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Electricité et concurrence: de l'eau dans le gaz!

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Le zinc de l'Europe

L’autre jour, je discutais avec mon voisin de palier à propos du prix de l’eau. Pour ceux qui sont pas au courant, l’eau courante c’est un exemple rêvé pour les alter mondialistes et autres rebelles de salon de tout poil pour critiquer les politiques de libéralisation.

Ca a fait monter les prix, ça a crée des gros capitalistes plein de sous, qui en plus vont maintenant faire du fric dans le Tiers-Monde ! L’horreur, quoi…

Pourtant, la libéralisation, sur le papier, c’est super. Plus de concurrence, plus d’efficacité. Fini les procédures interminables et la paperasserie sans fin. Surtout, quand les mecs ils doivent chercher leurs clients et plus attendre qu’ils arrivent tous cuits, tout d’un coup ça leur fait tout drôle et ça les poussent à être plus conciliants. Tout devrait donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Mais le problème c’est que ça marche pas toujours comme ça. Si on parlait de la libéralisation des tomates ou de la baguette de pain, y’aurait pas de problème. Mais là, on parle gros investissements, avec des tubes, des centrales d’assainissement et tout et tout.

Donc, forcément, ça se bouscule pas au portillon. Résultat, en France, on en est resté avec nos deux bonnes vieilles boîtes publiques, qui appartiennent maintenant à des grands groupes internationaux. Et quand on est que deux et qu’on a le marché de 36 000 communes à se partager, ça vaut franchement pas le coup de se cailler le sang à faire de la concurrence sur les prix. Y’a rien à gagner et tout à y perdre. Résultat, les communes prennent ce qu’on leur donne, et qui c’est qui casque à la fin, c’est bibi !

Et à tous les coups ça va être la même chose avec l’électricité. Le marché est soi-disant libéralisé depuis le 1er juillet dernier pour tout le monde, mais c’est encore EDF qui domine en France. Ils ont encore tout le réseau de distribution et surtout l’essentiel du parc de production, en particulier les centrales nucléaires. Le seul truc maintenant, c’est qu’ils ont le droit d’avoir des prix non réglementés. D’un monopole public, on passe à un quasi-monopole privé. Bravo les gars, beau travail, du grand art !

La Commission européenne s’est donc réveillée et veut proposer aux Etats membres de l’Union européenne se forcer leurs anciens monopoles à séparer la production de la distribution, ce qui ouvrirait les portes à de nouveaux concurrents, pour que les marchés fonctionnent. Et qui est-ce qui vient avec ses gros sabots pour gueuler contre l’idée, la France bien entendu ! Bah oui, on a un gros monopole à défendre, quand même ! Oups, pardon, un « champion national », c’est comme ça qu’il faut dire maintenant…

Encore une fois, les fonctionnaires européens, ils ont des bonnes idées. Le seul truc, c’est que ce serait bien qu’ils les présentent dans l’ordre. C’aurait pas été mieux de réfléchir d’abord à créer un vrai marché de l’électricité, avant de le libéraliser ? Comme d’hab’, l’Europe c’est un peu la charrue avant les bœufs…