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Défense européenne: Obama laisse tomber le bouclier, l'UE aura-t-elle d'autres opportunités?

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Newropeans

Le recul des États-Unis sur le déploiement du bouclier anti-missiles en Pologne et en République tchèque est une opportunité pour affirmer le rôle de l'Union européenne dans la protection de ses frontières, la défense de ses 500 millions de citoyens,  et le lancement d'une réflexion sur la défense européenne proprement dite.

Il appartient à l'Union Européenne et à ses leaders politiques, Conseil et Parlement européen, de répondre immédiatement à ce recul, en affirmant auprès des gouvernements polonais et tchèque qui s'inquiètent de ce "lâchage" en pleine débâcle mondiale, que la meilleure garantie de la  liberté et de l'indépendance de leurs états respectifs restent l'Union européenne elle même, sa capacité à mettre en place les instruments nécessaires pour défendre elle-même en premier lieu, et en toute indépendance, ses citoyens, tous ses citoyens.

Il appartient à l'Union européenne de saisir cette opportunité qui plus qu'un recul des Etats-Unis constitue un appel de la part du président américain Obama à ce que les européens investissent eux-même le champ ainsi laissé libre.

Les citoyens européens, les Polonais, comme les Tchèques se sont battus pour être entendus sur ces projets américains et se sont opposés à une telle ingérence militaire des Etats-Unis sur leur sol, proclamant qu'il s'agissait d'abord d'une question européenne.. Il ne s'agit pas aujourd'hui de rester les bras croisés et d'attendre que les Etats-Unis repartent sur de nouvelles bases et de nouvelles négociations auxquelles les gouvernements polonais et tchèques sont prêts à céder même au rabais.

Car la décision d'Obama n'est pas une décision politique, c'est avant tout une décision économique, quelques soient les négociations secrètes ou non menées avec la Russie. En effet, l'une des promesses du président Bush était d'aider Pologne et République tchèque de reconstituer, moderniser et développer leurs armées respectives, pour les réconforter dans leurs craintes de voir une nouvelle expansion de la Russie, des forces militaires russes à leurs frontières. La crainte des pays de l'est n'est pas tant dans une attaque iranienne, mais bien dans des tentatives de la Russie, d'étendre sa zone d'influence militaire et de vouloir d'une façon ou d'une autre reconquérir certains territoires. On ne peut ignorer la défiance hypodermique que les européens de l'est ont à l'égard de toute tactique diplomatique russe.

La décision d'Obama n'est pas une décision  politique, c'est une décision économique, c'est un retour de l'Amérique sur elle même, une décision de protectionnisme économique américain, personne n'en est dupe.

Par contre politiquement elle laisse aux partenaires européens de la Pologne et de la République tchèque la porte ouverte et le champ libre pour les convaincre que l'Union européenne dont ils sont membres à part entière, est bien la seule structure qui peut leur garantir le respect des frontières et celui du développement de stratégies diplomatiques et de partenariat avec la Russie qui reposent sur l'intérêt des citoyens européens, de l'équilibre géopolitique de son voisinage. Politiquement elle laisse aux partenaires européens de la Pologne et de la République tchèque la possibilité d'affirmer qu'en matière de défense: plus aucun état-membre ne doit pouvoir engager seul de dialogue bilatéral avec Washington ou Moscou: toutes les décisions de défense et de politique étrangère en relation avec les Etats-Unis et la Russie devant être préparées et mises en oeuvre au niveau communautaire. (cf Bases américaines anti-missiles dans l’UE: Qui défend l’intérêt collectif européen?)

Une opportunité dont Obama n'a sans doute pas mesuré toute l'étendue, une opportunité dont l'Union européenne elle-même n'a pas mesuré l'importance. Et pourtant, très vite il sera trop tard, les européens de l'est n'attendront pas que la Russie puisse faire le premier pas.

Marianne Ranke-Cormier

Paris, Arriach (France/Autriche)

Lire:

Bases américaines anti-missiles dans l’UE: Qui défend l’intérêt collectif européen?