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Examen surprise pour l’Europe

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Société

Ils ne sont pas encore arrivés à l’université et s’interrogent déjà sur l’identité de l’Europe. Rencontre avec des lycéens de l’école européenne de Séville. Croient-ils au rêve européen ?

(S.D.M)Juan Antonio, Alejandro, Pati et Isabel sont Espagnols, Eleni est Grecque, Dino est Argentin. Tous sont des adolescents privilégiés. Ils étudient à la European International School, un des centres éducatifs privés de Séville qui donne plus d’importance aux langues et au cadre international de l’enseignement. À quinze ans, ils connaissent déjà plusieurs pays à l’intérieur et hors d’Europe : la France, l’Italie, l’Allemagne, la Hollande, le Maroc et les États-Unis sont quelques-uns des lieux qu’ils ont visités.

Ces jeunes font-ils partie d’une nouvelle « eurogénération » ? Pour Lola Caraballo (tutrice de troisième et professeur d’histoire), il n’y a pas de doute. On perçoit chez eux, un petit air européen : ils valorisent l’importance des langues, voyagent beaucoup et se rendent compte combien il est facile de se déplacer dans l’Union ou de payer avec une même monnaie, sans avoir à penser au taux de change. « S’ils ne croient pas plus en l’Europe, c’est à cause de la vision de désunion qui en est constamment donnée dans les médias, nous explique-t-elle, au niveau social, en revanche, ils ont une plus grande conscience européenne : ils savent qu’un jeune de leur âge dans un autre pays d’Europe écoute la même musique, s’amuse de la même manière… »

La voix des adolescents

(S.D.M)« Je crois en l’unité de l’Europe, même si je me sens un peu plus Espagnole qu’Européenne. Je crois qu’il faut lutter pour apporter des améliorations, mais que comme base, c’est déjà bien. Si nous travaillons tous pour un même objectif, il sera plus facile de l’atteindre. » Isabel est la plus rêveuse du groupe. Pour elle, il ne semble pas y avoir d’utopie qui ne puisse se réaliser : « Il faut croire au fait que l’on peut obtenir des choses. Sinon, comment va-t-on les obtenir ? » Dino semble d’abord un peu pessimiste, il croit que l’Europe est pleine de préjugés et de personnes incapables d’oublier le passé. Qu’en est-il du futur ? « J’espère que nous arriverons à être unis, mais sans jamais perdre les caractéristiques de chaque pays. S’il faut les sacrifier, alors je ne sais pas si cela en vaut la peine. » Une Union qui grandit avec des alliances dans la diversité, lentement, en incluant de plus en plus de pays en son sein, car « il semble que ce soit bien que nous soyons de plus en plus nombreux. »

Pour tous, il semble évident que dans l’Europe, c’est mieux. Mais que devrions-nous faire avec les frontières extérieures ? « Il ne faut pas faire de l’Europe une forteresse, mais aider à ce que d’autres aient dans leur pays ce que nous avons ici », répond Alejandro. Les autres acquiescent tandis qu’il parle. « Le monde est déjà assez séparé pour vouloir encore plus le séparer en durcissant les frontières hors de l’Europe. Isoler l’Europe du monde serait une erreur, car l’Europe a toujours été un référant pour le monde et elle doit donner l’exemple », ajoute à son tour Dino. « Le rêve européen est plus une illusion pour ceux qui émigrent vers l’Europe que pour nous qui vivons ici. » En parlant, Dino pense à des pays comme l’Argentine dont il est originaire. Pour eux, il faut aussi rendre réelles certaines utopies, « même s’il y aura toujours des gouvernements que ça n’intéresse pas », nuance Pati.

Un nouveau monde d’opportunités

(S.D.M)

Connaître différentes langues est pour ces jeunes quelque chose d’essentiel. Pour Eleni « maintenir les langues comme part de la culture est important, mais il faut aussi connaître l’anglais, qui non seulement t’aide à communiquer mais qui est important pour ton futur, pour pouvoir étudier dans d’autres endroits. » Pour Pati c’est évident, « plus tu connais de langues, plus de portes s’ouvrent. Tous les pays devraient être au moins bilingues ».

De plus, ils considèrent qu’augmenter le niveau d’anglais peut aider à donner une meilleure image du pays. Ils commencent à rêver. Et si on créait une nouvelle langue pour l’Europe ? Juan Antonio met un point de réalisme : « C’est un très beau projet, mais ce serait trop difficile. » À ses côtés, Alejandro reste pensif : « Il faudrait presque ce soit la matière principale, et ceci prendrait trop de temps ».

Ils sont conscients que la connaissance d’autres langues leur a facilité les choses dans les voyages qu’ils ont faits, et ils espèrent que cela leur fournira un nouvel éventail de possibilités, d’endroits où étudier et travailler. « Ce qu’il y a de mieux dans le voyage ? Que ça t’ouvre l’esprit, tu vois que l’Espagne, ce n’est pas le monde », pense Alejandro. Pati sourit : « Moi aussi je le crois, même si c’est quand je quitte l’Espagne que je me sens le plus patriote. »

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