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Élections en Serbie : le jeu des chaises musicales

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Politique

Les citoyens serbes se retrouvent face à un long dimanche électoral ce 6 mai. En plus des élections législatives, les électeurs peuvent aussi cocher la case de leurs représentants municipaux. Et le président serbe Boris Tadić, avec sa démission anticipée début avril, a en plus ouvert le champ à la tenue de l’élection présidentielle ce même jour.

Pour lui et pour son Parti Démocrate (Demokratske Stranke, DS), qui mène au Parlement une coalition pro-européenne, tout l’enjeu est là.

C’est une décision tactique qui a poussé le président serbe Boris Tadić à lancer ce défi dans l’arène électorale. Malgré la chute libre de son parti (DS) dans les sondages, la popularité de cet homme politique de 54 ans, pro-occidental, n’a fait que grandir. Mais son rival Tomislav Nikolić du Parti du Progrès Serbe (Srpska napredna stranka, SNS) semble en position de force depuis sa volte-face inattendue : il est passé d’une ligne politique durement nationaliste à une approche clairement favorable à l’UE. Nikolić, du haut de ses 60 ans, tente de surfer sur la vague du processus accéléré d’intégration à l’UE, qui est lié pour beaucoup de Serbes (pas tous, naturellement) à l’espoir d’une relance économique et sociale.

Rejoindre l’UE

Ses nombreux crimes de guerre imputés à d'autres/ Son implication dans la guerre de Bosnie / Le massacre de Srebrenica... Mladic est multi-tasking.Le 1er mars de cette année, le Conseil de l’Europe a officiellement prêté le statut de candidat à la Serbie, après avoir constaté des progrès tangibles dans tous les domaines « critiques » – entre autres, les relations avec le Kosovo. Le mérite de ce processus d’intégration à l’UE - qui va en s’accélérant - revient à Boris Tadić, pour qui l’extradition du criminel de guerre Ratko Mladić fin mai 2011 a constitué à la fois une victoire personnelle et la preuve que la Serbie s’engage à une coopération inconditionnelle avec la Cour pénale internationale pour l’ex-Yougoslavie.

Mais les manifestations de son succès s’arrêtent là. Les élections du 6 mai pourraient marquer un tournant dans ce pays qui souffre cruellement du processus de privatisation amorcé en 2000, l’économie et l’industrie ayant été jusqu’alors essentiellement étatisées. Les problèmes économiques et sociaux se sont aggravés depuis la crise financière mondiale : avec la baisse des transferts et des investissements directs étrangers, la Serbie doit faire face à un taux de chômage qui dépasse les 20% et à une quasi-absence de perspective pour les jeunes. La population serbe ne fait pas un bon bilan de la coalition gouvernementale menée par le DS.

La stratégie des chaises musicales

Le candidat du Parti du progrès nationaliste SNS profitera-t-il de la mauvaise posture dans laquelle se trouve le DS ? Cela reste à voir. Le changement qui l’a fait passer de nationaliste radical à représentant modéré du peuple manque de naturel. Certes, Nikolić a quitté dès 2008 le parti radical du criminel de guerre Vojslav Šešelj, incarcéré à La Haye. Mais le SNS, son parti, s’est surtout fait connaître pour ses slogans nationalistes (mettant en avant le concept de Grande Serbie) et ses campagnes de calomnies contre les Serbes musulmans, les homosexuels et les penseurs alternatifs, tous largement relayés par les médias.

La vision de l’État voisin, le Kosovo, reste elle aussi très intéressante. L’indépendance de cet État qui a fait sécession avec la Serbie n’est toujours pas reconnue – et sur ce point le DS et la SNS convergent. Le projet de tenir des élections dans les communes à forte population serbe a été annulé à la suite des protestations du gouvernement kosovar. Ce sont des positions incompatibles, qui s’affrontent sur la question des élections dans le Nord-Kosovo et mènent à une agitation internationale. Mais l’Union européenne et ses États membres agissent eux aussi un peu au coup par coup. De peur que le conflit connaisse une escalade, le 1er mai, 550 soldats allemands et 150 soldats autrichiens seront envoyés en renfort dans le Nord-Kosovo, tous de la KFOR, le groupe d’intervention de l’OTAN. C’est une retraite (un retrait ?) de la retraite : les soldats de la KFOR viennent d’être retirés de la région tout récemment.

Photo : Une (cc)DIS PATCH Festival/flickr; Wasted Yugo-Youth (cc)Exit Festival/flickr; Graffiti de Mladic (cc)Juan C Garci­a Lorenzo/flickr

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