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Dans l’intimité de Chagall

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BruxellesCulture

Jusqu'au 28 juin, les Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles accueillent une exposition rétrospective dédiée à l'artiste russe Marc Chagall. Un parcours chronologique réalisé au fil de ses créations et qui nous invite à nous fondre dans l’univers de l’artiste, marqué par les mouvements d'avant-garde, ses origines juives, ses voyages et les événements historiques du XXème siècle.

Environ 200 œuvres provenant de diverses collections privées et publiques du monde entier présentent actuellement aux Beaux-Arts de Bruxelles l'univers personnel de Chagall. Notre parcours commence dès 1908, date des premières créations de l'artiste au sein de son village natal. C’est là qu’il puisera ses influences et sources d'inspiration de tradition russe. On passe ensuite par ses années à Paris et son contact avec l'avant-garde parisienne, pour finir sur ses années d’exil aux États-Unis

Chagall, le juif errant

Marc Chagall (Vitebsk 1889 - Saint-Paul-de-Vince 1985) est sans aucun doute un des artistes les plus représentatifs du XXème siècle. A travers un style très vivant qui lui est tout particulier, l'oeuvre de Chagall témoigne en effet aussi bien des événements personnels de la vie de l'artiste qu’elle se fait la chronique de son temps.

Dans ses créations, on retrouve des motifs liés à la tradition russe ainsi qu’à ses origines juives : le violoniste, le cirque, les rabbins errants, tous réfèrent à sa culture familiale et reflètent sur le mode métaphorique sa condition d’émigrant dans une Europe frappée par les guerres mondiales et la Révolution russe. Ses voyages en France et aux États-Unis ont par ailleurs profondément marqué ses créations, avec l'influence du cubisme et du surréalisme (La Tentation - 1912, ou Nu au-dessus de Vitebsk - 1933). La plupart de ses œuvres sont imprégnées des diverses techniques avant-gardistes européennes et américaines, malgré le fait qu’il n’ait jamais été lié à un quelconque mouvement artistique.

Chagall trouve également dans la Bible une précieuse source d'inspiration, et n'hésite pas à incorporer l’iconographie chrétienne et juive dans ses œuvres. Malgré son esprit optimiste et lumineux, ses peintures deviennent irrémédiablement plus sombres pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Le thème de la crucifixion apparaît dans son oeuvre comme symbole de la souffrance de l'humanité (Apocalypse en lilas - 1945, et Crucifixion en jaune - 1938). Pourtant, l'amour et l'espérance restent présents dans ses créations. Bella, sa muse et première épouse, lui inspira ainsi parmi les plus célèbres et fascinantes de ses oeuvres (L'anniversaire - 1915, et Promenade - 1918).

L'artiste chroniqueur de son temps

On trouve dans cette exposition un Chagall plus intime, avec des peintures qui reflètent ses sentiments face aux événements historiques et à ses préoccupations personnelles. On y retrouve également le Chagall intellectuel en contact avec les diverses formes de création artistique : la littérature avec ses illustrations des fables de La Fontaine et son contact à Paris avec Apollinaire et Mazin. Le théâtre avec ses décors pour les œuvres de Gogol et Aleikhem en Russie. Et la musique, que lui-même définit comme « le moyen de surpasser la souffrance de la mort, de l'exil et de la guerre », symbole de la création divine et humaine.

Survivant de deux guerres mondiales et de la Révolution Russe, Chagall décide de passer ses derniers jours dans un village reculé du sud de la France. À l'âge de 86 ans, il réalise Don Quichotte (1975), présenté à la fin de l'exposition comme une sorte d’épilogue à notre parcours. Une dernière œuvre qui résume parfaitement la vie du personnage : l’image d’un chevalier porteur de liberté et toujours optimiste face à l'adversité, l'antihéros victorieux qui trouve toujours une lumière dans l'obscurité.