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Entre l'Italie et la Slovenie, le référendum reste une énigme politique

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Matthieu Amaré

Politique

Avant, le manque d’information et la faible participation rendaient compte d’un désaveu des citoyens envers le référendum, jugé futile. Les résultats inespérés du référendum organisé en Italie, le 12 et le 13 juin, ont cependant érigé l’une des plus anciennes formes de démocratie directe au rang de solution politique.

Le faible taux de participation a souvent semé le doute sur l’efficacité des référendums, entendus comme moyens d’exercer la souveraineté du peuple. En Italie, par exemple, sur 62 référendums organisés à ce jour, seule la moitié a atteint le quorum (le seuil minimum d’électeurs requis pour valider le vote), débouchant ainsi sur des effets juridiques. Au cours des quatorze dernières années, le quorum n’a jamais été atteint. Ce n’a pourtant pas été le cas entre le 12 et le 13 juin lorsque 25 millions d’Italiens se sont réunis pour abroger quatre réformes différentes. Par quatre fois, ils ont participé pour dire « non » à la mise en place de nouvelles centrales nucléaires. Ils ont dit « non » à la privatisation et à la commercialisation de la gestion de l’eau. Ils ont également dit « non » à la dispense juridictionnelle accordée aux politiciens quand ces derniers sont appelés à comparaître.

Pourquoi ne parlez-vous pas de mon référendum ?

Inutile de dire que ces résultats représentent un pied de nez à la classe dominante. Dans la période qui a précédé le référendum en Italie, beaucoup de militants avaient accusé les médias traditionnels de ne pas suffisamment couvrir les questions qui préoccupaient les citoyens. Certaines critiques allaient jusqu’à parler de complots orchestrés par le gouvernement afin de saboter le vote populaire. En dépit de ces conditions défavorables, le résultat final a de loin dépassé leurs attentes. De fait, dans la foulée de ce succès inattendu, le référendum peut profiter de cet éveil démocratique. Souvent négligée, l’une des plus anciennes méthodes d’appréhension de l’opinion publique peut désormais compter sur de nombreux partisans parmi un large éventail de groupes d’intérêts, même les plus sournois. Pour autant, le référendum est un travail de longue haleine. Et rassembler la quantité de signatures n’est pas nécessairement le plus grand écueil. Le véritable défi, c’est de convaincre les citoyens à voter, mais aussi, les aider à comprendre le caractère utilitaire de leur vote. La formulation des questions est parfois si complexe que quiconque peut se perdre dans un jargon juridique qui biaiserait l’intention première du votant. De toute évidence, le référendum ouvre la porte à de sérieux risques de manipulation.

La formulation des questions est parfois si complexe que quiconque peut se perdre dans un jargon juridique qui biaiserait l’intention première du votant.

Les référendums sont la marque d’avancées importantes dans l’histoire sociale et politique des pays comme l’Italie. La loi sur le divorce est un exemple éloquent. Après avoir été proposé, le texte a été soumis à l’approbation citoyenne lors du référendum de 1974 et finalement maintenue à 59% des voix. Par contre, gare à son usage systématique. En un seul weekend, les citoyens slovènes se sont vus proposés trois référendums. De l’allongement du départ à la retraite à la question de la radiodiffusion, la méthode, trop souvent répétée, a conduit à une sévère critique de son utilisation, alors qu’elle se proposait d’être un outil vers le renouveau politique.

Votez non est-il antidémocratique ?

Dans d’autres parties de l’Europe, les référendums sont rares mais pas impossibles. Ils ont, cela dit, joué un rôle important dans le processus d’intégration européenne. Et souvent signifié le rejet des réformes. La Norvège, par exemple, a organisé deux référendums sur l’adhésion à l’Union européenne (1972 et 1994) ponctués par deux « non ». Les référendums en France et aux Pays-Bas ont repoussé le traité constitutionnel en Europe. En 2008, le « non » irlandais a retardé d’un an l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne. Peu importe les résultats, l’importance d’un référendum se situe dans la nécessité de sortir du statuquo politique et d’appeler la société civile à se prononcer pour le changement. 

A un moment où les citoyens européens, en particulier la jeunesse, se sentent de plus en plus déconnectés de la sphère politique et tandis que les places d’Europe constituent autant de réceptacles à l’indignation, les référendums peuvent encore être la meilleure façon de promouvoir la démocratie participative. A ce titre, le traité de Lisbonne prévoit un nouvel instrument appelé l’initiative citoyenne européenne (ICE) qui permettrait à un million de citoyens, réunis par n’importe quel État membre, de faire appel, via une pétition, à la Commission européenne pour qu’elle mette en œuvre de nouvelles propositions législatives. Jusqu’à maintenant, cette option n’a jamais été promulguée. En revanche, un comité, fraichement constitué, a d’ores et déjà rallié plusieurs fervents militants de manière à ce que l’ensemble des citoyens européens puisse profiter pleinement de cette initiative à compter du 1er avril 2012.

Photos : (cc) Lomo-Cam' aka Cameron Russell on Flickr/ CamRussPhoto

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Translated from Between Italy and Slovenia, Europe referendum conundrums in 2011