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Dé(route) vers le paradis

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Société

Pubs choc, armada de flics ou co-voiturage ? Depuis quelques années, les initiatives pour lutter contre l’insécurité routière se multiplient.

« Si tous les hommes sont égaux, dans la vie, il faut mieux être une femme néerlandaise de plus de trente ans conduisant une voiture neuve, qu’un motard irlandais de moins de 20 ans ou un jeune piéton polonais vivant à la campagne. » La citation est de Coluche dont l’humour n’empêchera pas la mort, à 41 ans, à moto sur une route du sud de la France. Chaque jour qui passe voit la mort de près de 115 personnes supplémentaires sur les routes des Vingt-Cinq. Pourtant, les moyens de lutter existent.

La pub

C’est une ligne de communication « dure » qui est adoptée aujourd'hui dans la plupart des pays européens pour promouvoir la sécurité routière : images chocs, films violents, visions réalistes d’un accident ou victimes réelles…L’objectif reste de marquer les esprits et faire réfléchir les usagers, à l’image de la dernière campagne britannique intitulée ‘THINK !’ « Les campagnes de ces dix dernières années ont permis de modifier l'opinion du public sur le sujet. En avril 2002, pour la première fois, les Français exprimant un sentiment d'insécurité sur la route sont devenus majoritaires. Ils souhaitent un renforcement des sanctions et déclarent vouloir mieux respecter les règles », note Éric Zajdermann, PDG de ‘Stratéus’, une agence d’étude sur l’impact des campagnes de la sécurité routière.

La répression

Les contrôles de police centrés sur les principaux facteurs de risque que sont la vitesse excessive, l’alcool et le non port de la ceinture ont démontré leur efficacité. La France, mauvaise élève européenne jusque très récemment, a ainsi vu diminuer le nombre de morts de 35% de 2001 à 2005, principalement grâce à l’utilisation de radars fixes et mobiles pour lutter contre les vitesses excessives. Des contrôles accrus du respect du port de la ceinture à l’avant et à l’arrière, ainsi que du taux légal d’alcoolémie entre 0,5 et 0,8 g ont également contribué à la diminution du nombre de victimes de la route.

Les amis

Certaines initiatives particulières permettent de lutter contre les comportements dangereux. L’association ‘Voiture & co’ propose un système de covoiturage lors de soirées étudiantes, garantissant un retour au bercail avec un conducteur « clean ». L’association met en relation les étudiants sans voiture et ceux avec voiture, à condition que ces derniers s’engagent à ne pas consommer d’alcool ou de drogue. « Une bonne action nouvelle génération en quelque sorte, à la fois sobre et écolo », comme l’explique Jérôme Narcy, responsable de développement de l’association.

La technologie

La sécurité des véhicules a connu une évolution importante ces trente dernières années avec, entre autres, la généralisation de l’installation des ceintures de sécurité, un meilleur design des véhicules ou le développement de l’ABS (anti-blocage des freins). Si certains constructeurs n’hésitent pas à mettre en avant des gadgets high-tech qui risquent de distraire le conducteur, les technologies simples et bon marché sont trop souvent négligées. Exemples ? L’Intelligent Speed Adaptation (ISA) qui consiste à informer en temps réel le conducteur de la vitesse limite autorisée, en bloquant la pédale d’accélération. Ou l’Alcolock, actuellement testé en France, qui oblige les conducteurs à souffler dans un éthylotest électronique qui n’autorise le démarrage qu’à la condition d’avoir moins de 0,3 g/l d’alcool dans le sang. Autre système qui aiderait à sauver des vies : ‘e-Call’, un système qui émet en cas de crash un signal d’urgence déclenché par les occupants du véhicule sinistré ou par le véhicule lui-même.

L’environnement

Désormais lutte contre l’insécurité routière et écologie sont intimement mêlés. Un partenariat pour l’instant timide qui va au-delà du bon plan marketing. La Ligue contre la violence routière vient de publier un classement des voitures en fonction de leur « citoyenneté ». Le principe ? « Notre objectif est, d’un part, de responsabiliser l’automobiliste en influençant ses choix lors de l’achat d’un véhicule ou en faveur de modes de transport plus économes quand ils sont disponibles et, d’autre part, d’inciter l’Etat à prendre des mesures fiscales afin de minimiser notre impact négatif sur notre environnement, » précise Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière.

L’infrastructure

Les accidents mortels sont souvent concentrés sur des endroits bien connus, comme des intersections dangereuses, des routes départementales longilignes, des voies rapides n’offrant pas d’espace de dépassement sécurisé. Plusieurs solutions sont possibles pour traiter les « points noirs » de l’accidentologie : une meilleure signalisation, l’installation de glissières de sécurité aux bords de la route ou au milieu pour séparer les deux sens du trafic, la construction de rond-point, la construction de pistes cyclables.