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De l'amertume à la douceur - Histoires grecques

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Athènes

Parution en français d'un recueil de nouvelles de l'écrivain grec Christoforos Milionis

Christoforos Milionis (1932-2007) est un écrivain grec important dont l'histoire personnelle est intimement mêlée à l'Histoire nationale. Très apprécié dans son pays, lauréat de plusieurs prix littéraires, traduit dans plus de dix langues, il est enfin traduit en français : un recueil composé de onze nouvelles vient de paraître aux éditions L'Harmattan.

  • 1er extrait

« Je me suis rappelé la première année où j’ai travaillé à Parga, pour désormais gagner mon pain. C’était la première fois que je partais loin des miens, seul dans un gros village isolé, loin du monde, à deux jours de voyage de chez moi – c’est ainsi qu’était alors Parga, rien à voir avec aujourd’hui. J’étais sans expérience du monde comme du travail que j’allais exercer. J’étais un gamin, je n’avais même pas encore été à l’armée. Un hiver rude en plus s’est abattu, avec grand froid et vent du nord. Toute la soirée et toute la nuit j’entendais les vagues se briser avec force sur le môle, puis les cailloux charriés par les vagues qui se retiraient pour prendre leur élan et se jeter à nouveau sur la terre ferme. Ignorant que j’étais des choses de la mer, je ne pouvais pas, dans les premiers temps, me calmer et fermer l’œil à ce grondement. »

  •  2e extrait

« Je me lavais vite fait au lavabo gelé, je mangeais un peu de pain avec des olives, je me couvrais bien avec une écharpe et je montais le sentier vers le marché turc, où se trouvait le collège, installé dans une vieille maison turque. Trois classes en tout et pour tout, dans trois salles, avec un couloir devant et un petit bureau. J’y trouvais le poêle allumé déjà par la femme de ménage qui montait au petit matin, je faisais parfois du café et je regardais en bas la petite ville pittoresque, toute blanche, la « Villa Rouge » sur son flanc oriental, inaccessible, habitée par un couple solitaire et inaccessible lui aussi, et la mer ionienne sans fin, remplie de vagues écumantes dans toute son étendue. J’attendais le Directeur qui, dans son grand âge, souffrait aussi d’asthme, il tardait à venir à bout de la montée, s’arrêtait à tout bout de champ, prenait appui sur l’un ou l’autre tronc d’olivier, sortait son mouchoir et toussait pendant des heures […] »

  • 3e extrait

« À un moment, je constatai que l’heure était avancée, il aurait fallu, depuis un bon moment, que j’aie traversé l’entrée du camp, et j’étais sans permission. Je me levai et le leur dis. Je les remerciai, ils me remercièrent – je m’étais senti comme un autre homme. Quand la sœur du capitaine m’apporta la capote et que je l’enfilai avec le béret, je redevins celui que j’étais vraiment.

‘’Fais attention’’, me dit Platon, ‘’passe par les collines et saute par-dessus les barbelés. Aie l’œil, qu’ils ne t’attrapent pas. Demain matin, bien sûr, je t’en sortirai, mais tu vas passer la nuit en cellule’’.

J’ai traversé les ruelles, dans un clair de lune qui faisait briller les cristaux. Ils tintaient à mon passage comme des verres de cristal, et leurs sons s’unissaient aux sons de la musique qui résonnait encore dans mes oreilles. Manifestement, et sans que je m’en sois aperçu, j’avais bu un peu trop. »

Voir sur le site de l'éditeur.

Broché - format : 13,5 x 21,5 cm

ISBN : 978-2-343-13527-4 • décembre 2017 • 112 pages

EAN13 : 9782343135274

EAN PDF : 9782140052798