Angèle évidemment... et puis toi aussi. Ça compose une nouvelle scène, à ton avis ? Tu l'appellerais comment, cette nouvelle scène ?

F. : Je dirais que le point commun, c'est que tout le monde arrive à s'amuser d'un sujet qui est très sérieux. Je n'aurais pas un nom en particulier, mais je pense que c'est ça qui nous relie toutes et tous.

Il était temps que cette scène émerge. Les réseaux, la presse, les chansons, le cinéma, tout coïncide pour que nous nous fassions entendre.

Dans ma vie de tous les jours, j'invente mes règles et ceux qui m'entourent acceptent ça.

Le rôle de la culture, évidemment, est important. De tous temps, la culture est le reflet de la société. C'est un témoignage contemporain et elle permet de dénoncer des choses, de proposer des solutions.

A.B. : Si tu devais créer une scénographie pour le concert de tes rêves, elle ressemblerait à quoi ?

F. : Déjà, un concert de piscine ce serait ouf ! J'avais déjà pensé à comment faire un concert en bateau. Avec plein de gens qui sont dans plein de petits bateaux et moi qui suis sur un autre petit bateau et tout le monde pique-nique et en même temps tu regardes ton concert et tu peux te baigner et jouer au water-polo. Et écouter de la musique et rigoler. Sinon, j'avais pensé à un champ de blé, avec de la pluie à certains moments du concert et à la fin une bonne dose de pyrotechnie.

De tous temps, la culture est le reflet de la société

A.B. : La thématique de la mer est hyper importante pour toi. Comment tu l’explique ?

F. : Je suis Niçoise, j'ai grandi au bord de l'eau et parfois, je vais me balader dans la mer, je fais de la mono palme, de l'apnée, et j'aime ça. Quand j'ai sorti cet EP, c'est ça qui a resurgi. Peut-être que le prochain s'adossera à un autre élément, en tout cas si vous voulez venir vous baigner à Nice qui que vous soyez vous êtes les bienvenus !

Felixita sur son lit flottant
Felixita sur son lit flottant

A.B. : Comment tu te sens quand tu es dans l'eau ?

F. : Je me sens trop bien parce que déjà, il y a le silence. Il y a un silence qu'on ne retrouve pas dans les villes, et tout est un peu ralenti. En tout cas, les mouvements dans l'eau sont ralentis et j'aime bien cet effet parce que je flotte et je me sens libre.

A.B. : C'est un peu la sensation que tu veux donner à tes auditeurs ?

F. : Si j'avais des auditeurs qui me disaient « j'ai écouté Nunuages et je me suis senti libre, j'ai écouté ton EP et je me suis senti nager », je serais hyper contente.

A.B. : Tu es maman, en quoi avoir un enfant a eu un effet sur la musique que tu produis ?

F. : D'avoir eu un enfant avec un homme, j'ai fait le choix de ne faire aucun compromis. À ce jour, je suis contente parce que j'ai amené mon enfant partout. Je me suis laissé le choix de, quand bien même j'étais hyper enceinte, même si tout le monde me disais "t'es une malade de faire ça", de faire la cascade, de filmer mon clip, de me mettre dans des tâches de travail aussi, de aussi parfois dire "non, j'ai besoin de temps pour nous et d'allaiter". L'allaitement, on ne se rend pas compte aussi mais c'est un vrai délire. Je pense que ça va dans mon univers artistique parce que ça va dans cette idée que chacun est libre de dire "je me donne les moyens de faire entrer des ronds dans des carrés".

L'allaitement, on ne se rend pas compte mais c'est un vrai délire

Et les gens vont vous dire "ça, c'est pas possible" ou qui vont dire "il faut pas faire comme ça" ou qui vont être agressifs, ou avoir des actes complètement déplacés et des violences. Il faut juste apprendre à se protéger, à écarter, à dire "non ça je l'avais senti dès le début".

A.B. : À propos de concerts, à quand le prochain?

F. : Affaire à suivre ! (rires)

Story by

Anne Billoët

French journalism student, Anne loves music (a world without disco, Hamza and the Red Hot Chili Peppers can not exist), feminism and what's hot and crazy in this world. She really doesn't understand the fear of change and the hate born of comparison.