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Faut-il parler anglais pour être citoyen européen ?

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Default profile picture Matejko

NoWay!

La question pourrait paraitre incongrue vu que la citoyenneté européenne est inscrite dans le marbre de nos traités européens, mais en cette période électorale, elle mérite d’être abordée à la lumière de nombreuses initiatives citoyennes…anglophones avant tout. Votez, votez, votez pleaaaaaaaaaaaase.

Tel est le leitmotiv des tenants de l’européanisme alors que l’échéance du mois de juin arrive à grand pas. Pour montrer au citoyen labda qui hésite entre sa partie de pêche et le bureau de vote, certains se mobilisent. Parmi les derniers appâts, nous pouvons relever la vidéo de la Fondation pour l’innovation politique copiant un spot de la campagne américaine ou des sites permettant de connaitre l’activité des députés.Leur point commun ?Tout est en langue de Shakespeare, ce fameux anglais qui semble dominer le monde linguistique. En lisant cette remarque, certains diront : ... Sauf que non. Ici à Noway !, nous vivons très bien le statut de la langue française, se félicitant qu’elle ne subisse pas le massacre quotidien à la globish (= english à la sauce globalisée, avec tortures grammaticales en tout genre du fait de connaissances souvent approximatives).

encore un français qui ne supporte pas que sa langue soit délaissée, il ne dirait pas la même chose si tout était en Molière

Derrière cette réflexion, une question se pose : peut-on construire un semblant de démocratie européenne avant cette unique langue ? Autant vous dire, ici on pense que non. Pourquoi ? Car qui parle anglais ici ? Hormis les Britanniques et les Irlandais ? De ceux qui pensent que tout le monde le parle (hormis les Français selon le stéréotype), autant dire qu’ils se trompent. L’aveu vient des institutions européennes elles-mêmes. Selon une étude Eurobaromètre de 2006, Autrement dit : 62% ne le parlent pas. Et parmi les 38%, combien le parle vraiment ? Tenir une conversation en globish avec un espagnol d’accord. Mais lire un article de presse, un peu complexe ou avoir une conversation avec un Ecossais ayant un accent à couper au couteau, combien en réalité ?

« 38% des citoyens de l'Union européenne affirment qu'ils ont des connaissances suffisantes en anglais pour tenir une conversation ».

C’est bien là tout le problème : ces projets anglophones ne toucheront que ceux qui ont l’anglais pour langue maternelle (et qui ne sont pas forcément les plus favorables à la construction européenne) et le petit monde européen des grandes villes rôdé au plurilinguisme. Conséquence de quoi, le citoyen moyen, classe moyenne, n’aura pas accès à ces informations alors que c’est lui le cœur de l’électorat, de la démocratie. Produire des initiatives citoyennes en langue anglaise, c’est exclure de facto, cette immense majorité, pour qui l’UE se fera dans leur langue maternelle ou ne se fera pas.Qu’on ne mette pas ça sur le dos des systèmes éducatifs défectueux. Là n’est pas le problème. C’est aussi une question de respect de la diversité linguistique de notre continent. Jetons un coup d’œil à la Belgique, où 130 ans de domination francophone a fissuré l’unité nationale. Imaginez les conséquences pour l’UE.A l’inverse, les ennemis de l’Europe, eux ne se gênent pas pour tout délocaliser en dialectes locaux. Prenez l’exemple de Libertas avec ses campagnes nationalisées. Alors à quant le pari du multilinguisme ?Certains diront que ce n’est pas réalisable. Pourquoi dont ? C’est vrai que 5% de la population active de l’UE risque de devenir traducteur, mais après tout, c’est une solution au chômage comme une autre. Source: Eurobaromètre, .

Les Européens et les langues, février 2006

   

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